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Bayrou dans la nasse…

L’ancien secrétaire d’État au Budget, Christian Eckert, réagit aux annonces de François Bayrou pour trouver 43,8 milliards d’euros en 2026.

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Christian Eckert, secrétaire d’État au Budget

Par Christian Eckert

On peut discuter une à une les propositions de François Bayrou pour le budget de 2026… Cela meuble l’actualité estivale et rebondira à l’automne… Je m’exprimerai sans doute sur l’une ou l’autre des mesures esquissées dans les prochaines semaines, sous réserve qu’elles soient précisées.

Mais trois remarques générales méritent d’être faites avant de discuter en détail de la pertinence de telle ou telle mesure.

Comment en est-on arrivé là ?

En 2017, le déficit annuel du pays avait été ramené autour de 3% (environ 75 Milliards). Huit ans de macronisme plus tard, il a doublé et atteint 150 Milliards. Si le COVID explique une partie du dérapage (une quarantaine de Milliards sur les années concernées) les spécialistes estiment que la cause principale est issue des diminutions de recettes non compensées (allègements de cotisations sociales, fin de la taxe d’habitation, diminution substantielle des impôts pour les entreprises, fin de l’ISF, mise ne place de la « flat-tax » pour les dividendes et les revenus du capital…). Inutile d’être énarque pour comprendre…

Une réduction de 40 Milliards du déficit est-elle atteignable ?

Le Gouvernement de François Hollande auquel j’ai appartenu avait trouvé une situation comparable à son arrivée en 2012. Une politique budgétaire rigoureuse (certains diraient trop), difficile pour beaucoup, a permis de rendre les clefs avec une situation financière assainie. Mais un calcul de coin de table montre aisément que la réduction du déficit fut en moyenne de 15 Milliards d’Euros de 2012 à 2017. On est loin des 40 annoncés pour 2026. Du mandat de François Hollande, les Français ne retiennent aucunement le redressement des comptes publics (par ailleurs non revendiqué). J’affirme ici que 40 Milliards sur un an est hors de portée socialement, et conduira immanquablement à une forme de récession qui plombera les recettes !

On parle d’économies, mais est-ce bien le cas ?

Dire que l’on fait des économies donne un aspect vertueux… Qui pourrait reprocher à un Gouvernement de limiter la dépense de l’argent public issu essentiellement des contributions des citoyens ? Pour autant,

Geler le barème des impôts sur le revenu, c’est directement augmenter les impôts, voire rendre imposables près de 300 000 foyers fiscaux non imposés.
Réduire l’abattement de 10% des retraités en le forfaitisant, c’est imposer plus, une partie d’entre eux.
Plafonner ou supprimer certaines niches fiscales, c’est là encore augmenter les recettes et ne pas diminuer des dépenses.

Outre ces trois préalables à l’analyse des propositions avancées, le Premier Ministre et son Gouvernement devraient savoir que la Constitution donne au seul Parlement le pouvoir de construire et voter un budget. L’automne parlementaire risque de le rappeler brutalement.

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