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Présidentielle : Le coup de blues des macronistes

Et si Macron n’était pas au second tour ? La question peut paraître saugrenue au regard des sondages flatteurs pour le président-candidat. Cependant, une élection n’est pas simplement affaire d’arithmétique. C’est une alchimie très subtile que les algorithmes ne peuvent pas saisir.

Emmanuel Macron devant le Parlement européen (capture)
Emmanuel Macron devant le Parlement européen (capture)

Décidément, cette campagne électorale pour la course à l’Élysée ne ressemble à aucune autre. Elle pourrait réserver de grosses surprises aux soirs des 10 et du 24 avril 2022. En effet, l’élection est loin d’être pliée, comme on voudrait nous le faire croire car, dans cette campagne atypique, tout va se jouer dans les deux semaines qui nous séparent du premier tour.

Pas de débat au premier tour

Voilà un président sortant assuré par tous les sondages de sa réélection : entre 28 et 30% au premier tour selon les sondeurs, entre 54 et 56% au second tour selon le challenger. Grâce à quoi le président-candidat, qui assume aussi depuis le 1er janvier 2022, la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, se préoccupe davantage de son image et de son avenir en Europe et dans le monde que du sort des Français. C’est en tout cas l’impression qu’il donne.
Trop pris par son rôle de médiateur dans le conflit ukrainien, Macron parle régulièrement à Poutine mais pas aux Français. Il a refusé tout débat avec les autres candidats avant le premier tour. Peut-être pour n’avoir pas à défendre un bilan trop peu flatteur ?

Et « la période de réserve » des ministres ?

Emmanuel Macron envoie ses ministres faire le job devant les caméras de télés. Même le Premier ministre, Jean Castex, est allé défendre le programme du candidat à TF1 au mépris de « la période de réserve » qui s’impose depuis le 18 mars 2022 à tous les fonctionnaires, mais aussi aux ministres. Elle correspond à un usage pendant lequel les membres du gouvernement ne doivent pas utiliser les moyens de l’État alors que se déroule la campagne électorale.
D’autres ministres jouent un rôle ambigu comme Gabriel Attal, à la fois porte-parole du gouvernement et porte-parole du candidat Macron quand il s’agit du bilan du président sortant comme du programme du président-candidat. Un mélange des genres malsain.

Le scandale McKinsey

Quant au « projet présidentiel pour la France » d’Emmanuel Macron, il achoppe sur deux points : l’allongement de l’âge légal du départ à la retraite à 65 ans et le conditionnement du Revenu de Solidarité Active (RSA) à une activité de 15 à 20 heures par semaine. Deux mesures qui ont du mal à passer. Comme la hausse du prix des carburants et des produits de première nécessité.
Car au moment où Macron souhaite serrer la vis des Français, on apprend, grâce aux sénateurs, que des cabinets d’influence s’immiscent dans la gestion de l’État.
Des cabinets privés, souvent étrangers comme McKinsey, touchent « un pognon de dingue » pour faire le travail de nos fonctionnaires. On se souvient du conflit d’intérêts qu’il pouvait y avoir entre Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, sollicité pour donner son avis le 5 août 2021 sur l’extension du pass sanitaire et son fiston, Victor Fabius, directeur associé de McKinsey.
Avec cette particularité révélée par le Sénat que McKinsey ne paie pas d’impôt en France !

Une campagne pour CSP+

Voilà sans doute les principales raisons pour lesquelles les Macronistes pur jus commencent à douter d’une victoire facile. Les militants de la République en Marche, estiment que la campagne du candidat Macron est destinée aux CSP+ (catégorie des cadres supérieures et professions intellectuelles) plutôt qu’au peuple, comme le font, par exemple, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou Fabien Roussel.
Et ce sentiment qui veut que Macron est le candidat des riches comme il a été le président des riches est tenace dans l’opinion.
En tout cas, les Macronistes fanfaronnent de moins en moins à l’approche du scrutin du 10 avril. Ils redoutent une forte abstention qui serait fatale à leur héraut. Car en politique, tout peut arriver.

Un meeting-concours à l’Aréna

Par conséquent, le seul meeting du candidat, le 2 avril 2022 à la Défense Aréna à Paris, est capital. Il va se dérouler dans une salle de 30.000 places assises, la plus grande d’Europe. Il serait fâcheux que la salle ne soit pas remplie. Pour éviter les chaises vides, le parti du président-candidat Macron, LREM a trouvé une astuce marketing : organiser un jeu-concours doté de prix pour les militants qui parviendront à convaincre le plus grand nombre de participants, comme le rapporte Le Huffington Post.
Et les meilleurs seront récompensés, comme à la loterie nationale. Les premiers auront droit à « un moment unique et privilégié » après le meeting. Sans doute un aparté avec le candidat-président. Les moins vaillants n’auront droit qu’à une rencontre avec un ministre, à un apéro ou à une remise de 30 € à la boutique du parti.
Le règlement ne dit pas si on aura aussi le droit de donner des baffes au président et aux ministres. Dommage, il y aurait eu beaucoup de monde !

 

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