Vosges
Partager
S'abonner
Ajoutez IDJ à vos Favoris Google News

« Les animaux anonymes » traqués comme des bêtes

Sélectionné par le Festival de Gérardmer, le film de Baptiste Rouveure inverse les rôles humains/animaux, mais en devient agaçant.

Présenté comme « un objet filmique inclassable », expérimental, « Les animaux anonymes » est basé sur une inversion des rôles : ce sont des humains qui sont chassés.

Le brouillard est épais dans la campagne, un homme torse nu, collier au cou, est en fait enchaîné à un arbre, au bord d’une route. Une voiture s’arrête, un animal est au volant. C’est une des scènes du premier long-métrage de Baptiste Rouveure, « Les animaux anonymes » (sortie le 29 septembre), qui avait été sélectionné hors compétition par le Festival du Film Fantastique de Gérardmer. Il y a encore un cerf majestueux, vêtu comme un chasseur, qui se tient debout sur ses deux pattes arrière et tient un fusil dans les pattes avant. Des chiens qui parient sur des combats d’humains. Un groupe d’hommes et de femmes, ou plus exactement mâles et femelles, enfermés dans un entrepôt, probablement un abattoir…

Le principe de ce film est une inversion des rôles, des situations : ce sont des humains qui sont chassés, pourchassés, poursuivis par des animaux, des bêtes à cornes dans la forêt. Des proies violentées, maltraitées, par un cerf, un cheval, un taureau, un mouton ; des êtres apeurés, terrorisés, qui n’ont que cris et râles pour simple langage. Créatures domestiques ou destinées à la consommation, les humains y sont considérés comme des bestiaux et existences négligeables par l’espèce animale dominante.

Présenté comme « un objet filmique inclassable », expérimental, « Les animaux anonymes » est effectivement tourné dans « une nature crépusculaire magnifiée » ; ce cauchemar est au départ forcément troublant, dérangeant, perturbant. Mais ce procédé, qui devrait théoriquement créer du malaise, ne génère au final que de la lassitude. Ce qui était une bonne idée de court-métrage s’étire sur une heure trop longue. Une fois qu’on a saisi le message : dénoncer la violence faite aux animaux, la cruauté des humains envers eux, leur sauvagerie. Cette vision déformée devient vite agaçante, et sur le thème de l’inversion, on a déjà lu et vu bien plus fort en littérature et cinéma de science-fiction, à commencer par « La Planète des Singes » ou « La Ferme des Animaux ».

Patrick TARDIT

« Les animaux anonymes », un film de Baptiste Rouveure (sortie le 29 septembre).

France Grand Est Lorraine Vosges