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Gaza : l’aide humanitaire, un piège mortel pour des civils affamés

En l’espace de trois jours, plus de 120 Palestiniens ont été abattus par l’armée israélienne alors qu’ils tentaient d’accéder à l’aide alimentaire. La communauté internationale condamne mollement le génocide, mais de nombreux pays continuent d’envoyer des armes à Israël…

Famine à Gaza : des enfants attendent de la nourriture (Image ONU)
Famine à Gaza : des enfants attendent de la nourriture (Image ONU-UNRWA)

Un bilan meurtrier

Vendredi 18, samedi 19 et dimanche 20 juillet, les bilans s’enchaînent : 10, 26, puis 93 civils tués. Tous cherchaient à se nourrir. Selon les autorités locales de santé, il s’agirait de l’un des week-ends les plus meurtriers pour les demandeurs d’aide depuis le début du conflit il y a plus de 21 mois. L’un des incidents les plus graves s’est produit dimanche, lorsqu’un convoi du Programme alimentaire mondial (PAM), pourtant coordonné avec les autorités israéliennes, a été pris pour cible. Les tirs de chars et de snipers israéliens ont frappé une foule désespérée tentant d’atteindre les camions de vivres.

Une aide inaccessible et dangereuse

Les Nations Unies condamnent et dénoncent une situation hors de contrôle : depuis fin mai, plus de 800 personnes ont été tuées en tentant de récupérer de l’aide. L’ONU alerte sur le fait que l’accès à la nourriture est devenu un acte de survie risqué. Le Secrétaire général António Guterres s’est dit « consterné » et a réclamé un cessez-le-feu immédiat, la protection des civils et la levée de toutes les restrictions sur l’aide humanitaire.

La famine s’installe

Le PAM estime qu’un tiers des habitants de Gaza ne mangent pas pendant plusieurs jours, que 90 000 femmes et enfants nécessitent un traitement nutritionnel urgent, et que les prix des denrées de base explosent — le kilo de farine atteignant parfois 100 dollars. Plus de 100 000 tonnes de vivres sont bloquées à la frontière, faute d’accès sécurisé. « Des gens meurent faute d’aide », martèle l’agence onusienne.

Déplacements forcés et effondrement des infrastructures

Dimanche, Israël a ordonné l’évacuation de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza. Cette zone abritait plus de 50 000 personnes et des infrastructures vitales : entrepôts humanitaires, dispensaires, puits et stations de pompage. Selon l’OCHA (bureau des Nations Unis pour l’aide humanitaire), 88 % du territoire gazaoui est désormais sous ordre d’évacuation ou dans des zones militarisées, compressant 2,1 millions d’habitants dans des enclaves invivables.

Tous complices!

Gaza vit une crise humanitaire d’une intensité extrême. La communauté internationale est appelée à agir, avant que la famine ne fasse encore davantage de victimes que les armes. Et pourtant, de nombreux pays continuent d’envoyer des armes à l’armée israélienne. L’Australie, le Royaume-Uni, l’Italie, le Canada ou encore les Pays-Bas fournissent des armes à Israël. La France affirme ne pas livrer d’armes à l’État hébreu mais le blocage de containers sur le port de Marseille en juin dernier a prouvé le contraire.
Le 12 juin 2025, la Ligue des droits de l’Homme a déposé plainte contre la société Eurolinks, soupçonnée de fournir des maillons pour mitrailleuses à une entreprise israélienne liée à Elbit Systems. En mars 2024, une enquête de Disclose révélait l’envoi de centaines de milliers de pièces de munitions depuis la France, tandis que Mediapart pointait l’opacité autour de 30 millions d’euros d’exportations d’armes vers Israël en 2023.
Le Sipri, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, qui fait autorité en la matière, a publié le 4 octobre dernier un rapport qui indique que Washington et Berlin sont les principaux fournisseurs d’armes de l’État hébreu.
La France et les autres pays peuvent s’émouvoir du sort odieux qui est fait aux Gazaouis, mais ils sont objectivement complices de la politique d’Israël sur la bande de Gaza.

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