Point-de-vue. Elisabeth Borne demande aux syndicats de ne « pas pénaliser les Français ». Mais qui sont vraiment les premiers à les pénaliser ?
Par Bernard Aubin
Est-il responsable, de la part d’un Gouvernement, de s’obstiner à reculer l’âge de la retraite alors qu’une plus juste répartition des richesses, notamment celles dégagées par la productivité, pourrait largement contribuer à maintenir les conditions de départ actuelles ?
Est-il responsable, de la part d’un Gouvernement, d’arrêter les conclusions d’une « concertation » avant même d’avoir estimé à leurs justes valeurs les propositions ou contre-propositions des partenaires sociaux quant aux possibilités alternatives de financement des pensions ?
Est-il responsable, de la part d’un Gouvernement, d’envoyer dans le mur la catégorie des séniors, dont on sait que suite à la réforme, nombre d’entre eux iront pointer à Pôle Emploi en fin de carrière et subiront une réduction mécanique et drastique de leurs retraites ?
Jouer avec le feu
Est-il responsable, de la part d’un Gouvernement, d’ériger en priorité absolue cette réforme des retraites, alors que d’autres sujets essentiels, comme la santé des Français, sont délibérément relégués au second plan ?
Est-il responsable, de la part d’un Gouvernement, de jouer avec le feu sur une poudrière sociale sachant que la casse méthodique des syndicats engagée sous plusieurs mandats a privé la France de ses derniers « pompiers » ?
Est-il responsable, de la part du Gouvernement, alors que l’inflation ne connaît plus de fin et que les inégalités sociales entre riches et pauvres atteignent des sommets, que les divisions entre citoyens s’accentuent, d’agiter un chiffon rouge devant cette société totalement déboussolée ?
Des situations inacceptables
Est-il responsable, de la part du Gouvernement, de qualifier systématiquement d’ « irresponsables » tous ceux qui s’opposent aux reculs sociaux ou dénoncent les situations inacceptables qui perdurent depuis des années et empoisonnent la vie de tous les jours ?
Est-il responsable de sacrifier la stabilité de notre pays et de menacer son économie pour satisfaire une nouvelle fois l’égo démesuré d’un homme, véritable objectif de cette réforme ? Un dirigeant cloîtré dans son orgueil, pétri de technocratie, qui n’aime ni les gens, ni la France.
Est-il responsable, pour un Chef d’État, d’engager la France dans un conflit majeur alors que le contexte mondial est des plus troublés ?
Avec un peu de chance, face à tant d’irresponsabilité, les Français prendront effectivement les décisions utiles et responsables pour ne pas être encore plus « pénalisés ».