Point-de-vue. Premier grave échec du chef de l’État dans sa gestion du conflit sur les retraites. Gonflé d’orgueil, Emmanuel Macron file un bien mauvais coton.
Par Bernard Aubin
Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin, elle se casse. En 2018, Emmanuel Macron avait arrêté sans la moindre concertation les grandes lignes de la réforme de la SNCF. Le Chef de l’État avait ensuite envoyé son gouvernement au casse-pipe, lui assignant deux missions : ne rien négocier et surtout ne rien céder. Il s’était même offert le luxe de ne pas recourir au soutien des syndicats d’accompagnement, un procédé pourtant employé par tous ses prédécesseurs pour mettre de l’huile dans les rouages des diverses réformes. Une question d’orgueil, sans doute, car, comme le disait Corneille : « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ».
Dans l’indifférence de l’exécutif
Le pari contre les cheminots avait été « gagné », malgré des semaines de grève et des millions de voyageurs restés à quai dans la plus grande indifférence de l’Exécutif. Emmanuel Macron espérait qu’une fois ce bastion social affaibli, la voie vers de nouveaux reculs sociaux se trouverait libérée.
C’est donc avec un aplomb qui confère au mépris qu’il a tenté d’élargir à l’ensemble des Français, les mêmes postulats, le même hermétisme, les mêmes stratégies pour réformer les retraites que ceux déclinés cinq ans plus tôt à la SNCF.
Une nouvelle fois, et sans doute pour des raisons identiques, il s’est affranchi du soutien des syndicats d’accompagnement, le jetant de fait dans les rangs des contestataires. Sauf que cette fois, l’enjeu ne concerne pas qu’une entreprise et son personnel, mais tout un pays.
Le 49-3 a rebattu les cartes
À rebours des attentes du gouvernement, l’opposition contre la réforme des retraites n’a pas faibli au huitième jour de manifestation. Au contraire. Non seulement l’effet d’usure n’est toujours pas au rendez-vous, mais les premiers signes de radicalisation d’un conflit, jusque-là parfaitement maîtrisé par les syndicats, commencent à poindre.
Les provocations du gouvernement ont attisé des rancœurs qui dépassent désormais très largement la question des retraites. Et si certains entrevoyaient déjà les dernières mobilisations comme un baroud d’honneur et envisageaient la fracturation du front syndical, le recours au 49-3 a rebattu les cartes. Mieux, il offre un ballon d’oxygène inespéré aux contestataires, par conviction ou par obligation.
Le péché d’orgueil
Comment en est-on arrivé là ? De nouveau, par péché d’orgueil du chef de l’État, trahi par des « alliés » peu pressés de concourir à sa gloriole. Et c’est donc reparti pour un tour vers de nouvelles actions.
Ce qui motive les Français ? Un combat comme une réforme injuste, mais aussi un ras-le-bol général. Bien malin sera celui qui pourra prédire l’issue de ce conflit. Mais une chose est désormais sûre, Macron file un mauvais coton. Le reste n’est qu’une question de temps. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin, elle se casse !
Ce matin en lisant les médias internationaux, c'est la première fois qu'un sujet dépasse le Covid ou l'Ukraine depuis très longtemps. Et c'est MACRON qui a réussit cet exploit ! pic.twitter.com/N1HN1F9fvE
— SILVANO TROTTA OFFICIEL (@silvano_trotta) March 17, 2023