À l’origine, tout avait été pensé pour qu’aucun mouvement social d’ampleur ne gâche les fêtes. Mais l’apparition d’un Collectif de Contrôleurs est venue bouleverser la donne.
Par Bernard Aubin
Emmanuel Macron avait pris soin de reporter à janvier 2023 ses annonces sur la réforme des retraites. À la SNCF, malgré la multiplication des turbulences locales en 2022, possiblement annonciatrices d’un conflit national, les principaux syndicats s’étaient bien gardés de jeter de l’huile sur le feu, préférant sans doute éviter des grèves en fin d’année forcément impopulaires, et préférant contenir les rancœurs pour mieux alimenter, le moment venu, la résistance contre la réforme des retraites.
Les syndicats embarrassés
Mais patatras… Voilà que se crée à la SNCF un Collectif de Contrôleurs. Une sorte de méduse sociale qui échappe à tout contrôle, au formalisme habituel, et qui souvent est prête à aller jusqu’au bout… sans souvent savoir où il se situe. A ceux qui s’interrogent sur la position ambivalente des deux syndicats qui maintiennent un préavis de grève sans y appeler, l’explication est là : annuler le préavis risquerait de légitimer et de renforcer un collectif qui ne se reconnaît pas dans les actions conventionnelles. Appeler formellement à la grève en ce moment serait contre productif vis-à-vis de l’opinion publique. Embarrassés, les syndicats concernés se trouvent placés involontairement le cul entre deux chaises.
Des cocktails explosifs
Les soubresauts sociaux qui se sont multipliés localement en 2022 ressemblent aux tremblements de terre qui précèdent les éruptions. Pour l’instant, une coulée de lave à vu le jour. Mais les rancœurs et autres « manques de considération » ressentis à la SNCF comme ailleurs pourraient bien, le moment venu, déboucher sur des mouvements d’ampleurs incontrôlés et incontrôlables. En tout cas, les éléments de ces cocktails explosifs sont bien présents.