Vosges
Partager
S'abonner
Ajoutez IDJ à vos Favoris Google News

« Border Line », à la frontière du réel

Avec un simple passage à la douane américaine, le film de Alejandro Rojas et Juan Sebastian Vasquez est un quasi huis-clos intense et étouffant.

Visas d’immigration en poche, Diego et Elena (Alberto Ammann et Bruna Cusi) se croient bienvenus en Amérique.

« Welcome in America », oui avec leurs visas d’immigration en poche, Diego et Elena (Alberto Ammann et Bruna Cusi) se croient bienvenus en Amérique. Mais les personnages du film de Alejandro Rojas et Juan Sebastian Vasquez, « Border Line » (en salles depuis le 1er mai), vont vite déchanter. Dans le taxi qui le conduisait à l’aéroport de Barcelone, le couple était encore dans l’excitation du départ ; pas pour des vacances ou du tourisme, mais pour de bon, pour s’installer vraiment, légalement, aux Etats-Unis.

A l’arrivée à New York, où ils ne sont qu’en correspondance pour Miami, ce sont des migrants fébriles qui se présentent à la douane. Lorsqu’un douanier leur demande de les suivre pour des contrôles supplémentaires, à un autre guichet, une autre salle d’attente, cela devient « carrément flippant » pour eux. Elle est Espagnole, lui Vénézuélien, et tous deux se font d’abord discrets, confiants mais quand même inquiets. Conduits dans un autre bureau, ils ont droit à une fouille des bagages, reniflés par des chiens, à un contrôle de leurs téléphones et ordinateurs, et à un entretien qui vire à l’interrogatoire.

Humiliations, pression, soupçons

Cet épisode se déroule sous la présidence Trump, où l’administration américaine applique une politique de limitation de l’immigration. Sous prétexte de contrôles de sécurité, les questions se font de plus en plus inquisitrices, tordues (« Aimez-vous votre compagne ? », « Vous voulez des enfants ? »…), les investigations de plus en plus poussées, le couple semblant si facilement vulnérable et soumis à l’arbitraire.

A la frontière du réel, le rêve américain pourrait bien s’évaporer pour Diego et Elena, à peine descendus de l’avion. Humiliations, pression, soupçons, la suspicion porte notamment sur la sincérité de Diego, sud-américain. Avec le doute de ne jamais pouvoir entrer dans le pays, cela devient effectivement « carrément flippant » pour les spectateurs aussi. Présenté en avant-première aux Rencontres du Cinéma de Gérardmer, Grand Prix du jury aux Premiers plans d’Angers et Prix du Public au Festival du film policier de Reims, « Border Line » est un quasi huis-clos étouffant, intense, avec pour seuls décors des salles d’attente ou d’interrogatoire, quelques personnages, et pour seul événement un simple passage à la douane, en attente d’un tampon sur un document. Une telle tension, un tel stress, que cela coupe toute envie d’émigration vers les Etats-Unis.

Patrick TARDIT

« Border Line », un film de Alejandro Rojas et Juan Sebastian Vasquez (en salles depuis le 1er mai).

D’un guichet à une salle d’attente, puis un bureau, le couple est soumis à un véritable interrogatoire avant son entrée en Amérique.
Amérique du Nord Espagne Europe France Grand Est Lorraine Monde Vosges