Deux cents personnes se sont réunies ce jour devant la préfecture de Meurthe-et-Moselle à Nancy afin d’exprimer leur soutien à Oumar Dembélé, ressortissant malien faisant l’objet d’une décision administrative d’obligation de quitter le territoire français.
Quelque 200 personnes ont manifesté ce mercredi devant la préfecture de Meurthe-et-Moselle, à Nancy pour éviter l’expulsion d’un jeune malien. Une pétition sur change.org a recueilli environ 40.000 signatures.
Voici ce que l’on peut lire : »
« Oumar Dembélé est un jeune athlète de 20 ans licencié au Nancy Athlétisme Métropole depuis 3 ans. Il est arrivé du Mali et a alors rejoint notre club où il est devenu progressivement un membre emblématique :
- Lanceur de poids doué : il s’est qualifié à deux reprises au Championnat de France et a effectué la 6ème meilleure performance française de sa catégorie en 2021.
- Bénévole sur de nombreuses manifestations et compétitions organisées par le club
- Animateur et encadrant pour les jeunes athlètes du club chaque semaine et les week-ends en compétition, Oumar a également obtenu en juin dernier son CAP Monteur Installations sanitaires et poursuit actuellement sa formation en classe de 1ère Bac Professionnel. Oumar était également en formation pour obtenir son BAFA et poursuivre son investissement auprès des jeunes du club.
Toujours de bonne humeur et prêt à aider, il passait la majorité de ses soirées au stade d’athlétisme pour s’entrainer ou accompagner les plus jeunes, il est parfaitement intégré à la vie de notre club.
À l’heure où les associations ont des difficultés pour fonctionner faute de bonnes volontés, comment expliquer aux enfants de notre club qu’Oumar ne pourra désormais plus les entrainer alors que son seul tort est de ne pas être né français ?
Aujourd’hui en centre de rétention, Oumar risque d’être renvoyé au Mali dès le 28 janvier 2022 (le recours de son avocate a été rejeté). Son pays est en crise grave et il n’y connait plus personne. »
L’avis de la préfecture
Arnaud Cochet, préfet de Meurthe-et-Moselle, tient à rappeler les éléments suivants, qui ont conduit à la prise de la décision contestée.
« M.X, se disant DEMBÉLÉ s’est présenté sur le territoire français en octobre 2018, se disant mineur non accompagné et âgé de seize ans. Il a été pris en charge à ce titre par les services du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, qui ont sollicité une expertise des documents d’identité présentés par l’intéressé dans le cadre de l’évaluation de sa minorité. Il ressort de cette expertise, conduite en janvier 2019 par les services de la police aux frontières, que les documents présentés étaient irréguliers. Il n’était pas possible de délivrer un titre de séjour à Monsieur DEMBÉLÉ, sur le fondement d’un état civil incertain.
En juin 2020, M. DEMBELE, a déposé une demande de titre de séjour en préfecture, faisant valoir son inscription au sein d’une formation professionnelle, sa prise en charge par les services de l’aide à l’enfance et sa volonté de rester sur le territoire. À l’appui de sa demande, il a produit de nouveaux documents d’identité. Ces documents ont fait l’objet d’une nouvelle expertise effectuée par les services de la police aux frontières, qui en a retenu, au vu des anomalies et des éléments contradictoires relevés, le caractère frauduleux. Dans un rapport d’août 2020, le service a en effet estimé que les documents présentaient toutes les caractéristiques d’un faux, au regard de l’article 441-1 du Code pénal. »
Immigration clandestine
Le préfet poursuit : » La fraude documentaire dans le but de se maintenir en France en dépit d’une entrée illégale (sans visa délivré par les autorités consulaires) et de bénéficier, par la présentation de papiers falsifiés, du régime d’accueil des mineurs non accompagnés est caractéristique des filières d’immigration clandestine.
Aussi, une décision administrative portant refus de séjour, obligation de quitter le territoire et fixant le pays de renvoi a été notifiée le 21 janvier 2021 a M. DEMBÉLÉ. Celui-ci a contesté cette mesure auprès du tribunal administratif, qui a rejeté sa requête par jugement du 6 juillet 2021.
Dernièrement, à l’issue du placement en rétention de M. DEMBÉLÉ, le juge des libertés et de la détention en a confirmé la régularité, et a accordé sa prolongation.
À ce jour, seule la présentation d’éléments nouveaux, tels que des documents d’identité authentiques, est susceptible de faire évoluer cette situation qui a fait l’objet de jugements confirmant la décision administrative prise par le préfet de Meurthe-et-Moselle.
Tous ces éléments ont été portés à la connaissance de la délégation qui a été reçue en préfecture ce jour par Julien LE GOFF, secrétaire général.
La lutte contre l’immigration illégale et ses filières demeure une priorité et la fraude, qui consiste à présenter délibérément de faux documents pour bénéficier indûment du régime d’accueil des mineurs non accompagnés pour se maintenir sur le territoire français, ne saurait être tolérée. »