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« Pendant ce temps sur Terre », une sœur attend son frère

« Tout est parti de ma fascination pour l’espace », confie Jérémy Clapin, réalisateur de « J’ai perdu mon corps », qui a tourné un film fantastique, comme en apesanteur.

Elsa (jouée par Megan Northam) est désespérée depuis la disparition de son frère astronaute dans l’espace, mais veut croire qu’il est encore vivant.

César du meilleur film d’animation, nomination aux Oscars, une superbe esthétique et une idée folle de scénario (une main coupée part à la recherche du reste de son corps), le premier long-métrage de Jérémy Clapin, « J’ai perdu mon corps », était formidable d’inventivité. Si le réalisateur poursuit sa route dans le fantastique, seules quelques séquences d’animation figurent dans son nouveau film tourné cette fois avec des acteurs, « Pendant ce temps sur Terre » (sortie le 3 juillet). « J’avais toujours en tête d’essayer de faire un film en prise de vues réelles ; au-delà de l’histoire, du scénario, tout est parti de ma fascination pour l’espace », confiait Jérémy Clapin, aux Rencontres du Cinéma de Gérardmer, où il était venu présenter son film en avant-première.

C’est effectivement dans l’espace qu’a disparu depuis trois ans un astronaute français. Sur Terre, pendant ce temps une statue à son effigie a été élevée au milieu d’un rond-point, et sa sœur Elsa (jouée par Megan Northam), inconsolable, se désespère de jamais revoir son grand frère avec qui elle observait le ciel, l’infini et au-delà. « Elsa n’arrive pas à surmonter son deuil », précise le réalisateur. La jeune dessinatrice travaille dans un Ehpad, griffonne dans ses carnets tout en donnant à manger aux pensionnaires, et veut croire que son frère est encore vivant.

« Le film n’est pas là pour être moral »

Elle y croit encore plus lorsqu’elle a l’impression d’entendre sa voix, comme venue depuis l’espace. Cette voix lui donne des consignes : un « échange » serait possible pour faire revenir son frère, elle doit sacrifier quelques arbres mais aussi quelques Terriens pour « importer » une famille extraterrestre. Un dilemme pour la jeune fille à qui incombe le choix des personnes à échanger. « Le film n’est pas là pour être moral mais pour poser des questions », assure Jérémy Clapin.

C’est en fait une histoire de deuil et comment survivre avec : « Ce sont deux mondes face à face qui se regardent, une confrontation entre le monde des morts et le monde des vivants, et un personnage coincé entre les deux », précise le réalisateur, Elsa ayant ainsi les pieds sur Terre mais la tête dans les étoiles. Le film lui-même est en apesanteur, il est question d’espace sans y aller vraiment, d’aliens qui restent invisibles, c’est de la science-fiction d’évocation. Du cinéma singulier où se mêlent l’imaginaire et la réalité, le futurisme et le présent, de l’énigmatique, de l’étrangeté, et une certaine poésie. « J’essaie d’apporter quelque chose de nouveau, en France l’industrie n’est pas tournée vers le cinéma de genre, mais ce n’est pas forcément singer les Américains ni aller chercher des références », estime Jérémy Clapin.

Patrick TARDIT

« Pendant ce temps sur Terre », un film de Jérémy Clapin avec Megan Northam (sortie le 3 juillet).

Les pieds sur Terre mais la tête dans les étoiles, Elsa est un personnage coincé entre deux mondes.
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