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Présidentielles 2022 : accord secret entre Macron et Philippe ?

À 13 mois de la présidentielle, après Covid et Gilets jaunes, il est de plus en plus probable qu’Emmanuel Macron ne se représentera pas. Pour barrer la route à Marine Le Pen, le Président va sortir son joker et adouber son ancien Premier ministre.

"Impressions et lignes claires" d'Edouard Philippe et Gilles Boyer (Ed. Lattès)
« Impressions et lignes claires » d’Edouard Philippe et Gilles Boyer (Ed. Lattès) : Tout un programme!

La crise sanitaire a-t-elle rebattu les cartes du jeu politique ? A-t-elle révélé les faiblesses du parti présidentiel, ses erreurs, ses choix hasardeux ? Et l’autre grande affaire du quinquennat, le mouvement des Gilets jaunes, a-t-il laissé des traces indélébiles dans l’opinion au point de peser désormais sur le résultat du scrutin ? Bref, Emmanuel Macron conscient de son impopularité pourrait-il ne pas rempiler et céder la place à Édouard Philippe ?
Réponse dans deux mois, les 20 et 27 juin, à l’issue des élections départementales et régionales. Nous aurons alors une petite idée de ce qui se passera un an plus tard. Nous saurons si le parti présidentiel aura conforté son implantation dans les territoires depuis 2017, s’il est ancré durablement dans le paysage politique ou si, au contraire, La République en Marche ne fut qu’un mirage, une illusion voire une aberration politique.

Quel poids pour EELV ?

Les deux prochains scrutins seront pleins d’enseignements pour les politologues. Car ils indiqueront encore si les écologistes, qui avaient le vent en poupe aux dernières municipales, sont toujours dans une vraie dynamique électorale ou si les âneries répétées des jeunes maires de Lyon, Bordeaux, Strasbourg et Poitiers ont profondément écorné l’image des défenseurs de la Nature.
Autre enseignement à attendre des départementales et surtout des régionales : le niveau de déliquescence de la gauche. A-t-il atteint un point de non-retour ? Le parti socialiste, notamment, est-il en état de désintégration définitive ou conservera-t-il quelques-uns de ses bastions traditionnels ?
Enfin, la droite dite républicaine, est-elle parvenue à se requinquer après sa lourde défaite aux présidentielles de 2017 et après les affaires peu glorieuses qui collent aux basques de ses anciens leaders, Sarkozy et Fillon ?
Quant à l’extrême droite, complètement défaite après le second tour des présidentielles, et ce débat calamiteux de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron, a-t-elle a su se recomposer autour de ses thèmes favoris : la mondialisation et l’immigration qui, il faut bien le dire, lui donnent des raisons d’espérer ?

L’avis des sondeurs

Les sondages se multiplient depuis le début de l’année 2021. Ils se ressemblent peu ou prou. Ils donnent Macron et Le Pen au coude à coude au second tour.
Une enquête Louis Harris pour L’Opinion et Commstrat (cabinet de conseil en communication) prend pour hypothèse une offre électorale représentée par Arnaud Montebourg ou Anne Hidalgo soutenus par le parti socialiste, Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse soutenus par Les Républicains, Yannick Jadot pour EELV, Jean-Luc Mélenchon pour la France Insoumise, Emmanuel Macron pour La République en Marche.
Si au premier tour Marine Le Pen arrive en tête (26%) suivie d’Emmanuel Macron (24%) puis des autres (entre 6 et 16%), au second tour la candidate RN s’effacerait avec 48% contre 52% en faveur de l’actuel président. Mais la marge d’erreur qui existe pour toute enquête d’opinion ne permet pas de valider ce résultat.
Un sondage plus récent de Harris Interactive (mars 2021) donne Macron/Le Pen à égalité (25%) au premier tour, un sondage Ifop donne Le Pen à 28% au premier tour suivie de Macron (24%). Mais l’institut Elabe pour « L’opinion en direct » constate qu’un Français sur deux estime « probable » la victoire de Marine Le Pen.
Enfin, un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche montre qu’aucun candidat de gauche ne peut battre Marine Le Pen

Le Pen présidente ?

Début avril 2021, Arnaud Montebourg est allé plus loin. Dans un entretien au Financial Times, le héraut du Made In France annonce que Marine Le Pen « va gagner l’élection » face à Emmanuel Macron.
L’ancien ministre de l’Économie de François Hollande explique au quotidien britannique qu’Emmanuel Macron représente l’oligarchie mondialiste, qu’il est « détesté parce qu’arrogant ». N’étant pas « un rempart » contre le Rassemblement National, « il est celui qui mettra madame Le Pen au pouvoir » dit-il.
Reste que les jeux sont loin d’être faits. Tous les candidats ne sont pas encore déclarés. L’un d’eux risque de bousculer la donne : Édouard Philippe. Avec son livre « Impressions et lignes claires », tout un programme ! (co-écrit avec Gilles Boyer) l’ancien Premier ministre se chauffe dans les coulisses avant de monter sur le ring. Et lorsqu’il enfilera les gants (de boxe), pour un combat en deux rounds seulement, tous les autres, à droite, déclareront forfait face à un adversaire décidément trop fort.
Ce scénario suppose évidemment un deal secret passé entre Édouard Philippe et Emmanuel Macron qui, sans doute, a renoncé depuis longtemps à se représenter. Plombé par les sondages, détesté depuis l’affaire des Gilets jaunes, discrédité par les nombreuses fautes durant la crise sanitaire, Macron aspire désormais à une carrière internationale plus conforme, sans doute, à ses ambitions jupitériennes.
En tout cas, la politique du monde d’après s’annonce aussi fraîche et joyeuse que celle du monde d’avant.

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