Emmanuel Macron met en garde la Chine et menace de nouveaux droits de douane si Pékin ne contribue pas à réduire le déficit commercial avec l’UE.

De retour d’une visite diplomatique de trois jours en Chine, Emmanuel Macron adopte un ton nettement plus ferme face à Pékin. Le président français affirme que l’Union européenne pourrait instaurer de nouveaux droits de douane sur les importations chinoises « dans les tout prochains mois » si aucune mesure n’est prise pour réduire le déséquilibre commercial massif avec le géant asiatique. Une mise en garde publique qui marque un tournant stratégique dans la relation économique entre les deux blocs.
Une relation commerciale plus équilibrée
Depuis plusieurs années, le déficit commercial entre l’Europe et la Chine s’accroît, porté par l’afflux de produits manufacturés chinois à bas coût et la domination industrielle de Pékin sur des secteurs clés. Lors de son entretien accordé aux Echos le 7 décembre, Emmanuel Macron nuance cependant l’option protectionniste : l’objectif, dit-il, n’est pas de fermer les frontières, mais d’exiger une relation commerciale plus équilibrée et mutuellement bénéfique.
Un modèle industriel européen sous pression
Le chef de l’État estime que la montée en puissance technologique et industrielle de la Chine menace désormais le cœur du tissu productif européen — historiquement centré sur l’automobile, la machine-outil et l’innovation de pointe. Le durcissement des mesures américaines, entamé sous l’ère Trump et partiellement allégé depuis, aurait même aggravé la situation en redirigeant vers l’Europe des volumes croissants de marchandises chinoises.
« L’industrie européenne joue sa survie », alerte Macron, qui appelle les Vingt-Sept à adopter une réponse commune. Une perspective encore fragile : l’Allemagne, très dépendante du marché chinois, rechigne à suivre la France dans une stratégie plus offensive.
Attirer le capital chinois, mais avec des garde-fous
Si Paris agite la menace douanière, le président défend en parallèle un second levier : encourager les investissements chinois en Europe pour réindustrialiser le continent. Une condition toutefois : éviter que ces implantations ne deviennent des prises de contrôle stratégiques.
Une liste d’une dizaine de secteurs jugés prioritaires a été dressée, allant des batteries électriques au photovoltaïque, en passant par la robotique, le recyclage des matériaux critiques, les pompes à chaleur ou encore le raffinage du lithium. Selon Macron, permettre aux entreprises chinoises de produire sur le sol européen favoriserait l’équilibre des échanges, tout en créant de la valeur et des emplois localement.
Vers un réveil industriel européen ?
Pour le président français, cette offensive commerciale ne peut être dissociée d’un vaste chantier interne de compétitivité : simplification réglementaire, consolidation du marché unique, relance de l’innovation, modernisation de l’union douanière, ajustement de la politique monétaire… autant de conditions nécessaires, estime-t-il, pour que l’Europe ne reste pas le théâtre d’un duel sino-américain qu’elle subirait au lieu de le maîtriser.
Face à une Chine conquérante et à des États-Unis protectionnistes, l’Union se trouve à un carrefour historique. Reste désormais à savoir si les Européens sauront parler d’une seule voix — et si Pékin acceptera de revoir les règles du jeu ?
Compte tenu du poids économique, mais aussi géopolitique de la Chine, on voit mal Xi Jinping se plier aux exigences de Macron.
Reparti bredouille de Chine sans quasiment aucun contrat signé, Micron menace désormais les chinois d’une hausse des droits de douane 😳
Aussi risible que pathétique. pic.twitter.com/CutisEsrYZ— Reconstruire (@Reconstruire_fr) December 7, 2025