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Gilets jaunes : « On ne lâche rien »

Le mouvement des Gilets jaunes a programmé des manifestations à Paris et dans les régions ce samedi 2 mars, mais aussi les 9 et, surtout, 16 mars 2019 avec un grand défilé dans la capitale.

La colère autour de la fiscalité ne débouche pas seulement sur une demande aveugle de baisse des impôts. Serge Goujon / Shutterstock
La colère autour de la fiscalité ne débouche pas seulement sur une demande aveugle de baisse des impôts. Serge Goujon / Shutterstock

En dépit de la sévère répression des forces de l’ordre la colère des Gilets jaunes ne faiblit pas. Des manifestations sont prévues pour ce samedi 2 mars 2019 un peu partout en France pour l’acte 16 du mouvement qui a démarré le 17 novembre 2018. Les Lorrains se sont donné rendez-vous à Bar-le-Duc, dans la Meuse. Mais certains iront défiler à Paris, comme presque tous les samedis. D’autres rassemblements sont prévus à Lille, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Strasbourg…
« On ne lâche rien » confie une Lorraine qui a participé à toutes les manifestations depuis le début et qui, bien souvent, a eu peur d’être blessée ou embarquée au commissariat. « Ce qui se passe dans notre pays est insupportable, dit-elle. Moi, j’ai deux enfants, je ne vais pas manifester pour le plaisir. Je vais dire à nos dirigeants politiques que j’en ai marre de ne pas vivre normalement alors que je travaille depuis que j’ai 16 ans. Je n’y arrive plus. Tout est trop cher. Et dans le même temps, on voit ces salaires faramineux pour quelques-uns. Il y a trop d’injustice sociale en France. De toute façon, moi, je n’ai rien à perdre. »

Répression inouïe

Les manifestations des Gilets ont donné lieu à des débordements en marge des défilés, aussi bien dans la capitale que dans plusieurs grandes villes de France. On a vu ces images tourner en boucle sur les écrans de télé de magasins pillés, de voitures calcinées, de monuments tagués. On a vu aussi les nuages de gaz lacrymogènes, les charges violentes des policiers, les canons à eau et les tirs de LBD, ces lanceurs de balles particulièrement dangereux.
Le bilan (provisoire) est digne de celui d’une guerre. Près de 3.000 blessés dont 1.000 dans les rangs des forces de l’ordre. 18 éborgnés, une dizaine de mains arrachées, des centaines de fractures, des milliers de traumatismes. Du jamais vu depuis la guerre.
Depuis le mois de novembre, ce sont plus de 7.500 personnes qui furent gardées à vue. Le 12 février 2019 à l’Assemblée nationale, le Premier ministre faisait un sinistre décompte : 1796 manifestants condamnés par les tribunaux, près de 1.800 en attente de jugement.
Quant au bilan économique et financier, il est aussi très élevé puisqu’il est estimé à 0,2% du PIB. Ce sont des milliers de commerçants qui ont vu leur chiffre d’affaires en chute libre au moment des soldes d’hiver.

Jusqu’à quand ?

On sait que le point de départ de la contestation se trouve dans l’augmentation du prix du gazole et des taxes que le gouvernement entendait appliquer aux carburants au nom, disait-il, de la transition écologique ! Taxes financièrement insupportables pour une partie de la population qui s’est soulevée pour exiger plus de justice sociale.
Après le cafouillage de l’exécutif pris de court par un mouvement inattendu, sans leader, sans porte-parole officiel, Emmanuel Macron a lancé l’idée d’un Grand débat national. Deux mois de palabres à l’issue desquels le pouvoir décidera des mesures à adopter pour calmer la colère des Gilets jaunes.
Suffisant ? Pas sûr. La fin du Grand débat est fixée au 15 mars. C’est donc le lendemain que les Gilets jaunes ont prévu une grande manifestation à Paris sur deux jours, ce week-end-là.
L’avenir du mouvement se jouera au cours de ces deux journées.

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