Les salariés du journal ont fraîchement accueilli Philippe Carli, directeur du pôle presse du groupe EBRA-Crédit Mutuel, et les membres du conseil d’administration cet après-midi au siège du quotidien à Woippy (Moselle).
« Nous sommes très inquiets. Les gens sont à bout et l’avenir ne laisse présager rien de bon. » L’intersyndicale du Républicain Lorrain* a tenu à exprimer son inquiétude mais aussi sa colère au patron du groupe presse du Crédit Mutuel, Philippe Carli, venu présider en début d’après-midi, un conseil d’administration au siège du journal, à Woippy (Moselle).
Le personnel (environ 400 salariés dont 140 journalistes) refuse d’assister « au démembrement » de l’entreprise comme il l’explique dans les tracts diffusés au personnel, sur les réseaux sociaux, mais aussi devant le portail du journal, ce mercredi 16 octobre 2019, avant les distribuer, dans les jours qui viennent, devant les agences de la banque à Metz et dans plusieurs villes du département. « Nous voulons informer les lecteurs de ce que l’on fait de leur journal » précise l’intersyndicale.
23 départements
A l’origine de ce tohu-bohu, la mise en œuvre d’un vaste plan de restructuration du groupe de presse EBRA (Est, Bourgogne, Rhône-Alpes) appartenant au Crédit Mutuel. Il s’agit de rationaliser la gestion de cet ensemble colossal constitué de neuf journaux quotidiens diffusés sur 23 départements (L’Alsace, Le Bien Public, Le Dauphiné libéré, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, L’Est Républicain, Le Journal de Saône-et-Loire, Le Progrès, Le Républicain Lorrain et Vosges Matin) et de trois hebdos : La Presse de Gray, La Presse de Vesoul et la Tribune de Montélimar.
Cette restructuration a pour objectif « d’alléger les titres des charges fixes », d’atteindre de « meilleures productivités et compétitivité » pour « permettre au pôle presse de rester pérenne » déclarait à la presse Valérie Noël, DRH du groupe au début de l’été.
Le groupe qui a enregistré en 2018 une perte de plus de 113 M€ a présenté aux organisations syndicales, en début d’année, son projet de Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) visant à supprimer 386 emplois (dont 80 au Républicain Lorrain) et, dans le même temps, à embaucher 284 personnes dans une structure prestataire appelée EBRA-Services sur le site de l’Est Républicain à Houdemont (Meurthe-et-Moselle) au 1er janvier 2021.
Une centaine d’emplois seraient donc supprimés. Quant à ceux qui seront créés dans la nouvelle entité, ils ne bénéficieront plus des mêmes avantages en termes de rémunération, de temps de travail et de congés, puisqu’ils ne seront plus protégés par le statut de la PQR (Presse Quotidienne Régionale). Objectif de Philippe Carli : réaliser 9 à 10 M€ d’économies.
« Le profit, le profit… »
D’où le tollé. Et les menaces à peine voilées de la direction : en cas d’échec des négociations, le groupe envisage d’externaliser « les fonctions support » c’est-à-dire les services des studios graphiques, la saisie des annonces légales, la pub, le trafic digital, le service clientèle, la maintenance informatique…
« Inacceptable ! selon l’intersyndicale du R.L. Nous refusons le démantèlement de l’entreprise et la délocalisation à Houdemont. Le Républicain Lorrain deviendra une façade, une édition de l’Est Républicain. Il faut que nos lecteurs le sachent. Le Crédit Mutuel se présente comme ‘’la banque qui assure un avenir’’. C’est de la pub, rien que de la pub. Le Crédit Mutuel n’a qu’un seul objectif : le profit, le profit. L’humain, ils ne savent pas ce que c’est. »
*SNJ, CGT, CFDT, FO, CGC.