Directeur de la Sécurité Publique du Val d’Oise, Frédéric Lauze a pour quotidien la gestion de la délinquance de banlieue et son lot de violences urbaines. Quand ce commissaire s’octroie une pause, c’est pour s’adonner à l’écriture. Son dernier roman « Le Testament d’Alexandrie » vient de sortir. Une saga dont l’action se déroule au Moyen Orient.
Infodujour : En général quand un policier sort un livre c’est pour raconter des histoires… de policiers. Vous, vous donnez dans la géopolitique.
Frédéric Lauze : Mon roman traite d’une histoire d’amour entre un juif et une musulmane sur fond de tension entre Israël et les pays arabes. David et Aicha tombent amoureux et vont essayer de briser le tabou imposé par les politiques et les religieux : la concrétisation d’un mariage mixte. Ils seront soutenus en cela par un diplomate suisse de l’Onu amené à prendre beaucoup de risques pour sa vie. C’est une saga qui démarre dans les années 50 pour s’achever dans notre monde actuel.
– Une histoire vraie ?
L’idée est partie d’une confidence que m’a faite en 1984, un soir, en Israël, un jeune juif d’origine égyptienne. Le drame de ce jeune garçon remonte à la guerre entre l’Egypte et Israël. Nous sommes en 1956, il n’a que 17 ans. En quelques heures seulement, en pleine nuit, il rejoint secrètement Israël en bateau. Ça a été extrêmement violent. Un déchirement. Il doit abandonner son pays et surtout celle dont il est épris. C’est cela le point de départ du roman.
– D’où vient cet intérêt pour la politique au Moyen Orient ?
j’ai été « Casque Bleu », engagé au sein de la Finul dans les années 80. Au Liban principalement. J’ai vécu beaucoup de moments forts. Quand je suis rentré en France je n’avais qu’un CAP de serveur en poche. J’ai repris des études et cette région m’intéressait beaucoup. Je l’ai beaucoup visitée. J’ai d’ailleurs consacré mon Doctorat de Sciences Po aux fondements de l’État d’Israël. Par la suite j’ai enseigné la Géopolitique à l’Université. Tout en faisant mon travail de commissaire de police.
-Comment arrivez-vous à vous organiser entre votre métier de policier et celui d’écrivain ?
Dès que j’ai un peu de temps, le plus souvent entre midi et deux ou entre deux coups de fils j’écris. Je ne travaille pas pour l’instant sur du roman policier car j’aurais l’impression de ne jamais quitter mon travail. Le fait d’écrire est pour moi une bouffée d’oxygène. Je me transporte ailleurs.
-La fin de roman est un peu tragique et ne laisse pas vraiment de l’espoir…
La situation en Israël est évidemment compliquée. Il semble qu’un début de calme relatif s’installe dans la région. Au-delà de la paix des États ce qui compte le plus c’est la paix des peuples.
-Vous gérer la sécurité publique dans le Val d’Oise, une banlieue dite « chaude ». Quelle est selon vous l’image de la police ?
C’est une image plutôt bonne mais en dents de scie. J’ai l’habitude de dire que dans ce type de banlieue, il y a une surmédiatisation du moindre incident. La délinquance des mineurs y est importante. Beaucoup de tentatives d’homicide également. Mais dans l’écrasante majorité, nos interventions se passent bien.
La police n’a pas de problèmes avec LES jeunes mais avec DES jeunes. C’est vrai que la violence à l’encontre de la police est préoccupante. Mais néanmoins dans ce département du Val d’Oise nous réussissons a rentrer partout. Le but est évidemment de resserrer les liens avec la population.
Propos recueillis par Frédéric Crotta
« Le Testament d’Alexandrie » Fauves Editions 22 euros