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Francis Demange photographe du vent, du soleil et de la mer

L’odyssée de Bertrand Piccard et de son avion Solar Impulse et d’Alain Thébault sur son Hydroptère est racontée au Futuroscope de Poitiers par les superbes photos de Francis Demange et les textes d’Hervé Bonnot. Jusqu’en janvier 2021.

Exposition photos geantes Futuroscope Le photographe Francis Demange entre ses "Saventuriers" Bertrand Piccard et Alain Thebault en mai 2018.
Le photographe Francis Demange entre ses « Saventuriers » Bertrand Piccard et Alain Thebault en mai 2018.

Deux hommes, deux exploits. L’un sur terre, l’autre sur l’eau. Bertrand Piccard aux commandes du Solar Impulse fait le tour du monde sans carburant en 2016. Alain Thébault franchit en 2009 la barre mythique des 50 nœuds sur son Hydroptère, un trimaran équipé de ‘’foils’’, des ailes aquatiques. Objectif unique : libérer la planète des énergies fossiles. La rencontre entre les deux aventuriers était inéluctable. Elle a été favorisée par Francis Demange, photojournaliste nancéien qui donne à voir une superbe exposition photographique au Futuroscope de Poitiers « L’oiseau des mers et l’oiseau solaire. Les odyssées croisées. 56 photos géantes. Jusque début 2021 ». Entretien avec l’auteur *.

Quelle est l’histoire de ces photos et de cette exposition exceptionnelle au Futuroscope de Poitiers ?
-C’est une longue histoire. J’ai rencontré pour la première fois Alain Thébault, skipper de l’Hydroptère, en 2001 à Saint-Nazaire alors que je faisais un reportage avec le rédacteur en chef de l’agence Gamma, Etienne Collomb. J’ai découvert l’homme et son bateau, encore en chantier. Un bateau qui vole littéralement sur l’eau grâce à un système de ‘’foils’’ déployés à l’aide de vérins. Le bateau est au-dessus de l’eau. Il franchit le mur du vent à 50 nœuds. J’ai suivi son épopée jusqu’en 2013.

-Et Bertrand Piccard ?
-J’ai rencontré Bertrand Piccard en 2004. C’était, là encore, à l’occasion d’un reportage pour Gamma avec Alexie Valois, journaliste au magazine de l’agence. Je devais photographier la maquette du Solar Impulse au salon de Genève. J’ai fait une photo qu’il a trouvée sympa. Je lui propose de le suivre dans son aventure. Il accepte.
De mon côté, j’ai été licencié économique de Gamma en 2009 comme mes 13 de mes confrères photographes, après avoir travaillé pendant 17 années à l’agence. Je suis alors devenu indépendant. Je décide de suivre les deux aventuriers mais je sais que Bertrand Piccard et Alain Thébault ne se connaissent pas. Je provoque la rencontre qui aura lieu à Lausanne chez Bertrand Piccard en 2013 C’était mon but pour conclure mon histoire et leur faire découvrir leur objectif commun en quête des nouvelles énergies de transports écologique.

– Il s’agit pourtant de deux expériences distinctes…
-En effet. Bertrand a battu son premier record en 2010 avec son avion solaire, Solar Impulse, construit avec son compatriote suisse André Borschberg. Le premier vol de 26 heures sans aucun carburant autre que l’énergie solaire date du 8 juillet 2010. Il projette de faire un tour du monde avec Solar Impulse II en 2015. De son côté Alain projette de traverser le Pacifique avec son Hydroptère. L’un et l’autre doivent s’arrêter à Hawaï.

-Restait le plus difficile : réussir des clichés à la mesure de ces deux exploits…

L'avion solaire salue la lune (Photo Francis Demange)
L’avion solaire salue la lune (Photo Francis Demange)

-C’est fut une belle aventure aussi. J’ai suivi Bertrand Piccard et Alain Thébault pendant une douzaine d’années. Je voulais montrer leur vie de pionnier. L’un fait voler son bateau sur l’eau, l’autre son avion grâce au soleil. J’ai voulu photographier des symboles. Par exemple le Solar qui passe devant la lune. Une série de photos pour montrer que l’avion solaire vole même de nuit. Je l’ai faite depuis un hélico, en prenant quelques risques. Autre photo symbolique : le Solar au-dessus de la Statue de la Liberté à New-York. C’est magique.
Quant à l’Hydroptère, j’ai été obligé de m’approcher au plus près de cet engin fabuleux pour montrer l’effet de vitesse.

-Pourquoi le Futuroscope ?
-Il fallait une expo pour raconter les deux histoires. Qu’y a-t-il de mieux que le Futuroscope qui reçoit plus de deux millions de visiteurs par an ? Mon projet a été retenu. Des photos au format géant de 1,80 m X 2, 40 m. Et six photos panoramiques 1,70 m X 3 m sur tirage de haute qualité. L’inauguration a eu lieu le 9 février 2019 en présence de Bertrand Piccard et d’Alain Thébault. Elle est ouverte jusqu’en janvier 2021.

-Un livre ?
-Oui, avec Hervé Bonnot. Il est en préparation aux Editions La Martinière. Il doit sortir pour les fêtes de Noël 2019. On y découvrira toutes les étapes de ces deux aventures littéralement extra-ordinaires.

