Le Conseil constitutionnel va-t-il nous surprendre par la décision qu’il doit rendre ce vendredi 14 avril sur la réforme des retraites ? Les ‘’amis’’ de Macron vont-ils juger en droit ou en opportunité ?
La 12ᵉ journée de mobilisation contre la réforme des retraites montre à quel point les Français sont en colère. Une grosse colère qui ne faiblit pas depuis plusieurs mois. Certes, ils s’opposent à la méthode brutale utilisée par le président de la République et sa Première ministre pour imposer la réforme via l’article 49.3 de la constitution, mais plus généralement, les Français expriment un gros malaise dû à la dégradation de la situation économique et sociale du pays.
Covid, Ukraine, inflation
En quelques mois, après la réélection d’Emmanuel Macron à l’Elysée, en mai 2022, la situation s’est brusquement détériorée. Les Français sortaient de trois années de Covid, de confinement, d’angoisse et de contrainte vaccinale. Ils aspiraient à souffler un peu. Mais en février 2022 la guerre en Ukraine est venue ajouter des peurs et des inquiétudes supplémentaires. L’augmentation du prix du gaz, du pétrole et de l’électricité et ses conséquences sur les produits de première nécessité a fini par décourager les plus vulnérables et à créer des fractures béantes entre les classes sociales. Il fallait peu de choses pour créer une situation insurrectionnelle. C’est dans ce contexte explosif que fut discutée la réforme des retraites. Une réforme mal venue, mal présentée, mal ficelée, mal expliquée.
La Macronie conspuée
L’intersyndicale (huit organisations de salariés) a saisi l’occasion pour revigorer ses troupes. Les journées d’actions et de mobilisations, les défilés de plusieurs millions de personnes dans les villes de France n’ont pas fait plier l’exécutif. Macron, Borne, Attal, Dussopt et les autres sont apparus aux yeux des Français plus distants, obtus, hautains que jamais. Ce ne sont plus seulement les institutions qui sont contestées, ce sont les hommes et les femmes de la Macronie qui sont conspués, rejetés, méprisés par la foule.
Manifestation unitaire le 1er mai
C’est donc dans ce contexte très inflammable que le Conseil constitutionnel doit rendre sa décision, ce vendredi. Or, les neuf Sages sont tous les ‘’amis’’ du pouvoir. Car tous nommés par le président de la République, le président de l’Assemblée et le président du Sénat. Il est présidé par Laurent Fabius.
Ces Sages -qui ne sont pas des magistrats professionnels- doivent dire le droit. En l’espèce, nous dire si la loi sur la réforme des retraites adoptée par le 49.3 est conforme en tous points à la constitution. Ou si tel ou tel article seulement est non conforme.
Il peut aussi retoquer totalement la loi pour mettre fin à trois mois de grèves et de manifestations et ainsi ‘’sauver’’ la Macronie afin d’éviter de nouveaux désordres.
Quelle que soit la décision des Sages, les syndicats préparent déjà la suite. Une grande manifestation unitaire, le 1er mai, comme on n’en a pas vue depuis longtemps.
Blocage du Conseil Constitutionnel à Paris a la veille de sa décision sur la réforme des retraites (@tulyppe) #ReformeDesRetraites #greve13avril #manif13avril #Francepic.twitter.com/vcGkHBgSdJ
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Des centaines de manifestants envahissent le siège de LVMH à Paris (@JulesRavel1) #ReformeDesRetraites #greve13avril #manif13avril #Francepic.twitter.com/DiRqKwpo0l
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