Point-de-vue. L’urgence climatique n’est contestée par personne. Et les objectifs que se fixe la France pour réduire les émissions de CO2 sont louables, reconnaît Christian Eckert, ancien secrétaire d’État au Budget. Pourtant, l’enjeu est planétaire et nécessite une coordination au niveau mondial pour être efficace.
Par Christian Eckert
L’actualité du moment force le débat public à se concentrer sur les questions environnementales. C’est utile.
L’économiste Pisani-Ferry, macronien de la première heure, ayant ensuite pris ses distances, vient de produire un rapport sur les moyens à mettre en œuvre pour assurer le respect des réductions d’émissions de CO² dans la prochaine décennie. Il pointe la nécessité d’endetter le pays, de veiller à répartir équitablement les efforts et suggère de (re)mettre en place une imposition des 10% les plus riches. Tout cela va dans le bon sens, peut-être amendé, critiqué, complété, mais répond à notre obligation d’intégrer les actions pour le climat dans le temps politique et économique.
Une répartition des efforts
Le même jour, Elisabeth Borne précise un peu la vision du Gouvernement sur la planification écologique. Cela reste encore assez général, mais répartit les efforts entre les grands secteurs d’activité et donne des axes quantifiés d’évolutions à conduire. Là encore, l’exercice est intéressant et utile. Il fait vivre le débat et préfigure des lois à venir.
Chacun aura ses calendriers, ses priorités… De formation scientifique, j’ai moi aussi quelques idées : l’hydrogène (comment ?), le nucléaire (ou pas), les transports (leurs prix) … Mais là n’est pas mon propos.
L’urgence climatique n’est plus contestée aujourd’hui. Certains comptent en années, d’autres en décennies, mais plus personne en siècles ! Mais qui peut ici croire qu’une France en phase avec ses objectifs assurera seule l’avenir de la planète ?
Une dimension mondiale
Le défi de la lutte contre le réchauffement climatique est à l’évidence d’une dimension mondiale. Si la France atteint ses objectifs à temps, et même si elle fait mieux et plus vite, et si parallèlement les autres États, en particulier les États-Unis et la Chine, ne font rien ou trop peu, nous continuerons à voir la planète et tous ses territoires courir vers de graves difficultés.
Je suis frappé par le manque de coordination internationale sur l’action climatique. Certes, il y a des COP qui connaissent des succès « divers », des GIEC qui font des rapports précis… Mais si la situation devient si grave et préoccupante, pourquoi n’y a-t-il pas une instance permanente, à l’ONU ou à ses côtés, pour suivre, conseiller et inciter ?
Pour le moins, l’Europe doit plus coordonner ses actions. Certains sujets (l’énergie, les transports internationaux, l’eau, les véhicules du futur…) sont naturellement de son ressort. Espérons que le renouvellement prochain de son Assemblée soit l’occasion de traiter sérieusement ces sujets. Il ne suffira pas de se proclamer vert, de verdir son discours dans un parti moins vert ou même de proposer quelques mesurettes vertes dans un programme classique pour répondre à l’enjeu du climat !
Les efforts français sont indispensables, et vont faire l’objet de débats légitimes. Mais n’oublions pas que la France n’est qu’une toute petite part d’une planète où les frontières nationales ne sont rien par rapport au climat du Monde.
Le rapport de France-Stratégie «Les incidences économiques de l’action pour le climat» vient d’être remis à Elisabeth Borne par Jean Pisani-Ferry.
La taxe carbone des gilets jaunes n’était rien comparée aux mesures fiscales qui attendent les Français.https://t.co/hiK1XX4QNn. pic.twitter.com/Ql3rbgtFFv— Carėne Tardy (@Carene1984) May 22, 2023