Propos recueillis
Par Marcel GAY

30 ans de photojournalisme

Francis Demange raconte l’actualité depuis plus de 30 ans avec ses photos. Il a couvert les grands événements de la planète pour Match, VSD, le Fig Mag et bien d’autres encore.
Francis a été récompensé par une kyrielle de prix dont celui du Festival international du Scoop à Angers en 2002, 2004, 2005 et 2007, de la médaille d’Argent du China international Press Contest (CHIPP) de Shenzhen en 2006. Il a obtenu une Mention spéciale au prix Science 2010 du 25ème Scoop d’Angers. « Solar Impulse a décroché la lune » et « le prix photo de l’Enquête scientifique 2011 » au Festival européen du journalisme du Scoop Grand Lille.

Plus loin

www.francisdemange.net

L’oiseau des mers et l’oiseau solaire

Naviguer sur l'Hydroptère

Naviguer sur l’Hydroptère offre des sensations inédites. Comme cette impression de se trouver sur un tapis volant. La difficulté pour les ingénieurs est de combiner vitesse et robustesse. Sa conception, qui privilégie la rapidité, le rend fragile. Construit en fibre de carbone et titane, l’engin ne pèse que sept tonnes. Tel un oiseau de cristal, ce bijou de technologie qui flirte avec les hautes performances manque de se briser à chaque instant.

Alors qu'il file à la vitesse d'un hors bord, l'Hydroptère est incroyablement silencieux. C'est le photographe Francis Demange qui insistera pour que l'engin frôle au plus près l’embarcation à partir de laquelle il réalise ses clichés. C'est au moment de cette prise de vue que l’homme d’images prendra conscience de la puissance incroyable du bolide.

Alors qu’il file à la vitesse d’un hors bord, l’Hydroptère est incroyablement silencieux. C’est le photographe Francis Demange qui insistera pour que l’engin frôle au plus près l’embarcation à partir de laquelle il réalise ses clichés. C’est au moment de cette prise de vue que l’homme d’images prendra conscience de la puissance incroyable du bolide.

Solar Impulse 2 le plus grand avion solaire

Le Solar Impulse 2 (HB-SIB) est le plus grand avion jamais construit pour une masse aussi faible. Son envergure de 72 mètres est supérieure à celle d’un Boeing 747 Jumbo Jet (64 mètres, tout comme le Solar numéro 1) pour le poids d’une voiture : 2300 kilos. Ces caractéristiques lui permettent de réduire la résistance à l’air ou «force de trainée » et d’offrir une surface maximale aux cellules solaires.

Solar Impulse 2 au-dessus de la statue de la LIberté

Le 11 juin 2016, l’avion expérimental boucle la 14ème étape de son périple autour du globe et, à son arrivée à New-York, salue la Statue de la Liberté. Bertrand Piccard redécollera de New-York le 20 juin direction Séville en Espagne où il atterrira le 23 juin 2016 au terme d’un voyage de 6 272 kilomètres au-dessus de l’océan Atlantique, près de 89 ans après la traversée historique de Charles Lindberg. L’Histoire retiendra d’ailleurs qu’il s’agit cette fois du premier vol transatlantique d’un aéroplane capable de voler sans carburant.

Bertrand Picard aux commandes de son appareil

A bord du cockpit, l’espace restreint nécessite une excellente organisation. Le pilote doit ainsi se nourrir d’aliments en tubes et faire ses besoins dans un récipient de toilettes caché sous son siège. La gestion du sommeil nécessite une grande attention. Afin de récupérer, Bertrand Piccard a ainsi recours à l’autohypnose qui lui permet de s’endormir par phases de 20 minutes, pour une durée de sommeil totale de deux à six heures par jour. « On peut s’allonger complètement quand le pilote automatique est en marche, qu’il n’y a pas de turbulences et qu’on n’est pas au-dessus d’une zone peuplée. Des alarmes nous préviennent en cas de danger. » André Borschberg fait quant à lui appel à des techniques de yoga.

Alain Thebault sur son Hydroptère (Photo Francis Demange)

Alain Thébault, skipper et concepteur de l’Hydroptère, ne manque pas de ressort. Comme il le prouve ici lors de la campagne d’essais pour la traversée du Pacifique à la Seyne-sur-mer (Var) en mai 2012. Combatif et éternel optimiste, sa persévérance lui a permis de transformer son rêve en réalité. En complément de l’aide fournie par différents sponsors, il est allé jusqu’à vendre sa propre maison pour financer son projet.

Le petit frère de l'hydroptère (photo Francis Demange)

Le petit frère de l’Hydroptère

C’est en Juillet 2015. Alors qu’il se trouve à quai à Honolulu dans l’archipel hawaïen après avoir franchi le Pacifique à la barre de son trimaran, qu’Alain Thébault imagine un véhicule écologique destiné à changer nos modes de déplacement sur les lacs, rivières, fleuves, à la campagne comme au cœur des villes. L’engin, qui naviguerait lui aussi grâce à un système d’hydrofoils – ces lames qui permettent de s’élever au-dessus des flots – serait une solution contre la pollution et les embouteillages.

 

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