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Kadhafi : Le parquet requiert 7 ans de prison contre Nicolas Sarkozy

Dans un réquisitoire sans appel, le parquet a demandé mercredi 27 mars une lourde condamnation contre l’ancien président Nicolas Sarkozy dans l’affaire du financement présumé illégal de sa campagne électorale de 2007 par le régime de Mouammar Kadhafi.

Nicolas Sarkozy alias Paul Bismuth (DR)
Nicolas Sarkozy alias Paul Bismuth (DR)

Des accusations graves

Les magistrats ont requis 7 ans de prison, 300 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité contre Nicolas Sarkozy. L’ancien chef de l’État est poursuivi pour « financement illégal de campagne électorale », « corruption passive », « recel de détournement de fonds publics » et « association de malfaiteurs ».

Le parquet a qualifié le pacte présumé avec le régime libyen de « inconcevable, inouï, indécent », accusant Sarkozy et ses proches collaborateurs d’avoir cherché à obtenir un soutien financier de la part d’un « régime sanguinaire » en vue de l’élection présidentielle de 2007.

Des preuves controversées

L’affaire trouve son origine en 2012, lorsque le site Mediapart publiait une note des services secrets libyens évoquant un versement de 50 millions d’euros au camp Sarkozy. Des déclarations du fils de Kadhafi et de l’homme d’affaires Ziad Takieddine sont venues alimenter les soupçons, notamment concernant la remise de valises de billets au ministère de l’Intérieur.

Les coaccusés également visés

Outre Nicolas Sarkozy, ses anciens collaborateurs sont également dans le viseur de la justice :

  • Claude Guéant : 6 ans de prison et 100 000 euros d’amende
  • Brice Hortefeux : 3 ans de prison et 150 000 euros d’amende
  • Éric Woerth : 1 an de prison avec aménagement possible

Un passé judiciaire chargé

Ce procès intervient alors que Sarkozy a déjà été condamné à un an de prison ferme en décembre dernier dans l’affaire « Paul Bismuth » et à un an d’emprisonnement en février 2024 dans l’affaire Bygmalion.

Le tribunal ne se prononcera pas avant plusieurs mois sur la culpabilité des prévenus. Nicolas Sarkozy, qui conteste fermement ces accusations, porte actuellement un bracelet électronique et s’est pourvu devant la Cour européenne des droits de l’homme.

Groggy, sonné, pressé

Par Frédéric Crotta

Il est sorti de la salle d’audience sans un mot. Groggy. Sonné. Pressé. Il a laissé à ses avocats et à son cabinet de conseil privé le soin de réagir à chaud. Avec toujours la même défense, les mêmes arguments : les charges sont faibles, le dossier est vide et il n’y a eu de la part de l’ancien chef de l’État aucune preuve d’enrichissement personnel.
Lors de cette dernière journée de réquisitions, le procureur du PNF Sébastien le Touanne a justifié cette extrême sévérité par la mise au jour d’un « tableau très sombre d’une partie de notre République ». Et ce magistrat d’égrener les peines requises pour chaque prévenu. Dans un ordre croissant. À commencer par le moins touché Eric Woerth – 1 an de prison demandé-jusqu’à Claude Guéant 6 ans de prison ferme demandé. Pour celui que le ministère public considère « comme le commanditaire de ce pacte de corruption » avec Mouammar Kadhafi le chiffre est élevé : 7 ans de prison ferme requis à l’encontre de Nicolas Sarkozy qui en encourait 10. C’est un coup de tonnerre dans le paysage politique et judiciaire français. Jamais un ancien président n’a été mise en cause de cette manière. Quelques minutes après les déclarations de ses avocats, un communiqué a été diffusé sur les réseaux sociaux avec ces mots de l’ancien président :

« Je veux enfin dire avec force que celui qui est victime de l’injustice est moins à plaindre que celui qui la commet. Le premier défend la vérité. Le second la bafoue. Devant le tribunal de l’Histoire, la place réservée à ce dernier n’est pas la plus enviable. Je la laisse à mes accusateurs ».
L’ancien chef de l’État n’a pas dit son dernier mot. Et a promis d’être combatif. La parole est désormais à la défense qui plaidera le 8 avril prochain.

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