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La grosse bourde du ministre Stanislas Guérini

Émoi chez les organisations syndicales de l’Éducation Nationale : Stanislas Guérini s’est autorisé à faire la publicité de la #réformedesretraites, non-encore promulguée, sur les boîtes mail personnelles des enseignants et des fonctionnaires de la direction des Finances publiques.

Stanislas Guérini, ministre de la Fonction publique (capture d'écran)
Stanislas Guérini, ministre de la Fonction publique (capture d’écran)
Bernard Aubin,
Bernard Aubin

Par Bernard Aubin

Passons sur cette rhétorique aussi fallacieuse qu’habituelle, selon laquelle seul « travailler plus longtemps » permettrait de « préserver le système par répartition ». Idem pour les notions de « justice » voire d’équité constamment rappelées pour justifier l’inacceptable.

Non, le pire est ailleurs : « nous préserverons les spécificités de votre régime de retraite », annonce le Ministre de la Fonction publique dans « sa vidéo » précise : « d’abord, je pense au mode de calcul de vos pensions. Il restera bien entendu fixé sur la base des six derniers mois d’activité ».

Ah bon ? Effectivement, pour les fonctionnaires, les pensions sont calculées sur la base des 6 derniers mois de salaire hors prime. Sauf que l’Éducation Nationale est loin d’être composée que de fonctionnaires. Le personnel contractuel y occupe une part grandissante.

4500 enseignants supplémentaires

En septembre, le Ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye annonçait l’embauche de 4.500 enseignants contractuels supplémentaires, représentant selon lui 6,5% à 8% des effectifs dans le second degré. Ces « salariés jetables », souvent bardés de diplômes et largement sous-payés, constituent une part grandissante dans l’instruction publique.

Selon l’AEF, entre 2015-2016 et 2020-21, le nombre de personnels non-titulaires à l’Éducation nationale a augmenté de 107 243 quand le nombre de titulaires est resté stable. La part des contractuels est passée sur cette période de 14,5 % à 22 %. Soit pratiquement le quart des effectifs à ce jour !

Ce qui signifie qu’un salarié sur quatre n’est pas fonctionnaire. Et que dans ce cas, la retraite n’est pas calculée sur les six derniers mois, mais sur les 25 dernières années !

Une nouvelle provocation

Où est le problème ? C’est tout simplement que le ministre de la Fonction Publique aurait transmis son message vidéo à l’ensemble du corps enseignant, contractuels compris. Ces derniers ont appris à cette occasion que le calcul de leur pension serait « maintenu sur les 6 derniers mois », alors qu’il repose en réalité sur les 25 dernières années !

Grosse bourde ou volonté d’ « équité » et de « justice » tendant à niveler vers le haut les acquis sociaux de tous ? À vrai dire, personne ne croit à la dernière hypothèse. Une bourde de plus qui, dans ce contexte de tension sociale, est ressenti comme une nouvelle provocation par un personnel contractuel qualifié, astreint à la précarité.

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