Dans un ouvrage aux arômes subtils, Etienne Gingembre et Mohamed Najim nous disent tout sur les terroirs, les appellations, les cépages et les vignerons de notre beau pays. À déguster sans modération.
Le milieu viti-vinicole fait lui aussi sa révolution. Une révolution tranquille qui macère lentement dans les barriques depuis une trentaine d’années. « Cépages, taille, récolte, cuvaison, commercialisation : tout est bousculé, écrivent Etienne Gingembre et Mohamed Najim dans cet ouvrage intitulé « Quand le vin fait sa révolution » (Éditions du Cerf). Nous assistons à une mutation sans égale depuis 8.000 ans dans l’un des fondamentaux anthropologiques de notre agriculture et de notre culture, de nos savoir techniques et de notre art de vivre. »
Des rouges à boire tout de suite
En parcourant les vignobles de France, Etienne Gingembre a pu constater que « tout change dans l’univers du vin ». Et d’abord, un constat : « Les goûts, les arômes et les tannins sont partout bouleversés ». Question de mode. On ne déguste plus le vin, aujourd’hui, comme il y a trente ans. « Ces grands vins durs, fermés, boisés, finissaient tous par se ressembler » constatent les auteurs. « Ceux-là ont peu à peu disparu ». Les jeunes générations préfèrent désormais des rouges que l’on peut boire tout de suite. Les vignerons ont vite réagi « abandonnant l’amertume pour offrir une palette d’arômes séduisants ».
Le réchauffement climatique
Les auteurs parcourent les beaux et riches terroirs de France abordent bien d’autres aspects de cette révolution viti-vinicole : le réchauffement, bienfait au nord, fléau dans le sud, les jeunes diplômés et les femmes savantes qui envahissent les domaines, l’arrivée des sorciers de la technologie, l’éducation des consommateurs, le renouveau de terroirs déclassés, l’émergence de nouveaux vignobles… Tout a changé.
Bourgogne ou Bordeaux ?
« Avant, nos grands-pères buvaient du rouge qu’ils appelaient du pinard, notent les auteurs…. Après ces temps anciens, leur pouvoir d’achat boosté par les Trente Glorieuses, les Français ont bu les étiquettes. Jusque dans les années 90 on demandait « T’es Bordeaux ou t’es Bourgogne » ? Aujourd’hui, on boit ce qu’il y a dans la bouteille. « On recherche ce qui est bon ».
« Les nouveaux vignerons s’attachent à ce que chacune de leurs cuvées soit différente, unique, remarquable et recherchée pour ses qualités, affirment Etienne Gingembre et Mohamed Najim. C’est une mosaïque viticole étendue à toute la France que la révolution est en train de dessiner. Rien n’est plus comme avant et le meilleur reste à venir ».
Un petit guide des pépites issues de la révolution viticole
L’ouvrage n’aurait pas été complet sans un guide des 100 domaines « à prix doux » conseillés par les auteurs. De l’Alsace au Beaujolais, de la Bourgogne au Bordelais, de la Champagne à la Corse, du Rhône à la Loire, du Sud-Ouest à la Provence en passant par la Lorraine, sans oublier les excellents vins du Languedoc, toute une palette de goûts, d’arômes, de terroirs est ici proposée. Il n’y a qu’à se laisser guider.
Quand le Vin fait sa révolution
de Mohamed Najim & Etienne Gingembre
Editions du Cerf
291 pages, 20 €