Point-de-vue. L’ancien secrétaire d’État au Budget, Christian Eckert, évoque des pistes où chacun prendrait sa part pour réduire l’empreinte carbone. Mais, par manque de courage, dit-il, le gouvernement ne veut pas s’attaquer « aux profiteurs de la crise ».
Par Christian Eckert
Pour faire suite à mes réflexions de ces derniers jours, le gouvernement vient de trancher. Jean Pisani-Ferry, qui a proposé un rapport sur le financement de la transition écologique, vient de se faire renvoyer dans ses buts sur plusieurs points :
- tout d’abord, son idée d’un impôt sur le capital financier détenu par les 10% des plus riches pour faire suite au constat que ceux-là sont de loin les plus gros émetteurs de CO². La justice et l’équilibre des financements nécessaires plaident naturellement pour cela.
- Ensuite, son étude conduit à dire que les besoins de financement conduiraient à une hausse de l’endettement (d’où la précédente suggestion) a fait réagir le plumitif de Bercy qui exclut d’augmenter la dette, même si c’est pour des investissements vertueux.
- Curieusement, le même Ministre défend l’idée de Crédits d’Impôts pour les entreprises qui décideraient d’accomplir simplement leur devoir : réduire leurs émissions de CO². Comme si les Crédits d’Impôts n’alourdissaient pas la dette !
- Le financement serait assuré par un rabot sur les crédits des Ministères. On oublie les annonces dithyrambiques de ces derniers jours, concernant les Milliards promis à la justice, aux dépenses militaires, à l’hôpital, à la SNCF, au plan vélos…
Tout cela montre une absence de sérieux et de courage. La volonté pour que chacun prenne équitablement sa part dans les mutations à conduire n’est à l’évidence pas au rendez-vous. Il est vrai que ce Gouvernement peine à s’attaquer aux profiteurs de crise.