Point-de-vue- Que cache la cotisation « de solidarité » pour les hauts revenus ? L’ancien secrétaire d’Etat au Budget, Christian Eckert, explique.
par Christian Eckert
La clarté et l’honnêteté imposent de préciser ce que prévoit le Gouvernement pour les personnes qui ont des salaires très importants. Thomas Piketty et d’autres l’ont évoqué et des précisions peuvent être apportées.
Le Gouvernement se flatte d’imposer une cotisation « de solidarité » aux personnes disposant de plus de 10 000 € de revenus mensuels. Il précise que la cotisation (2.81% des revenus dépassant 10 000 € mensuels) ne donne pas lieux à acquisition de points.
Le Gouvernement oublie de dire deux choses :
• TOUS les cotisants, y compris les plus modestes, paient cette cotisation de 2.81% sans acquérir de points.
• Jusqu’alors les hauts salaires cotisent de façon obligatoire au taux normal jusqu’à 27 000 € par mois et à hauteur de 2.3% au-delà.
On aura donc compris que les personnes que l’on prétend mettre à contribution vont très nettement moins cotiser qu’avant sur leurs revenus entre 10 000 € et 27 000 € (2.81 % au lieu de 28.1 %). Ils cotiseront un tout petit peu plus pour les revenus dépassant 27 000 € (2.81 % au lieu de 2.3 %).
Cette perte de recettes n’est pas chiffrée, mais certains avancent des montants de plusieurs milliards par an !
Le Gouvernement se dédouane en disant que cette baisse de cotisations entrainera pour ces personnes une baisse du nombre de points acquis donc une baisse du niveau de retraite à terme.
Là encore, il oublie de parler du montage qu’il construit méthodiquement : Dans la loi PACTE, il a créé le cadre juridique qui permettra aux assurances privées de proposer des retraites par capitalisation. Il prévoie aussi les avantages fiscaux pour inciter les hauts revenus à s’y précipiter.
La boucle est bouclée… Les propos du Premier Ministre sur sa volonté de maintenir un système par répartition sont pour le moins écornés. C’est une raison de plus pour se mobiliser.