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Macron à la télé : Toujours les mêmes recettes !

Que peut-on attendre du discours de Macron ? Nouveau mea-culpa, nouvelle stigmatisation ? Non, tout simplement aveuglement, égo et obstination!

Bernard Aubin,
Bernard Aubin

Par Bernard Aubin

Un simple regard dans le rétroviseur permet d’imaginer les axes du discours qui sera prononcé aujourd’hui par le chef de l’État. Et rien, dans l’expérience passée comme présente, ne permet d’espérer une quelconque évolution de son comportement.

« Ma légitimité »

10 décembre 2018 : Emmanuel Macron, le mea-culpa : « Je sais aussi qu’il m’est arrivé de blesser certains d’entre vous par mes propos. Je veux ce soir être très clair avec vous. Si je me suis battu pour bousculer le système politique en place, les habitudes, les hypocrisies, c’est précisément parce que je crois plus que tout dans notre pays et que je l’aime et ma légitimité, je ne la tire d’aucun titre, d’aucun parti, d’aucune coterie; je ne la tire que de vous, de nul autre ».

Et aussi le report de responsabilité : les méchants, c’est pas nous, c’est les autres : « Nous avons tous vu le jeu des opportunistes qui ont essayé de profiter des colères sincères pour les dévoyer. Nous avons tous vu les irresponsables politiques dont le seul projet était de bousculer la République, cherchant le désordre et l’anarchie. Aucune colère ne justifie qu’on s’attaque à un policier, à un gendarme, qu’on dégrade un commerce ou des bâtiments publics. Notre liberté n’existe que parce que chacun peut exprimer ses opinions, que d’autres peuvent ne pas les partager sans que personne n’ait à avoir peur de ces désaccords ».

Violence et liberté

Macron s’arroge le beau rôle de sauveur de la République face aux effets d’une colère qu’il a lui-même alimentée : « Quand la violence se déchaîne, la liberté cesse. C’est donc désormais le calme et l’ordre républicain qui doivent régner. Nous y mettrons tous les moyens, car rien ne se construira de durable tant qu’on aura des craintes pour la paix civile. J’ai donné en ce sens au gouvernement les instructions les plus rigoureuses ».

15 décembre 2021 : émission sur le bilan quinquennat (TF1-LCI) : nouveau mea-culpa du chef de l’État qui reconnait « beaucoup d’erreurs », avoue voir été « dur et impétueux ». Il ajoute « dans certains de mes propos, j’ai blessé des gens ». Il explique « qu’on peut bouger les choses sans blesser des gens et c’est ça que je ne referai plus parce que, au moment où je l’ai fait, je n’ai pas mesuré que je blessais ». Et pour conclure « j’ai acquis une chose, on ne fait rien bouger si on n’est pas pétris d’un respect infini ».
Des propos à mettre en relief avec la situation conflictuelle actuelle où toute la France se sent profondément blessée par l’imposition brutale d’une réforme très contestée.

La foule illégitime?

22 mars 2023 : selon certaines fuites, Emmanuel Macron aurait jugé que la foule qui se mobilise contre la réforme des retraites n’aurait « pas de légitimité face au peuple qui s’exprime souverain à travers ses élus » (BFM TV). Et d’insister : « l’émeute ne l’emporte pas sur les représentants du peuple ». Il aurait promis de défendre « l’ordre démocratique et républicain » : « en démocratie, ça n’est pas parce qu’un texte passe à très peu de voix qu’il est illégitime ». Avant d’entamer l’amorce d’un nouveau mea-culpa : « s’ouvre une période où il faut apaiser, calmer, retourner sur le terrain et écouter les colères ». Des propos qui, s’ils sont officialisés dans le discours du Président de la République, pourraient être ressentis comme une énième provocation par les Français.

Une ultime provocation

En conclusion, la recette ne change pas, les ingrédients non-plus, les proportions un peu. Macron sauveur de la République, Macron à l’écoute, bientôt Macron contrit, mais surtout Macron sourd et aveugle face à la réalité du terrain et à la colère du peuple qui atteint désormais son paroxysme. Pas sûr que les propos qui seront tenus tout à l’heure par le chef de l’État apaisent les foules, peut-être même au contraire. Ce qui pourrait être interprété comme une ultime provocation pourrait bien mener le pays au chaos.

Macron : voeux 2021-2022
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