Les principaux leaders syndicaux, dont Philippe Martinez et Laurent Berger défileront ce jeudi à Albi, dans le Tarn. Comme au 13ᵉ siècle lors de l’hérésie cathare, Albi s’insurge contre la réforme des retraites.
Albi, chef-lieu du Tarn, 49.000 habitants, devient l’espace d’une manif, la capitale de la France en colère. C’est à Albi, en effet, que les leaders des deux plus grandes centrales syndicales ont décidé de manifester, ce 16 février 2023. Philippe Martinez pour la CGT et Laurent Berger pour la CFDT prendront la tête du défilé pour montrer que c’est toute la France qui est en colère. Une colère de plus en plus forte, même dans les villes petites et moyennes. À Albi, à chacune des manifestations contre la réforme des retraites, il y a entre 15 et 20.000 personnes qui défilent dans les rues.
Huit siècles plus tard…
Albi fut, aux 12ᵉ et 13ᵉ siècle, le point de départ de l’hérésie cathare, même si la ville n’a pas été le foyer principal de cette révolte, à la fois contre le dogme du catholicisme romain et de son clergé dépravé et contre l’invasion des Etats du Languedoc par les barons du Nord à la tête desquels le roi Louis IX, dit Saint-Louis, et le sanguinaire Simon de Montfort.
Huit siècles plus tard, les décisions imposées par Paris et par les nouveaux barons du Nord restent toujours aussi impopulaires aux descendants des Cathares. C’est vrai à Albi, mais aussi dans tout le Languedoc qui a eu à souffrir des atrocités des armées du roi de France : à Toulouse, à Béziers, à Narbonne, à Montpellier, à Lodève et ailleurs.
Un roitelet de théâtre
La réforme des retraites est sans doute plus inquiétante dans ces villes petites et moyennes, comme Albi, où l’on voit, chaque jour, des entreprises locales tirer définitivement le rideau, où le chômage devient insupportable, où la misère s’étale au grand jour, où les services publics disparaissent les uns après les autres. Alors, non, la réforme des retraites qui va encore accentuer les inégalités, on n’en veut pas. La réforme des retraites imposée au mépris de la volonté du peuple par un roitelet d’opérette, non, on n’en veut pas. La réforme des retraites, à Albi comme dans bien d’autres villes de France, est ressentie comme une agression envers le peuple, envers les travailleurs, envers la France profonde, celle des Territoires à qui ont ne la fait pas avec quelques envolées lyriques.
Pour imposer son texte, Macron va-t-il rallumer les feux de l’Inquisition, juridiction spéciale créée tout spécialement au 12ᵉ siècle pour combattre l’hérésie cathare ? Les Albigeois sont prêts, une fois encore, à se battre jusqu’au bout. Philippe Martinez et Laurent Berger l’ont bien compris. Voilà pourquoi, aujourd’hui, ils sont à Albi.