La société de biotechnologies végétales créée à Vandoeuvre-lès-Nancy, extrait les molécules rares des plantes pour les marchés cosmétiques, pharmaceutiques et agrochimiques. Rencontre avec son P-DG, Jean-Paul Fèvre.
« Je suis un paysan de la molécule ». Jean-Paul Fèvre, le patron de la société PAT (Plant Advanced Technologies) dirige une entreprise qui développe des technologies uniques au monde en exploitant les performances des végétaux. Car les plantes recèlent, dit-il, des propriétés insoupçonnées.
Tout a commencé en 2005. A 50 ans, après un brillant parcours professionnel qui l’a conduit à des postes de responsabilités dans de grands groupes pharmaceutiques, agrochimiques ou semenciers (Sanofi, Euralis) cet ingénieur en agriculture formé à Lille décide de « monter sa boite », en développant la technologie des « plantes à traire » de l’INRA de Nancy. Avec deux chercheurs de l’ENSAIA, Frédéric Bourgaud et Eric Gontier, Jean-Paul Fèvre se lance dans l’aventure.
Les principes actifs
Les plantes à traire ? Il s’agit d’un procédé innovant qui consiste à stimuler les plantes pour récolter des substances naturelles. Les racines poussent à l’air libre. Elles sont enveloppées d’un brouillard qui les nourrit et stimule leurs défenses. « Il s’agit alors de récupérer les principes actifs des exsudats qui, dans la nature, les protègent des agressions (insectes, champignons etc.) ».
Voilà pour la théorie même si, dans la pratique, c’est un peu plus compliqué. La société PAT a commencé à se développer grâce à l’Incubateur Lorrain, avant de mettre au point de nouvelles technologies. En 2009, PAT SA entre sur le marché libre Euronext Paris. En 2010, elle élargit son éventail de compétences en chimie et rachète Synthelor. En 2012 elle signe un premier contrat de production industrielle avec un groupe cosmétique international. En 2014 elle achète une serre de 4 Ha à Laronxe, près de Lunéville. La société ne cesse de croître.
Elle possède (en propre ou en copropriété), un portefeuille de plusieurs dizaines de familles de brevets mondiaux ainsi que treize marques déposées. Elle compte plus de 40 salariés dont la moitié en recherche.
Une filiale à la Réunion
Depuis deux ans, PAT SA se diversifie. En 2015, elle crée une filiale à La Réunion, PAT Zerbaz, dédiée à l’exploration et l’exploitation de la très riche flore de l’île. En janvier 2016, elle achète la société belge StratiCELL (12 personnes) spécialisée dans les tests d’efficacité des produits pour l’industrie cosmétique. En mars 2016, elle prend une participation majoritaire dans Couleurs de Plantes, spécialisée dans la production et l’extraction de colorants et pigments d’origine végétale. Elle noue un partenariat avec le géant de la chimie BASF pour la recherche de nouvelles biomolécules pour la cosmétique et l’agriculture.
En 2018 PAT crée la filiale TEMISIS dédiée au développement de son anti-inflammatoire qui va renforcer son positionnement sur le marché pharmaceutique. Et ce n’est pas fini. « Nous voulons être un acteur majeur dans l’exploitation des ressources végétales au service de la santé et de l’agriculture » souligne Jean-Paul Fèvre.
Paul Hannewald Directeur Opérationnel de la société PAT
Depuis 2 ans, la société PAT s’est renforcée au travers de croissances externes et internes avec désormais quatre filiales à son actif, dont la dernière Temisis en pharmaceutique.
Jean-Paul Fèvre, fondateur et PDG de PAT, souhaite dorénavant s’occuper plus particulièrement de la stratégie du Groupe. Dans cet objectif il a décidé de nommer Paul Hannewald, Directeur Général Délégué, au poste de Directeur Opérationnel de PAT.
Docteur en Pharmacie et en Physique-Chimie, Paul Hannewald dispose d’une dizaine d’années d’expérience dans la recherche en chimie analytique appliquée aux molécules végétales. Il est l’initiateur des travaux qui ont mené au Target Binding®, une technologie unique permettant très rapidement d’identifier et de classer par affinité à une cible les principes actifs d’un extrait végétal.
Celle-ci a été perfectionnée chez PAT dès qu’il a rejoint la société en 2010 à l’âge de 30 ans en tant que Directeur Adjoint de la recherche. C’est notamment ce qui a permis à PAT d’attirer d’importants groupes industriels à l’instar de BASF. Devenu Directeur Général Adjoint, il contribue activement au développement de la société.
Sa parfaite connaissance du fonctionnement et de la stratégie de l’entreprise, conjuguée à sa capacité d’innovation et son audace, s’accordent parfaitement avec l’ambition de PAT.