Proche-Orient
Partager
S'abonner
Ajoutez IDJ à vos Favoris Google News

Gaza : La guerre détruit aussi l’agriculture

Selon un nouveau rapport de la FAO, la destruction massive des infrastructures agricoles palestiniennes (il reste moins de 5% des terres agricoles utilisables) exacerbe le risque de famine dans le territoire assiégé. Les dégâts sont estimés à plus de 2 milliards de dollars.

Gaza : la famine, une arme de guerre pour Israël (capture ONU)
Gaza : la famine, une arme de guerre pour Israël (capture ONU)

Un système agricole anéanti par les bombardements

L’analyse satellitaire menée par l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) et le Centre satellitaire des Nations Unies (UNOSAT) révèle une situation catastrophique. Plus de 80% de la superficie totale des terres cultivées de Gaza ont été endommagées, soit 12.537 hectares sur les 15.053 que compte le territoire. Seuls 688 hectares demeurent disponibles pour l’agriculture, représentant à peine 4,6% des terres arables.

La destruction touche également les infrastructures essentielles : 71,2% des serres ont été détruites ainsi que 82,8% des puits agricoles. Les gouvernorats de Rafah et du nord sont particulièrement touchés, où « quasiment » plus aucune terre agricole n’est accessible aux agriculteurs.

Une économie agricole en ruines

Avant le début du conflit en octobre 2023, l’agriculture représentait environ 10% de l’économie gazaouie. Plus de 560.000 personnes dépendaient entièrement ou partiellement de la production agricole, de l’élevage ou de la pêche pour survivre. Cette base économique vitale s’est désormais effondrée.

« Les terres cultivées, les serres et les puits ayant été détruits, la production alimentaire locale s’est arrêtée », déplore Beth Bechdol, Directrice générale adjointe de la FAO. La reconstruction nécessitera des investissements massifs évalués à environ 4,2 milliards de dollars, tandis que les dommages et pertes sont chiffrés à plus de 2 milliards de dollars.

L’aide humanitaire insuffisante face à la famine

Malgré la reprise partielle de l’acheminement de l’aide après 11 semaines de blocage total, la situation reste dramatique. Si 400 camions ont été autorisés à entrer par le point de passage de Kerem Shalom ces derniers jours, seuls 115 ont pu être effectivement collectés, et aucune aide n’a atteint le nord du territoire.

« Il s’agit d’un geste symbolique qui ressemble plus à un geste cynique qu’à une véritable tentative de s’attaquer à la crise de la faim », dénonce James Elder, porte-parole de l’UNICEF. Les experts en sécurité alimentaire estiment qu’une personne sur cinq à Gaza, soit 500.000 habitants, risque de mourir de faim.

Des conditions de vie désastreuses

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) signale que ses abris sont « submergés de personnes déplacées ». De nombreuses familles s’abritent dans des bâtiments abandonnés ou dorment à la belle étoile, y compris des enfants et des femmes enceintes.

Les conditions sanitaires se dégradent également, avec parfois des centaines de personnes contraintes de partager une seule toilette. Cette crise humanitaire s’intensifie alors que l’armée israélienne annonce avoir mené plus de 200 frappes en 48 heures dans la bande de Gaza.

Proche-Orient