Le « mini-krach » boursier récent soulève des inquiétudes sur l’impact des politiques protectionnistes de Trump et leurs conséquences pour l’économie mondiale, en particulier pour la France et l’Europe. L’analyse de Marc Touati.

La bourse mondiale a connu une forte secousse ces derniers jours suite aux annonces de Donald Trump concernant l’augmentation des droits de douane. Si les marchés se stabilisent progressivement, les interrogations demeurent quant aux conséquences à moyen terme pour l’économie mondiale, et plus particulièrement pour la France.
Un mini-krach boursier aux proportions inquiétantes
Les chiffres sont éloquents : l’indice S&P 500 s’est effondré de 10,7% en seulement trois jours, le NASDAQ a chuté de 11,4% en deux jours. Même les valeurs technologiques habituellement résistantes comme Apple ont subi une baisse impressionnante de 19% en trois jours. Plus surprenant encore, le CAC 40 français a plongé de 12,1% en quatre jours, une chute plus importante qu’aux États-Unis eux-mêmes.
Ces baisses rappellent celles observées lors du début de la pandémie en mars 2020, mais interviennent après une période de forte hausse des marchés : +72% pour le S&P 500 entre octobre 2022 et février 2025. Cette correction était prévisible selon de nombreux analystes, les entreprises étant survalorisées.
Le protectionnisme de Trump, déclencheur de la tempête
Au cœur de cette tourmente se trouve la politique protectionniste mise en œuvre par Donald Trump. Le président américain a annoncé l’application de droits de douane pouvant aller de 10% à 60% selon les pays : 20% pour l’Union européenne, 34% pour la Chine (pouvant même atteindre 104% après surenchère).
Ces mesures visent à réduire le déficit commercial américain et à encourager la relocalisation des entreprises sur le sol américain, notamment grâce à une baisse simultanée des impôts sur les sociétés. Si cette stratégie est risquée, elle était clairement annoncée dans le programme électoral de Trump et pourrait porter ses fruits pour l’économie américaine.
La France et l’Europe, grandes perdantes potentielles
L’analyse des chiffres révèle une réalité préoccupante : les exportations françaises vers les États-Unis représentent 3% du PIB national, tandis que les exportations américaines vers la France ne constituent que 0,2% du PIB américain. À l’échelle européenne, les exportations vers les États-Unis représentent 2% du PIB américain, contre près de 4% du PIB européen pour les importations américaines.
Cette asymétrie place l’Europe et la France en position de faiblesse dans ce bras de fer commercial. Si les mesures protectionnistes américaines pourraient coûter entre 1 et 1,5 point de croissance aux deux parties, les États-Unis partent d’une croissance de 3%, tandis que la France stagne à 0,5%. Une perte d’un point plongerait donc l’Hexagone en récession.
Une économie française déjà fragile
Avant même l’annonce des mesures protectionnistes, l’économie française montrait des signes de faiblesse. L’indice des directeurs d’achat (PMI) place la France parmi les derniers pays avec un score de 48, sous la barre des 50 qui marque la frontière entre croissance et récession.
Le PIB par habitant français a connu un déclassement spectaculaire, passant du 11ᵉ rang mondial en 1980 (devant les États-Unis) au 24ᵉ aujourd’hui. Sur les 30 dernières années, le PIB américain a progressé de 110% hors inflation, contre seulement 55% pour la France.
Quelles perspectives pour les investisseurs ?
Face à cette situation, que doivent faire les investisseurs ? Selon les analystes, il convient de ne pas paniquer et d’adopter une vision à long terme. Malgré les baisses récentes, les marchés restent largement positifs sur plusieurs années : +41,3% pour le S&P 500 depuis octobre 2022, +53% pour le NASDAQ sur la même période.
L’or, qui avait atteint un sommet historique à 3133 dollars l’once, a connu un repli temporaire avant de repasser au-dessus des 3000 dollars. Cette correction pourrait offrir des opportunités d’achat dans les semaines à venir.
Une bonne nouvelle dans ce tableau morose : la baisse des prix du pétrole, qui pourrait limiter les effets inflationnistes des hausses de droits de douane et apporter un peu de souffle à l’économie mondiale.
La croissance mondiale devrait se maintenir autour de 2,5%, avec environ 2% aux États-Unis, tandis que la France et la zone euro resteront entre 0 et 0,5%. Les prochaines semaines seront cruciales pour observer si les négociations commerciales entre grandes puissances permettront d’atténuer les effets de ce protectionnisme ravivé.