Trois femmes sont en proie au même danger dans ce film angoissant de Pedro Martin-Calero, primé au Festival du Film Fantastique de Gérardmer.

Deux fois en quelques mois, le premier long-métrage de Pedro Martin-Calero, « Les Maudites » (« The Wailing », sortie le 21 mai), a été présenté en avant-première à Gérardmer. Aux Rencontres du Cinéma au printemps et auparavant en janvier au Festival du Film Fantastique, où il a d’ailleurs été primé (Prix de la Critique et Prix du Jury Jeunes), et où souvent le cinéma espagnol d’horreur a été récompensé.
Ces « Maudites », ce sont trois jeunes femmes en proie au même danger, à la même menace, Andrea (Ester Exposito), Camila (Malena Villa), Marie (Mahilde Ollivier), dans deux époques et deux lieux différents. Andrea vit à Madrid de nos jours ; fille adoptive, elle recherche ses origines et reçoit d’Argentine le certificat de décès de sa mère, Marie Montand, Française expatriée, qui avait des troubles mentaux et a été condamnée pour assassinat. Eloignée de son amoureux qui est à Sydney, Andrea entend les pleurs et les gémissements d’une femme dans ses écouteurs ; terrorisée, elle a l’impression d’être suivie, hantée, craint de sombrer dans la folie.
Une malédiction qui plane
Des événements qui se sont déjà produits, une vingtaine d’années plus tôt en Argentine, en 1998 à La Plata. Etudiante en cinéma, Camila filme une belle inconnue, qui n’est autre que Marie ; caméra à l’épaule, elle la suit dans la rue, l’épie à son insu, en fait son sujet d’étude. Les mêmes pleurs et les mêmes gémissements se font entendre là aussi, et sur les vidéos de Camila apparait l’inquiétante silhouette d’un vieil homme. A Madrid comme à La Plata, il est aussi question d’un mystérieux immeuble, d’un appartement vide.
« Les Maudites » sont ainsi des femmes en danger, que personne n’écoute ni ne prend au sérieux alors qu’elles perçoivent un péril, un même cauchemar. Réalisateur de clips et de pubs, Pedro Martin-Calero utilise habilement la technologie d’aujourd’hui dans son film, portables, appels vidéo, caméras de sécurité, applis… Déstructuré, le récit est construit en trois parties, mais le puzzle a un peu de mal à s’assembler pour les spectateurs, qui ressentent eux aussi la malédiction qui plane. Longtemps, le film reste sur de l’angoisse, de la tension, il n’y a guère qu’à la toute fin qu’il tombe vraiment dans l’horreur.
Patrick TARDIT
« Les Maudites », un film de Pedro Martin-Calero (sortie le 21 mai).
