Trois hommes, nés en 1931, 1955 et 1965, ont été placés en garde à vue ce mercredi 19 février 25 dans le cadre de l’enquête sur l’affaire Bétharram. Ils sont entendus pour « viols aggravés, agressions sexuelles aggravées et/ou violences aggravées ». Les faits qui leur sont reprochés auraient été commis entre 1957 et 2004 au sein de l’établissement scolaire Notre-Dame de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques). L’annonce a été faite ce mercredi 19 février par Rodolphe Jarry, procureur de la République de Pau.
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Une « énorme libération » pour les victimes
Selon le magistrat, le calendrier des interpellations avait été fixé depuis le 31 janvier 2025, date à laquelle le dossier d’enquête avait été transmis par les militaires de la section de recherches au parquet de Pau pour analyse juridique.
Pour les victimes, cette avancée judiciaire est un tournant majeur. « C’est l’aboutissement de 15 mois de travail et de décennies d’attente. C’est une énorme libération », a réagi Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes de Notre-Dame de Bétharram, au micro de BFMTV.
Un flot de plaintes en augmentation
La suite de la procédure repose désormais sur la désignation d’un juge d’instruction. « Le collectif a déjà reçu 134 plaintes au total, et cela n’arrête pas d’arriver », a précisé Alain Esquerre.
L’affaire Notre-Dame de Bétharram, qui s’étend sur plusieurs décennies, pourrait encore révéler de nouveaux témoignages et de nouveaux éléments à mesure que l’enquête progresse.
Chronologie de l’affaire

Plus d’un siècle de silence brisé dans cette institution catholique des Pyrénées-Atlantiques. L’affaire, qui éclabousse jusqu’au Premier ministre François Bayrou, révèle un système d’abus systémiques sur plusieurs générations d’élèves.
Des premières victimes aux révélations en cascade
L’histoire commence avec Jean-Marie, orphelin admis au pensionnat en 1956. Pendant six ans, il subit viols et agressions sexuelles dans les dortoirs. Sa dénonciation en 1961 se solde par des menaces d’exclusion et un internement psychiatrique, tandis que son agresseur reste impuni.
Les années 1990 : premiers signaux d’alerte ignorés
En 1996, un surveillant est condamné pour avoir causé une perte auditive importante à un élève. Deux ans plus tard, le directeur de l’établissement est accusé de viol. Mis en examen et placé en détention, il est mystérieusement libéré avant de se suicider à Rome.
2023-2024 : l’explosion médiatique
La création d’un groupe Facebook par Alain Esquerre, ancien élève, déclenche une avalanche de témoignages. Les plaintes s’accumulent rapidement : 20 en janvier 2024, puis 76 en avril, pour atteindre 114 en février 2025. Près de la moitié concernent des faits à caractère sexuel.
La controverse politique de 2025
L’affaire prend une dimension politique quand Mediapart révèle que François Bayrou, alors ministre de l’Éducation nationale (1993-1997), aurait été informé de violences dès 1996. Le Premier ministre nie fermement avoir eu connaissance de sévices sexuels et rencontre le collectif des victimes à Pau, annonçant la nomination de Jean-Marc Sauvé pour examiner la situation.
L’institution aujourd’hui
L’établissement, rebaptisé « Ensemble du Beau Rameau », n’est plus géré par la congrégation religieuse depuis 2009. Le pensionnat a été supprimé, et l’école accueille désormais 520 élèves de la maternelle au lycée, tout en restant sous contrat avec l’Éducation nationale.
🔴 Ces personnes ont été placées en garde à vue pour des « viols aggravés, agressions sexuelles aggravées et/ou violences aggravées », selon le parquet.
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Comme quoi, il suffit d’un peu de volonté.pic.twitter.com/Tov96f272P
— Marcel (@realmarcel1) February 19, 2025