L’image est hautement symbolique. Le président Trump et le président Zelensky les yeux dans les yeux en marge des funérailles du pape François. Le souffle de l’Esprit Saint va-t-il enfin ouvrir les portes de la paix entre la Russie et l’Ukraine ?
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rencontré ce samedi matin le président américain Donald Trump, à Rome, en marge des funérailles du pape François. Cette entrevue, confirmée par Serguiï Nykyforov, porte-parole du président ukrainien, s’est déroulée peu avant le début de la cérémonie funèbre qui a rassemblé des dizaines de chefs d’État et de gouvernement.
Une image symbolique
Les deux dirigeants, dont les relations se sont tendues ces derniers mois, ont également participé à un échange qualifié de « positif » avec le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer, selon l’Élysée. Des photos partagées sur les réseaux sociaux montrent les quatre hommes réunis dans la basilique Saint-Pierre, une image symbolique alors que l’avenir de l’Ukraine fait l’objet d’intenses tractations diplomatiques.
Cette rencontre intervient dans un contexte de rapprochement manifeste entre Washington et Moscou depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Le président américain a affirmé vendredi soir que la Russie et l’Ukraine étaient « très proches d’un accord« , sans en préciser les contours. De son côté, Vladimir Poutine a évoqué la « possibilité » de « négociations directes » entre les deux pays en guerre, une perspective qui n’a plus été d’actualité depuis l’échec des pourparlers de 2022.

Pressions américaines, inquiétudes ukrainiennes
Donald Trump, qui avait promis durant sa campagne de mettre rapidement fin au conflit, semble déterminé à accélérer le processus de paix. Dans un entretien accordé au magazine Time, il a déclaré que « la Russie gardera la Crimée » et que « Zelensky comprend ça« , faisant référence à la péninsule annexée par Moscou en 2014. Une position fermement rejetée par le président ukrainien qui a réaffirmé que « tous les territoires temporairement occupés appartiennent à l’Ukraine« .
Le président américain a également repris l’argumentaire russe sur les origines du conflit, estimant que « ce qui a fait commencer la guerre, c’est quand les Ukrainiens ont commencé à parler de rejoindre l’OTAN ».
Kiev craint désormais d’être contraint d’accepter des conditions trop favorables au Kremlin, notamment concernant d’éventuelles concessions territoriales. Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a d’ailleurs évoqué à la BBC la possibilité « d’abandonner des territoires » comme « solution temporaire » pour parvenir à la paix, un scénario très clivant dans un pays dont la Russie contrôle aujourd’hui environ 20% de la superficie. Il est vrai que la poursuite des combats pourrait permettre à la Russie de s’emparer de la totalité de l’Ukraine !
L’Ukraine doit renoncer à intégrer l’OTAN
L’émissaire américain Steve Witkoff, devenu l’interlocuteur privilégié du Kremlin, a rencontré Vladimir Poutine pour la quatrième fois vendredi. Plusieurs officiels russes affirment que le dialogue russo-américain progresse de manière positive.
Les négociations se poursuivent dans un climat de méfiance. Kiev et ses alliés européens accusent la Russie de prolonger délibérément les pourparlers en maintenant des exigences maximalistes : le contrôle des cinq régions ukrainiennes dont elle revendique l’annexion, la renonciation de l’Ukraine à rejoindre l’Alliance atlantique et sa démilitarisation.
L’Ukraine, quant à elle, insiste sur des garanties de sécurité militaires solides de la part de ses alliés occidentaux pour dissuader Moscou d’attaquer à nouveau après un éventuel cessez-le-feu.
La rencontre de Rome entre Zelensky et Trump pourrait marquer un tournant dans ces négociations, alors que le président ukrainien doit affronter la réalité d’une dépendance vitale au soutien militaire américain pour résister à l’invasion russe.