Grèce
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Économie française : vers une crise à la grecque ?

Après l’analyse de la crise des subprimes, la semaine dernière, l’économiste Marc Touati dissèque la crise grecque de 2010-2015 et établit un parallèle inquiétant avec la situation actuelle de la France.

Marc Touati
Marc Touati

Que s’est-il réellement passé ? Pourquoi une telle catastrophe ? Comment la Grèce a-t-elle pu sortir de la crise ? À quel prix ? Dans quel état ? Une telle crise est-elle possible en France au cours des prochains mois ? Réponses à toutes ces questions et à bien d’autres dans cette vidéo, graphiques et tableaux explicites, pédagogiques et réalisés sans trucages…

La Genèse de la crise grecque

La crise trouve ses origines dans la manipulation comptable orchestrée par Goldman Sachs à la fin des années 90. Pour permettre à la Grèce d’intégrer l’euro en 2001, cette banque américaine a aidé le pays à masquer ses déficits réels grâce à des opérations de titrisation (transformation des recettes futures en liquidités immédiates). Cette manipulation a permis à la Grèce d’afficher artificiellement un déficit réduit alors qu’aucun véritable effort budgétaire n’avait été réalisé.
Le problème structurel grec était flagrant : l’État ne collectait pratiquement pas d’impôts (seulement 25% du PIB en recettes publiques) tandis que les dépenses explosaient, notamment avec les Jeux Olympiques.

Les quatre étapes de la crise

  1. 2009 – L’aveu de Papandreou : Le nouveau Premier ministre socialiste révèle que le déficit réel n’est pas de 5-6% comme annoncé, mais de 12,5%. Cette révélation provoque une panique sur les marchés.
  2. 2011 – Les premiers sauvetages : Face à l’explosion des taux d’intérêt (jusqu’à 38%), l’UE, la BCE et le FMI accordent 350 milliards d’euros de prêts, remplaçant l’ancienne dette par une nouvelle à des conditions plus favorables.
  3. 2015 – L’arrivée de Tsipras : Le leader de Syriza menace de faire sortir la Grèce de l’euro (« Grexit ») et se tourne même vers la Chine, qui obtient en contrepartie la moitié du port du Pirée.
  4. La résolution : Mario Draghi lance le « quoi qu’il en coûte » européen, la BCE rachète massivement les dettes publiques. Tsipras finit par accepter la rigueur, puis Mitsotakis restaure la confiance à partir de 2019.

Les conséquences dramatiques

  • Le PIB grec s’effondre de 30% entre 2008 et 2013
  • Le chômage atteint 28%
  • Baisse drastique des salaires et retraites (20-30%)
  • Aujourd’hui encore, le PIB grec reste 15,1% inférieur au niveau de 2008

Le parallèle avec la France

Touati établit une comparaison alarmante :

  • Dette grecque : 350 milliards d’euros (3% du PIB européen)
  • Dette française : 3500 milliards d’euros (19% du PIB européen)

Il observe que la France présente aujourd’hui des signaux similaires à la Grèce pré-crise :

  • Plus gros déficit de la zone euro (5,5% du PIB)
  • Taux d’intérêt français désormais égaux ou supérieurs aux taux grecs
  • 54,7% de la dette détenue par des non-résidents

Pendant ce temps, la Grèce et Chypre, anciens « mauvais élèves », affichent maintenant des excédents budgétaires et inspirent plus confiance que la France.

Conclusion

L’auteur avertit qu’une crise « à la grecque » pourrait frapper la France, mais avec des conséquences bien plus graves étant donné le poids économique du pays. Il appelle à tirer les leçons de l’expérience grecque pour éviter un scénario similaire, insistant sur la nécessité de réformes budgétaires urgentes avant qu’il ne soit trop tard.

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