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Bétharram : François Bayrou sur le grill

Alors que le Premier ministre affirme n’avoir jamais été informé des violences au collège-lycée de Bétharram, plusieurs témoignages et documents remettent en question sa version des faits. Il est entendu ce mercredi par la commission d’enquête parlementaire.

François Bayrou (Wikimedia Commons)
François Bayrou (Wikimedia Commons)

Face à la commission d’enquête parlementaire, ce mercredi, François Bayrou maintiendra n’avoir eu connaissance que de « claques » dans cet établissement où ses propres enfants étaient scolarisés. Retour sur les révélations qui contredisent cette position.

Des signalements dès 1994-1995 ignorés par le ministre

Selon le journal Le Monde, Françoise Gullung, lanceuse d’alerte, affirme avoir effectué plusieurs signalements dès « fin 1994 ou début 1995″. Elle aurait écrit directement à François Bayrou, alors ministre de l’Éducation nationale, puis tenté de l’alerter lors d’une remise de décoration à Pau le 17 mars 1995. « Évidemment, François Bayrou savait », maintient-elle aujourd’hui, contredisant les déclarations du Premier ministre qui a assuré au Point en juillet 2024 : « Jamais, personne, ne m’a alerté sur ce sujet, du moins dans mon souvenir. »

L’affaire médiatisée de la gifle en 1996

Un événement marque un tournant dans ce dossier, en avril 1996 : un parent d’élève, Jean-François Seris, porte plainte contre un surveillant général, Marie-Paul de Behr, pour « coups et blessures volontaires » sur son fils. L’adolescent avait reçu une violente gifle ayant perforé son tympan et avait été contraint de rester une heure et demie dans le froid, en tenue légère, sur le perron de l’établissement.
L’affaire trouve un écho médiatique important, d’autant que le fils du ministre, Calixte Bayrou, est scolarisé dans la même classe que la victime. « Bétharram, le lycée fier de ses châtiments », titre alors Libération, tandis que d’autres parents commencent à témoigner.
Face à cette médiatisation, un rapport d’inspection est diligenté en urgence par le rectorat de Bordeaux. Pourtant, début mai 1996, lors d’une cérémonie officielle, François Bayrou prend publiquement la défense de l’établissement : « Nombreux sont les Béarnais qui ont ressenti ces attaques avec un sentiment douloureux et un sentiment d’injustice. » Il ajoute : « Toutes les informations que le ministre pouvait demander, il les a demandées. Toutes les vérifications ont été favorables et positives. »

La rencontre controversée avec le juge en 1998

En mai 1998, le père Pierre Silviet-Carricart est accusé par un ancien élève mineur de l’avoir régulièrement violé en 1988 alors qu’il dirigeait l’établissement. Le gendarme chargé de conduire le religieux au palais de justice de Pau, Alain Hontangs, a témoigné devant la commission d’enquête parlementaire qu’à son arrivée, le juge Christian Mirande lui aurait déclaré : « La présentation est retardée, le procureur général demande à voir le dossier, il y a eu une intervention de M. Bayrou. »
Le magistrat a confirmé la visite de François Bayrou à son domicile durant cette affaire. Selon lui, le député « n’arrivait pas à croire la réalité » des faits reprochés au père Carricart, « qu’il semblait connaître ». François Bayrou, qui avait d’abord nié cet échange, l’a ensuite présenté comme une rencontre fortuite où ils auraient pu « parler de l’ambiance, de l’établissement, jamais du dossier« .
La propre fille du Premier ministre, Hélène Perlant, a apporté un nouveau démenti à la version paternelle. Dans une émission de Mediapart fin avril, elle raconte : « Je suis là le soir où il rentre de chez le juge Mirande […] il me dit ‘Ne le répète surtout pas, j’ai juré d’être dans le secret de l’instruction’. » Selon son témoignage, son père aurait conclu au sujet du père Carricart : « Il est en prison, qu’il y reste. »

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