Une campagne médiatique nationale et même internationale, à l’image de l’influence qu’exerce le personnage. L’ensemble de la presse a choisi d’ouvrir ses colonnes, ses plateaux et ses micros à l’ancien président à l’occasion de la sortie de son livre « Le temps des combats ». Infodujour.fr vous dit tout sur les passages qui manquent dans les 627 pages de l’ouvrage.
De la Libye, il en est évidemment question dans le livre-fleuve de l’ancien Président Sarkozy. Mais seulement pour justifier l’intervention que les pays du « bien » ont entrepris pour destituer Kadhafi le dictateur à « l’esprit dérangé ». Pour saluer aussi le « brillant et fidèle » BHL qui, selon l’auteur, est « bien au-dessus de nombre de ceux qui se prétendent “intellectuels” sans jamais prendre le risque du moindre voyage. »
Devant le tribunal correctionnel de Paris
Pas un mot cependant sur les petits soucis rencontrés en Libye et qui vont conduire l’auteur et ses amis devant la 32ᵉ chambre du tribunal correctionnel de Paris, du 6 janvier au 10 avril 2025. Le parquet financier ayant en effet décidé de renvoyer l’ancien Président pour « « financement illégal de campagne électorale » et « association de malfaiteurs ». Pas moins.
On peut toujours laisser le bénéfice du doute à l’auteur et à son l’éditeur : la décision de justice est tombée quelques jours seulement après l’arrivée du livre dans les librairies. Mais compte tenu de la franchise qui caractérise l’auteur, c’est sans nulle hésitation, qu’en temps et en heure cette nouvelle aurait fait l’objet de quelques pages supplémentaires.
« Le temps des combats » c’est avant tout pour Nicolas Sarkozy l’occasion de rendre hommage à ses proches, à son cercle d’intimes qui l’entoure depuis son arrivée à l’Élysée. L’ancien président excelle dans la distribution de bons points, mais aussi dans le taillage de costards. Auquel évidemment sa garde rapprochée échappe.
À l’exemple de « l’ami de toujours » Brice Hortefeux qui ne s’est pas fait rhabiller pour l’hiver. On sait tout le bien qu’en pense l’ancien maire de Neuilly. Pour remplacer Michèle Alliot Marie au ministère de l’Intérieur – une erreur de casting pour l’ancien Président – celui-ci fait appel à son fidèle conseiller et ami. Tout en omettant de préciser qu’il est aussi son compagnon d’infortune dans le renvoi en correctionnelle du dossier libyen.
Guéant : Section VIP de la Santé
Même traitement pour Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Élysée et ancien ministre de l’Intérieur. Avec toutefois un sérieux bémol dans l’expression des sentiments à son égard.
Pas question de s’étendre ni en bien ni en mal sur ce personnage qui, lui aussi, va devoir à nouveau comparaitre devant des juges à propos du dossier libyen. Il faut dire que le personnage n’est plus trop fréquentable depuis qu’il a visité la section VIP de la prison de la Santé pour une affaire de gros sous, celle des primes en liquide du ministère de l’Intérieur. Une incarcération définitive puisque validée par la Cour de Cassation.
Aveu de Nicolas Sarkozy : entre Claude Guéant et Emmanuelle Mignon ça n’était pas le grand amour. « Elle était très discrète sur ses émotions » précise Nicolas Sarkozy.[…] Cette difficulté à s’ouvrir engendrait parfois une certaine brutalité dans ses réactions. Son inimitié avec Claude Guéant était notoire, comme l’étaient également ses penchants pour une droite trop influencée par ses profondes convictions religieuses »
Seul petit point commun entre les deux : des ennuis judiciaires dans le cadre de la même affaire, celle dite des sondages de l’Élysée. Mais ça, nulle trace dans le livre. Le 22 janvier 2022, un jugement sévère est rendu : Claude Guéant écope d’un an de prison avec dont quatre mois avec sursis. Ce qui lui vaudra d’ailleurs de passer directement par la case prison. Emmanuelle Mignon ne se verra condamnée qu’à six mois de sursis.
Pas une ligne pour Patrick Buisson
S’il y a bien quelqu’un qui ne trouve la moindre place dans ce livre, c’est un autre accusé dans cette affaire : Patrick Buisson avait, lui, été condamné à deux ans de prison avec sursis. Considéré un temps comme un conseiller très proche du président Sarkozy, l’homme ne semble pas avoir marqué l’auteur plus que ça : il ne lui consacre aucune ligne.
À l’origine, peut-être, un peu de rancune : le grand penseur avait une seconde activité : celle d’ingénieur du son. Patrick Buisson avait l’habitude de tout enregistrer, y compris ses réunions avec la Présidence de la République de l’époque. Ce qui, on peut le comprendre, aura le don d’agacer Nicolas Sarkozy qui fera appel à la justice de son pays. En 2014, Patrick Buisson se voit condamné à verser 10 000 euros à Nicolas et Carla pour atteinte à la vie privée.
« Le temps des mises en examen »
Un autre personnage élyséen est totalement sorti de la mémoire de l’auteur. Il s’appelle Franck Supplisson. Ancien conseiller à l’Élysée – il fut aussi proche de Christine Lagarde – l’homme s’est lancé dans les affaires et l’industrie. Mais la justice semble s’être rappelé à son bon souvenir. Il est actuellement mis en examen dans plusieurs affaires.
On aurait aimé en savoir un peu plus sur le personnage de la part de l’ancien Président.
Le 12 septembre prochain, Franck Supplisson devrait connaitre son sort. Il avait été jugé pour prise illégale d’intérêts devant la Cour d’appel d’Orléans et risque pour cela de la prison avec sursis.
Au vu de cet aréopage dont un nombre certain d’affidés ont eu affaire à la justice, pourquoi Nicolas Sarkozy ne consacre-t-il pas un nouveau volume autobiographique au titre tout trouvé : « Le temps des mises en examen »
Contactés, Claude Guéant et Emmanuelle Mignon n’ont pas répondu à nos sollicitations. Interrogé pour connaitre ses impressions, Franck Supplisson nous répondu qu’il n’avait pas lu ce livre.