Le front syndical contre la réforme des retraites entend faire du 5 décembre 2019 une journée de mobilisation contre l’exécutif. Mais après ? Tout est possible… même le pire.
Tout le monde s’attend à ce que la journée du jeudi 5 décembre 2019 soit une journée de galère. Les appels à la grève sont si nombreux qu’il faut s’attendre à une paralysie quasi-complète du pays. Le rail, la route, l’air : rien de fonctionnera normalement.
Des débrayages sont annoncés à la SNCF et à la RATP. Les syndicats de routiers rejoindront le mouvement avec, sans doute, des opérations escargot. De même pour les ambulanciers, les déménageurs, les taxis. Grève annoncée également à Air France pour les pilotes, les stewards, les hôtesses mais aussi les aiguilleurs du ciel.
Le service public ne sera pas en reste. Préavis de grève à l’Education nationale, à l’hôpital public. Les médecins urgentistes, en grève depuis plusieurs mois, seront dans la rue ainsi que les infirmiers. Les pompiers et la police (voir la ‘’dernière sommation’’ des syndicats de police ci-contre) annoncent « des actions ». Les étudiants s’associeront à cette journée. L’immolation d’un étudiant à Lyon, il a deux semaines, a mis en lumière la précarité étudiante.
Convergence des luttes
Plus étonnant, la journée « justice morte » lancée par le Conseil national des barreaux (CNB). A tout cela, il faut ajouter les rancœurs et les ressentiments de tous ceux qui, depuis un an, manifestent tous les samedis avec les Gilets jaunes et qui, eux aussi, sont inquiets pour leur avenir et donc pour leur retraite.
Dénominateur commun de tous ces mécontentements : le système de retraite à points voulu par le gouvernement à compter de 2025. En deux mots, l’exécutif prévoit de fusionner les 42 régimes existants en un « système universel » par points qui se veut plus juste. Si l’intention est bonne, la mise en application est plus délicate. Car chacun se sent berné et perd des avantages acquis de longue date.
D’où la convergence des luttes prônée par de nombreux syndicats. Pourtant, une seule journée de grèves et de manifestations ne suffira sans doute pas à faire plier le gouvernement. D’où l’appel à une grève reconductible annoncée par les organisations syndicales.
1.000 tracteurs à Paris
Quel que soit le succès de la journée du 5 décembre, il y a fort à parier que tout ne rentrera pas dans l’ordre le lendemain. Car le gouvernement n’est pas (encore) disposé à abandonner sa réforme des retraites.
Emmanuel Macron et Edouard Philippe sont inquiets de la tournure des événements. Ils ont fait des concessions pour tenter de désamorcer le conflit qui s’annonce très dur. Sans succès jusqu’à présent.
Un peu partout, la grogne enfle. Même dans les campagnes. Plus de 1.000 tracteurs convergeront vers la capitale, mercredi 27 novembre. Les agriculteurs entendent dénoncer les traités de libre-échange (comme le CETA), les importations distorsives et la récente loi Egalim (pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous).
Jusqu’à Noël
Du nord au sud, de lest à l’ouest, le tissu économique français se disloque. « Il faut recoudre cette France déchirée » exhorte le Président de la République devant le congrès des maires.
Mais n’est-il pas trop tard ? Deux ans et demi après son élection, Emmanuel Macron découvre enfin la dure réalité d’un vieux pays qui s’effondre chaque jour un peu plus sous les coups de boutoir de la mondialisation. Les entreprises ferment les unes après les autres, les emplois disparaissent par milliers, la misère gagne chaque jour du terrain, le flot des migrants vient grossir les rangs des sans-abri…
Dans ce contexte inquiétant, la grogne sociale n’est pas prête de s’éteindre. Les actions prévues le 5 décembre 2019 ont de bonne chance d’être reconduites.
Joyeux Noël quand même.