Il s’appelait SMiTU (Syndicat Mixte des Transports Urbains Thionville-Fensch). Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, il s’appelle TEMO (Territoires et Mobilités Moselle Nord). Qu’est-ce que ça change ?
![Bernard Aubin,](https://infodujour.fr/wp-content/uploads/2019/11/bernard-Aubin-twitter.jpg)
Par Bernard Aubin
Changement d’appellation pour un organisme en charge des transports en commun de deux Communautés d’Agglomérations. L’événement a été fêté hier à Yutz, sous les feux des projecteurs, devant un parterre d’élus, de responsables des transports, de salariés, associatifs. Cette évolution sémantique coïncide aussi avec un élargissement du périmètre couvert par l’organisme. Désormais, ce sont 55 communes qui adhèrent à TEMO contre 36 auparavant.
Un nouveau président, « fou » mais pas trop
Rémy Dick, Maire de Florange, a pris la tête du SMiTU en novembre 2023. Une folie en soi tant la barque prenait l’eau de toutes parts : une dette qui avoisinait les 33 millions d’euros, un projet de Bus à Haut Niveau de Service aux itinéraires controversés dont l’addition s’élevait à 300 millions d’euros (contre environ 80 lors des premières estimations), dont il estimait qu’il manquait 100 millions pour le réaliser, mais surtout une qualité de service « Citéline » déplorable : dessertes inadaptées, fonctionnement chaotique, ruptures de correspondances, suppressions de bus ou retards, pénurie de chauffeurs, absentéisme record traduisant un réel malaise social chez le personnel… La cerise sur le gâteau fut sans doute le changement du plan de transport entré en vigueur en 2020, entraînant un chaos et une révolte sans précédent des usagers. Effectivement, Rémy Dick avoue de lui-même laisser émerger un brin de folie de temps à autre. Selon la formule attribuée à Mark Twain « il ne savait pas que c’était impossible, mais il l’a fait ».
![Rémy Dick, maire de Florange, en Moselle (DR)](https://infodujour.fr/wp-content/uploads/2025/02/remy-dick-683x1024.jpg)
Des chauffeurs, mais pas assez de bus !!
Alors que peu de monde aurait parié sur l’avenir du syndicat mixte – Pierre Cuny, Maire de Thionville et Président de l’Agglomération Portes de France Thionville, émettait encore des doutes il y a 2 ans -, le changement de gouvernance à la tête du syndicat lui permit finalement de s’offrir un nouveau départ. Sous l’impulsion de ses nouveaux dirigeants, le syndicat bénéficie désormais du financement indispensable à la réalisation de ses objectifs, la pénurie d’effectifs a été comblée, l’absentéisme a baissé… À tel point que, selon l’aveu de Rémy Dick, « maintenant qu’on a les chauffeurs, on n’a plus assez de bus ! ».
Qu’à cela ne tienne. Plus d’une vingtaine ont été commandés. Une application permet désormais aux usagers d’obtenir en temps réel des informations sur la position de leurs bus. « A condition que le bus ne rencontre pas de problème de connexion », tempéra hier un usager régulier dans les coulisses. Au final, la situation semble s’être améliorée. Même si les propos auxquels les invités se sont laissé aller hier dans les couloirs laissent penser qu’une réelle marge de progrès existe encore.
L’avenir de TEMO
« Le SMiTU est mort, vive TEMO » déclarait hier Rémy Dick. Lors d’une brève rétrospective, il rappela les objectifs qu’il s’était fixés à sa prise de fonction et ceux qu’il reste à mettre en œuvre : restaurer la confiance auprès des partenaires et usagers, rétablir la qualité de service des transports au quotidien et notamment réduire le nombre de correspondances entre origines et destinations. Le Président souligne qu’au total sur 2 ans, ce sont 70 bus qui seront renouvelés. En ce qui concerne la billettique, il est question d’élargir les moyens de paiement de tickets et d’abonnements informatisés pour les rendre accessibles à tous.
