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MISTA : la guerre Nancy-Metz relancée ?

Le projet de création à Metz d’une douzième école d’ingénieurs de l’Université de Lorraine réveille-t-il des querelles d’un autre âge ?

Le nouveau bâtiment de l'UFR MIM et futurs locaux de l'école MISTA (photo Factuel, Université de Lorraine)
Le nouveau bâtiment de l’UFR MIM et LEM3, inaugurés le 19 mars 2018 (photo Factuel, Université de Lorraine)

Va-t-on refaire la guerre de la hottée de pommes qui, au 15ème siècle, opposa violemment les seigneurs de Metz et de Nancy ? L’affaire Mista ressemble à cette sombre querelle moyenâgeuse dont on ne sait plus comment sortir.
De quoi s’agit-il ? Le 2 novembre 2016, le conseil du collégium des onze écoles d’ingénieurs de l’Université de Lorraine a voté à l’unanimité (35 voix) la création d’une 12éme école d’ingénieurs sur le site de Metz. Le projet MISTA (Management, Ingénierie, Sciences et technologies avancées) porté par une petite équipe dirigée par Nidhal Rezg, administrateur provisoire, propose un nouveau cursus universitaire sur le Technopole de Metz.

M. Nidhal Rezg directeur de l'UFR MIM
M. Nidhal Rezg directeur de l’UFR MIM

Construite sur la base d’une mutation des UFR MIM (Mathématiques, Informatique, Mécanique) et SCIFA (Sciences fondamentales et appliquées), MISTA se propose de former des ingénieurs en 5 ans, recrutés sans sélection après le bac, avec une période probatoire de 2 ans pour permettre à des étudiants de tous horizons une formation d’ingénieur. Formation en trois langues : français, anglais, allemand.

Un projet cohérent

Dans un « avis d’opportunité » du 16 juin 2016, le collégium voyait « dans le projet MISTA une réelle opportunité de développer ses flux de diplômés dans un contexte de complémentarité avec les 11 écoles existantes, de diversification des flux entrants et de collaboration avec le collégium Sciences et technologie. En ce sens, il est en cohérence avec le projet stratégique de Lorraine INP. »
Avis confirmé deux ans plus tard par la Commission des Titres d’Ingénieurs (CTI) estimant que cette nouvelle école avait sa place « dans la cartographie des écoles d’ingénieurs de l’université Lorraine. »
Tout semblait donc aller pour le mieux, le 19 mars 2018, lors de l’inauguration des nouveaux locaux de l’UFR MIM sur le Technopole, en présence du président de l’université lorraine, Pierre Mutzenhardt. Parrain de l’inauguration, Bernard Charlès, PDG de Dassault Systèmes (éditeur de logiciels spécialisés dans la conception 3D) a jugé utile de soutenir le projet MISTA qui « formera des ingénieurs-managers dans une approche systémique pour préparer l’industrie de demain » dit-il.

Bernard Charlès et Pierre Mutzenhardt inaugurant les locaux de l'UFR MIM (photo Factuel U.L.)
Bernard Charlès et Pierre Mutzenhardt inaugurant les locaux de l’UFR MIM (photo Factuel U.L.)

Les élus montent au créneau

Depuis, plus rien. L’école MISTA pourra-t-elle ouvrir ses portes à la rentrée 2019 ? Cela paraît difficile. Car la création de la douzième école d’ingénieurs de Metz doit être validée par le conseil d’administration de l’Université de Lorraine que préside Pierre Mutzenhardt. Or, le projet semble être bloqué depuis des mois.
A Metz, les élus s’inquiètent et la presse relaie les atermoiements de la présidence de l’Université de Lorraine.
Patrick Weiten, président du Conseil départemental 57, gronde : « Il va sans dire que ce dossier est suffisamment avancé et ne saurait rencontrer d’obstacle objectif à sa concrétisation dans les plus brefs délais, c’est-à-dire à la rentrée 2019/2020. (…) Car je ne peux imaginer que le projet MISTA ne puisse voir le jour ! »
Dominique Gros, maire de Metz écrit au président de l’U.L. « Ce projet a fait l’objet d’un vote à l’unanimité par le conseil du collégium des écoles d’ingénieurs de l’Université de Lorraine, il est donc désormais temps de passer aux actes. Un recul aujourd’hui serait mal accepté, à juste titre, il faut donc avancer pour le bien de tous ».
Richard Lioger, député de la Moselle : « Je sais que le projet patine pour l’heure pour cause de désaccords entre les porteurs du projet et la présidence de l’Université de Lorraine. Et j’espère que cela va se clarifier car, je me répète, c’est un projet intéressant qui doit aboutir ».
Gilbert Krausener, vice-président de Metz-Maétropole chargé de l’enseignement supérieur : « Il faut donc faire MISTA car nous enregistrons un déficit en nombre d’ingénieurs alors que notre terre est industrielle. C’est même urgent car nous ne répondons pas aux besoins. Et puis, ce projet est également intéressant sur son mode de recrutement post Bac qui favorisera, notamment, l’accès à des études d’ingénieur, à de jeunes étudiants issus de milieux plus modestes. Les fils d’ouvriers ne représentent que 5,8 % des ingénieurs. Dans ce domaine, aussi, MISTA apporte des réponses judicieuses ».
Face à cette levée de boucliers, l’Université de Lorraine ne peut rester silencieuse.

L’avis de l’Université de Lorraine

Le projet MISTA est-il enterré ? Pas du tout nous fait savoir l’Université de Lorraine : « Le président (…) réalise des échanges en ce moment avec l’ensemble des communautés universitaires concernées ainsi que ses partenaires territoriaux. Il pourra ainsi s’exprimer à l’issue de ces consultations, le type d’évolution inhérent au projet Mista ne pouvant aboutir qu’à la condition d’être porté par tous les acteurs concernés. Par ailleurs, le président de l’Université de Lorraine œuvre au quotidien pour stimuler et accompagner le développement de l’enseignement supérieur et de la recherche sur tout le territoire lorrain, en Moselle et à Metz en particulier. »
On va donc attendre la fin des consultations.

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