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Trump et Zelensky affichent un rapprochement à Washington, mais les divergences demeurent

Accueilli avec chaleur par le président américain, le chef de l’État ukrainien espérait obtenir des garanties solides de sécurité. Si Donald Trump a promis que les États-Unis resteraient « impliqués », il a rappelé ses lignes rouges : ni retour de la Crimée à Kiev, ni adhésion de l’Ukraine à l’Otan.

Donald Trump et Volodymyr Zelensky dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche (Photo White House)
Donald Trump et Volodymyr Zelensky dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche (Photo White House)

Après des mois de tensions, Donald Trump et Volodymyr Zelensky ont affiché une rare cordialité lors de leur rencontre à la Maison Blanche. Lundi soir, sourires et remerciements ont remplacé les piques verbales. Pourtant, derrière ce climat apaisé, la rencontre a mis en lumière les fractures persistantes entre Washington, Kiev et leurs partenaires européens sur la manière de mettre fin à la guerre en Ukraine.

Un ton plus conciliant, mais des promesses floues

Donald Trump s’est engagé à ce que les États-Unis « soient impliqués » dans la sécurité future de l’Ukraine, sans en préciser les modalités. Une promesse qui laisse planer l’incertitude : s’agit-il d’un soutien militaire direct, d’une aide financière ou de simples garanties politiques ? Le président américain a également évoqué l’idée d’une rencontre trilatérale avec Vladimir Poutine, ce qui renforcerait son rôle d’intermédiaire, mais fait craindre, à Kiev comme en Europe, un compromis défavorable à l’Ukraine.

Zelensky, de son côté, a salué l’effort américain tout en insistant sur la nécessité d’une « paix par la force » face à Moscou. Pour lui, seule une pression accrue – militaire, économique et diplomatique – peut contraindre Vladimir Poutine à négocier.

L’Europe en soutien… et en dépendance

La présence à Washington de dirigeants européens – Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen, Keir Starmer, Giorgia Meloni, Friedrich Merz et Alexander Stubb – témoigne de l’importance stratégique de cette rencontre. Mais leur rôle est resté secondaire : observateurs et soutiens, plus qu’acteurs des décisions.

Cette posture révèle une fragilité européenne : malgré son engagement massif en faveur de l’Ukraine, le Vieux Continent reste largement dépendant des choix américains, en matière de sécurité comme de diplomatie. La visioconférence prévue mardi par le Conseil européen vise à coordonner les positions, mais les divergences persistent au sein de l’UE – entre partisans d’un soutien ferme à Kiev et ceux qui souhaitent explorer la voie d’un compromis rapide.

Les lignes rouges de Washington

Trump a rappelé deux points non négociables : pas de retour de la Crimée à l’Ukraine et pas d’adhésion à l’Otan. Ces conditions, perçues par Kiev comme des concessions majeures, s’opposent à la stratégie ukrainienne, qui repose sur la récupération de ses territoires et l’obtention de garanties de sécurité durables.

Pour l’Europe, ces positions américaines posent un dilemme : suivre Washington dans une logique de compromis avec Moscou, ou maintenir une ligne dure au risque de creuser un fossé transatlantique.

Un fragile équilibre diplomatique

Si la rencontre Trump-Zelensky marque une étape vers une communication plus apaisée, elle met surtout en évidence l’équilibre précaire entre trois pôles : la volonté ukrainienne de résister à toute concession territoriale, l’impatience américaine de clore le conflit et l’incapacité européenne à définir une stratégie unifiée.

En filigrane, une question cruciale demeure : l’avenir de l’Ukraine se décidera-t-il à Kiev et Bruxelles, ou sera-t-il largement façonné à Washington et Moscou ?

 

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