Alors que l’Allemagne et la France traversent des crises politiques et économiques majeures, le moteur historique de l’intégration européenne montre des signes d’essoufflement inquiétants qui pourraient fragiliser l’ensemble du projet européen dans un contexte géopolitique tendu, comme m’explique Terra Bellum.
Une paralysie politique des deux côtés du Rhin
En Allemagne, la coalition de Scholz s’est effondrée fin 2024 après un vote de défiance au Bundestag, précipitant des élections fédérales en février 2025. La montée de l’AfD (extrême droite) et la fragmentation politique croissante laissent présager une nouvelle coalition potentiellement instable, dans un contexte de récession économique et de désindustrialisation.
En France, la dissolution de l’Assemblée nationale en 2024 n’a fait qu’accentuer la tripartition politique entre le RN, la NUPES et les centristes. Avec un déficit qui atteint 6% du PIB et une dette dépassant 110%, le pays fait face à une impasse politique et budgétaire qui pourrait perdurer jusqu’à la présidentielle de 2027.
Des divergences croissantes sur les dossiers européens
Les désaccords entre Paris et Berlin se multiplient sur des sujets cruciaux :
- L’accord UE-Mercosur, soutenu par l’Allemagne, mais combattu par la France
- Les investissements européens communs, désirés par Paris, mais rejetés par Berlin
- La politique commerciale face à la Chine, notamment sur les droits de douane
- La place du nucléaire dans la transition énergétique européenne
Un affaiblissement qui profite aux puissances rivales
Cette paralysie du couple franco-allemand survient au pire moment.
Les États-Unis de Trump, la Chine, la Russie et la Turquie pourraient exploiter ces faiblesses pour renforcer leur influence :
- Pression américaine accrue sur les questions commerciales et de défense
- Tentatives chinoises de négociations bilatérales avec les États membres
- Extension de l’influence russe dans les Balkans et le Caucase
- Renforcement du rôle turc comme hub énergétique
Sans un moteur franco-allemand fonctionnel, l’Union européenne peine à avancer sur des dossiers essentiels comme l’union bancaire, l’élargissement ou la défense commune. Cette situation pourrait compromettre durablement sa position dans la nouvelle configuration géopolitique mondiale.