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5 décembre 2019 : ça passe ou ça casse ?

Levée de boucliers contre la réforme des retraites (Flickr)

L’exécutif va-t-il se fracasser sur la réforme des retraites comme d’autres avant lui ? C’est tout l’enjeu de cette journée de grèves et de manifestations.

La France paralysée, la France à l’arrêt, la France dans la rue : Pas besoin d’être grand clerc pour savoir que le 5 décembre 2019 va être une journée de galère.
Pour tout le monde. Pour les millions de salariés du public et du privé qui vont faire grève et, pour certains, battre le pavé pour s’opposer à la réforme des retraites. Pour les usagers des transports puisqu’il n’y aura pratiquement aucun train, métro, avion, taxi, ambulance. Et pour tous les autres dont le train-train quotidien va être sérieusement perturbé.
Les principaux syndicats enseignants ont appelé à la grève dans le premier et le second degré, des appels à la grève sont lancés dans les raffineries, des risques de coupures d’électricité sont annoncés dans les bâtiments publics, la collecte des ordures ménagères pourrait être perturbée dans les grandes villes, sans parler de la grève qui se poursuit dans les hôpitaux, chez les pompiers, dans les commissariats où la colère gronde de plus en plus fort.
Ajoutons, pour faire bonne mesure, la grève dans les prétoires puisque les syndicats de magistrats appellent eux aussi à la grève, tout comme le Conseil national des barreaux.
Ça fait beaucoup de mécontents.

Mal ficelé

Mécontents de quoi ? De cette réforme des retraites qu’aucun gouvernement, jusqu’ici, n’a réussi à imposer.
Emmanuel Macron en a fait une promesse de campagne. Il s’agit de fusionner les 42 régimes existants en un « système universel » par points. Si l’intention est louable, la mise en application plus délicate. Car chacun de ces 42 régimes est le fruit d’une longue histoire et d’avantages acquis de longue date et de haute lutte.
Reste que le projet du gouvernement est mal ficelé. Les syndicats et les organisations patronales considèrent que de nombreux points de la réforme sont encore « extrêmement flous », notamment sur le calendrier, sur l’âge de départ à la retraite… Dans son rapport, le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye préconise une application pour les générations nées à partir de 1963. La réforme doit s’appliquer à compter du 1er janvier 2025.
Pour l’heure, les syndicats refusent le relèvement de 60 à 62 ans l’âge légal de départ à la retraite et de 65 à 67 ans l’âge auquel un salarié n’est plus pénalisé par le système de décote.
L’ennui, c’est que le gouvernement a déjà fixé la fin des négociations autour du 9 et 10 décembre 2019, une présentation du texte en conseil des ministres au début de l’année et un vote à l’assemblée avant l’été 2020.
Dangereuse précipitation.

Toutes les rancœurs

A l’Elysée comme à Matignon, on sent souffler le vent de la révolte. Le gouvernement se dit prêt à transiger. A reculer l’entrée en vigueur de la réforme. Trop tard sans doute.
Car la fronde syndicale agrège désormais toutes les rancœurs et toutes les inquiétudes accumulées depuis longtemps et singulièrement depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Des Gilets jaunes aux hospitaliers, des policiers aux pompiers, des enseignants aux magistrats. Si tous ne seront pas dans la rue, le 5 décembre, les manifestants pourraient être rejoints par les étudiants et par tous ceux qui tirent le diable par la queue.
Ce soulèvement populaire en dit long sur l’état de la France en ce début du 21ème siècle. Un vieux pays qui s’effondre chaque jour un peu plus sous les coups de boutoir de la mondialisation. Qui a perdu son leadership culturel et industriel. Qui voit ses entreprises fermer les unes après les autres, les emplois disparaître par milliers, les services publics fermer dans les campagnes, la misère gagner chaque jour du terrain, le flot des migrants venir grossir les rangs des sans-abri…
La réforme des retraites n’est que le catalyseur de toutes les injustices cumulées. Voilà pourquoi la journée du 5 décembre fait peur à l’exécutif qui n’a pas su prendre la mesure des inégalités criantes qui gangrènent la société.
Ce 5 décembre 2019 pourrait bien marquer durablement l’histoire sociale et politique du pays. Comme en 1995 quand la France a connu trois semaines de grèves.
Le gouvernement Philippe résisterait-il à un tel choc ?

 

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