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Agriculteurs en colère : L’Exécutif redoute un risque de contagion !

Après l’Allemagne, la Pologne, la Roumanie et les Pays-Bas, les agriculteurs français bloquent les routes dans le Sud-Ouest. Leur mouvement de contestation pourrait s’étendre à d’autres régions et entraîner d’autres mobilisations.

Les paysans sont soutenus par la population (Photo DR)

C’est une Jacquerie dont personne ne sait aujourd’hui jusqu’où elle pourrait aller. L’Exécutif redoute un mouvement incontrôlable, comme celui des Gilets jaunes en 2018, qui pourrait enflammer la France, une fois de plus, à cinq mois des européennes et à six mois des Jeux Olympiques. Et à un mois de l’ouverture du salon de l’Agriculture à Paris. En tout cas, ce qui se passe dans le sud-ouest, a de quoi inquiéter.

Routes et autoroutes coupées

Dans la région Occitanie, les tracteurs sont sortis de leurs fermes pour exprimer la colère du monde paysan. À l’appel de la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles (FRSEA), plusieurs centaines d’agriculteurs ont sillonné les routes de la Région, provoquant des embouteillages monstres.
Mardi, 16 janvier 2024, 400 ou 500 engins agricoles étaient à Toulouse, soutenus par plusieurs milliers d’agriculteurs venus de tous les départements d’Occitanie, mais aussi par de nombreux Toulousains. Ils ont fait une démonstration de force et promis de nouvelles actions si leurs revendications n’étaient pas prises en compte à la fois par Paris et par Bruxelles. Et pour montrer qu’ils ne plaisantaient pas, les tracteurs, chargés de fumier, sont allés bloquer le périphérique, puis d’autres routes et autoroutes. Jeudi, ils ont bloqué la RN20 en Ariège et l’A64, qui relie Toulouse à Bayonne. Vendredi 19 et samedi 20 janvier, ils sont toujours mobilisés et ont annoncé « un blocus illimité » tant qu’ils ne seront pas reçus par le Premier ministre Gabriel Attal.

Des revendications sectorielles

Que réclament les agriculteurs en colère du Sud-Ouest ? Leurs revendications sont assez disparates, mais toutes ont un dénominateur commun : des revenus en berne qui ne permettent plus, notamment aux jeunes, de vivre décemment sur l’exploitation.
Dans le Sud-Ouest plus qu’ailleurs sans doute, la sècheresse affecte l’agriculture. Un éleveur de Haute-Garonne explique à la presse locale que les céréales manquent pour nourrir ses vaches. « L’été dernier, dit-il, j’ai récolté trois tonnes de maïs sur 7 ha contre 35 à 40 tonnes habituellement ». Conséquences : il ne peut plus nourrir ses animaux et se voit obligé de vendre une partie du cheptel.
« Je n’arrive pas à sortir un SMIC de mon exploitation » constate un autre agriculteur du Gers.

« On veut vivre de notre métier »

Pour tous, la hausse du prix de l’énergie engendre une hausse des charges de production (prix des aliments pour bétail et de tous les produits phytosanitaires), associée à la baisse des prix de vente des produits agricoles : lait, viande, céréales, sous la pression des industriels et de la grande distribution, place les paysans français dans une position intenable.
Ajoutons à cela l’inflation des normes environnementales, c’est-à-dire les contraintes imposées aux agriculteurs pour produire dans des conditions écolo-compatibles : taxe sur la pollution, réduction des engrais, suppression de certains pesticides qui sont autorisés dans les pays concurrents (Amérique du Sud, Espagne, etc.) concurrence déloyale (comme les produits venant d’Ukraine), sans parler des aides agricoles qui tardent à être versées aux agriculteurs ou qui sont supprimées.
Et, pour couronner le tout, plusieurs maladies viennent frapper les élevages : la grippe aviaire qui décime les élevages de canards et d’oies, la maladie hémorragique épizootiques (MHE) qui touche les élevages de bovins. Il y a de quoi être en colère. « Nous, on veut vivre de notre métier, rien de plus » explique un agriculteur pyrénéen.
Sera-t-il entendu ?

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