Pour ce qui est du plan de transport, Rémy Dick évoque une nouvelle approche « en étoile » qui se substituerait à l’approche « en tubes » actuelle. Un pari aussi audacieux que risqué au regard des conséquences dramatiques de la remise à plat des dessertes en 2020 ! Le dirigeant de TEMO évoque aussi la création de pôles multimodaux à proximité des gares d’Hettange-Grande, Thionville et Uckange. La question de Yutz est à peine effleurée, aux regrets des nombreux habitants présents dans la salle. Quant aux futurs tracés du BHNS, tout semble remis à plat… alors que sa mise en service est programmée pour 2027. « Grâce à l’investissement collectif, nous pourrons envisager ensemble de nouveaux projets » conclut le Maire de Florange.
![Bus Citéline en gare de Thionville (DR)](https://infodujour.fr/wp-content/uploads/2020/09/bus-citeline-gare-thionville-scaled.jpg)
Des Yussois dubitatifs, mais un avenir encourageant
Les Yussois avaient mis les petits plats dans les grands pour fêter la naissance de TEMO dans la salle de spectacle de l’Amphy. Ils ont été déçus de l’absence de références aux projets pour leur ville dans le discours du Président de Temo. Quid de l’itinéraire alternatif proposé par l’équipe municipale pour le BHNS ? Quid du soutien autrefois exprimé en faveur du projet de liaison ferroviaire SAR-LOR-LUX qui permettrait la réouverture de la halte SNCF et la création d’un pôle multimodal, sachant que les infrastructures sont déjà en place ? On nous fera comprendre que les positionnements adoptés sont millimétrés en vue de ménager la susceptibilité des différents pouvoirs politiques ou individualités. Certains Yussois se seraient même opposés à l’évocation officielle des enjeux pour leur Ville !
Examiner les projets locaux
Face à la frustration exprimée par de nombreux Yussois à l’issue de la rencontre, Rémy Dick nous proposa une réunion spécifique pour examiner les projets locaux. Revenant sur la question du tracé du BHNS, il confirma sa position maintes fois exprimée selon laquelle l’itinéraire retenu sera établi en concertation avec les maires « qui décident » au final. Il s’est voulu rassurant quant à la réalisation du projet « on a aujourd’hui les moyens d’investir dans le BHNS, les travaux pourraient commencer dès maintenant, sous réserve d’accord des maires ». « Au-delà de 2026 (NDLR : après la fusion des Communautés d’Agglomérations Portes de France Thionville et Val de Fensch), on devra se renforcer, on a encore du travail à faire. On dispose de la capacité d’autofinancement nécessaire, et l’on pourrait même obtenir des ressources complémentaires, si Thionville était désignée comme ville touristique ».
De 7 à 1 million par km
Le président de TEMO nous confie que la remise à plat de certains volets du BHNS a d’ores et déjà permis de réaliser des économies pouvant atteindre 50 % des estimations initiales. « En 2025, 25 millions ont été dégagés. Ils permettent des investissements dans l’amélioration du réseau actuel et confortent le financement du BHNS » nous confie Rémy Dick. « Avant, le financement de l’itinéraire Basse-Ham Hayange était évalué à lui seul à 150 millions d’euros, soit 7 millions/km. Nos prévisions sont plus proches de 1 million par kilomètre », poursuit l’intéressé qui conclut qu’avec les remises à plat opérées, le coût final du BHNS sera plus proche des 170 millions que des 300 millions annoncés.
Clémence Pouget, Maire de Yutz, se veut rassurante
![Clémence Pouget, maire de Yutz (DR)](https://infodujour.fr/wp-content/uploads/2025/02/clemence-pouget-maire-Yutz-DR-683x1024.jpg)
« En un an, on a connu plus d’évolutions que pendant toute la période passée. Des propositions d’itinéraires sont étudiées en concertation avec TEMO et l’opérateur Keolis. Nous sommes écoutés. Il y a une bonne dynamique, une réelle volonté de dialogue pour faire avancer les intérêts du territoire. Je préfère les négociations discrètes qui aboutissent aux grandes déclarations qui ne sont parfois pas suivies d’effet. Je suis confiante concernant la modification de l’itinéraire du BHNS que nous avons proposée ». Une évolution qui pourrait jeter les bases du pôle multimodal de Yutz… seconde ville de la Communauté d’Agglomération Portes de France-Thionville et quelque peu « oubliée » hier.