Point-de-vue. C’est fait, le gouvernement Barnier est tombé. La motion de censure a été adoptée ce mercredi par 331 voix (288 étaient requises). Comme pour les trains arrivés en retard, l’ancien cheminot Bernard Aubin analyse ici les causes multifactorielles des incidents. En politique comme sur les rails.
Par Bernard Aubin
Votre train est arrivé en retard. Pourquoi ? Peut-être parce qu’il a lui- même rencontré des problèmes ? Ou parce que d’autres incidents extérieurs se sont répercutés sur sa ponctualité ?
Peut-être un acte de malveillance quelque part sur une autre ligne ou un autre dysfonctionnement a-t-il affecté les circulations et que par le jeu des correspondances, votre train en a fait les frais.
Il est donc important de mettre en regard des minutes perdues l’« événement origine », celui qui fut le point de départ de tous les problèmes… Ce qui est vrai sur le rail l’est aussi en politique. Une motion de censure a provoqué la chute du gouvernement. Mais peut-être faudrait-il chercher les véritables causes de ce désaveu en amont.
Le Gouvernement Barnier vient d’être censuré… pourquoi ?
- Parce qu’il a engagé sa responsabilité sur un budget qui ne pouvait être validé par une majorité de Parlementaires, chacun votant la censure pour des raisons diamétralement opposées.
- Parce que la composition de l’Assemblée Nationale est à l’image de ce qu’est devenue la société française : fracturée, divisée, clivée.
- Parce qu’un président de la République, encore en vadrouille aujourd’hui mais toujours hors sol, a décrété sur un coup de tête la dissolution de l’Assemblée Nationale, entraînant de fait cette situation de chaos.
- Parce que ce choix a été effectué sur un coup de tête vengeur et puéril, notamment suite aux scores sans précédent des parties extrêmes au détriment des structures conventionnelles. Avec pour conséquence de rendre la France ingouvernable.
- Parce qu’Emmanuel Macron, au lieu de rassembler les Français autour de nos valeurs, a constamment pratiqué la division et la casse des institutions pour conforter son règne et satisfaire son égo, écartant les partis modérés et les partenaires sociaux qui régulaient la vie politique.
- Parce que Jupiter, dès son premier mandat, a multiplié provocations et marques de mépris envers son peuple.
- Parce que ce Président a été démocratiquement élu alors qu’au premier tour de son premier mandat, pléthore d’autres solutions étaient possibles. Et pourtant, le risque était bien visible à ceux qui souhaitaient garder les yeux ouverts.
- Parce que les Français ont accordé un blanc-seing à un ancien banquier, bourré de neurones, mais inexpérimenté en politique comme dans la vie. Un homme qui n’avait jamais exercé le moindre mandat local, qui prétendait se placer au-dessus des partis, et qui en dépit de toute prudence, a été placé à la tête du pays.
- Parce que François Hollande a décidé de ne pas se représenter, trahi par ce jeune premier qui aveugla les foules.
- Parce que François Hollande lui-même avait trahi son électorat en faisant voter des lois indignes d’un socialiste, comme la « loi-travail », défavorable aux salariés… Et que ses maladresses, cravates de travers, pluies et autres coups de foudre lui ont collé au pied.
- Parce qu’à l’origine, ce représentant du PS s’était présenté comme la panacée en rupture avec le comportement d’un Président Sarkozy déjà provocateur, peu sociable et parfois hystérique.
- Parce que Nicolas Sarkozy avait été élu à la suite de Jacques Chirac, menant une campagne basique, percutante, démagogique… et aveuglante. Et qu’il affrontait au second tour une Ségolène inconsistante, malgré une « bravitude » affichée.
- Parce que Jacques Chirac, affaibli par la maladie, devait nous quitter… Et laissa sa place encore chaude à celui qui l’avait trahi.
Mais aussi
- Parce que les Français persistent à croire que le budget de la France est un puits sans fond et que nous pourrons indéfiniment vivre ainsi au-dessus de nos moyens.
- Parce que le COVID est passé par là, et que le « quoiqu’il en coûte » et les dérives qui l’ont suivi ont explosé la dette.
- Parce que les budgets de l’État sont en déficit depuis 1974, vu qu’aucun Président n’a eu le courage de remettre en question des dépenses injustifiées et une générosité inconsidérée en faveur du monde entier.
- Parce que la priorité des partis n’est plus la recherche de l’intérêt universel, mais la quête du Pouvoir et/ou le plaisir de voir la tête d’Emmanuel Macron rouler dans la sciure.
- Parce que certains d’entre nous croient encore, comme les Grecs jadis, que le pire ne pourra pas nous arriver. Alors que plus l’échéance de l’effort recule, plus son ampleur sera importante.
- Parce que Michel Barnier était un mauvais Premier ministre, tout simplement ? Pas si sûr. Car définir un équilibre qui satisferait une majorité de députés relève aujourd’hui de la quadrature du cercle. Un problème de math posé dès l’Antiquité, mais dont il a été démontré plus tard qu’il ne trouverait jamais de solution. Et ni lui, ni son remplaçant, ni celui du président de la République ne sera en mesure de trouver une solution consensuelle.
Pour conclure
- Parce que la France est une démocratie, que nous sommes électeurs, et que notre représentation politique s’est construite à l’image de notre société… Fracturée, clivée et pas toujours très pragmatique ni pas toujours très responsable.
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🗣️ « Je ne considère pas que ce soit une victoire, nous avons fait le choix de protéger les Français »
▶️ Après l’adoption de la motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier, @MLP_Officiel est l’invitée du #20H de @GillesBouleau pic.twitter.com/VVS2tJl494
— TF1Info (@TF1Info) December 4, 2024
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🔴🇫🇷ALERTE -Crise politique majeure : le gouvernement #Barnier est tombé. Il fut le plus court de l’histoire de la Ve République. Minoritaire dans les urnes, cette alliance de la droite macroniste et des LR s’effondre au moment où Emmanuel #Macron est plus impopulaire que jamais. pic.twitter.com/VUhzCnD3DV
— Brèves de presse (@Brevesdepresse) December 4, 2024