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Avoirs russes : La Belgique réaffirme son opposition à l’utilisation des fonds gelés

Le Premier ministre belge Bart De Wever ravive les tensions au sein de l’Union européenne.

Bruxelles, Tour Baudouin, Siège d'Euroclear (Wikipédia)
Bruxelles, Tour Baudouin, Siège d’Euroclear (Wikipédia)

Dans une lettre adressée à Ursula von der Leyen et consultée par Euronews, le chef du gouvernement belge réaffirme fermement son refus de voir l’UE utiliser les avoirs russes gelés pour financer la reconstruction de l’Ukraine. Une prise de position qui, à l’approche du Conseil européen des 18 et 19 décembre, crée un sérieux point de friction entre Bruxelles et l’un de ses États clés.

« Une idée fondamentalement erronée »

De Wever estime que le projet d’accorder à Kiev un prêt de réparation garanti par les actifs souverains russes est juridiquement risqué et politiquement imprudent. « Pourquoi nous aventurer dans des eaux juridiques et financières inexplorées, avec toutes les conséquences que cela implique ? » écrit-il à la présidente de la Commission européenne.
Pour le dirigeant belge, un tel mécanisme exposerait l’Union à des contestations judiciaires coûteuses et à d’éventuelles représailles de Moscou. La Belgique, siège d’Euroclear — où sont centralisés près de 185 milliards d’euros d’avoirs russes — serait en première ligne en cas de litige international.

 Emprunter plutôt qu’utiliser les actifs gelés

À la place, Bart De Wever plaide pour un financement plus classique : un emprunt commun de 45 milliards d’euros sur les marchés financiers, destiné à soutenir l’effort militaire et budgétaire ukrainien en 2025.
Selon lui, cette option serait « moins coûteuse à long terme » que le modèle actuellement discuté, et éviterait de faire peser sur les contribuables européens le risque d’un défaut ukrainien.
Il redoute qu’une Ukraine exsangue, même victorieuse, ne soit pas en mesure de rembourser les sommes engagées et que l’ardoise ne retombe sur les États membres.

L’Europe divisée, un compte à rebours engagé

Cependant, la position belge demeure minoritaire. L’Allemagne, la Pologne, les pays nordiques et baltes soutiennent massivement le mécanisme de prêt adossé aux fonds russes, séduits par l’idée que « la Russie paie pour les destructions qu’elle a causées ».
Ursula von der Leyen, elle, a intensifié la pression politique. « Aucun scénario dans lequel seuls les contribuables européens paieraient la facture n’est envisageable », a-t-elle affirmé au Parlement européen.
Même Berlin estime qu’une décision rapide renforcerait l’UE dans les discussions internationales sur un futur accord de paix.

Crainte de représailles et d’un effet domino financier

Pour Bart De Wever, l’enjeu dépasse largement le soutien à Kiev.
Dans sa lettre, il compare le projet à un « accident d’avion » : hautement improbable, mais aux conséquences potentiellement catastrophiques.

Le Premier ministre redoute :

  • des poursuites judiciaires massives intentées par Moscou ;
  • des dédommagements arbitraux se chiffrant en dizaines de milliards ;
  • une perte de confiance mondiale dans l’Europe en tant que place financière ;
  • un retrait d’investisseurs étrangers voyant dans ces saisies un précédent dangereux.

« Si ce mécanisme est adopté, d’autres États pourraient hésiter à laisser leurs capitaux en Europe », avertit-il.
Un compromis encore possible, mais à un prix élevé
Bart De Wever ne ferme toutefois pas totalement la porte au projet, mais pose des conditions drastiques.
Il exige des garanties juridiques totales, irrévocables et conjointes pour l’ensemble des fonds concernés, couvrant aussi bien les risques d’arbitrage que les pertes financières d’Euroclear dans les juridictions proches de Moscou.
Autant de critères qui, selon plusieurs diplomates européens, reviennent presque à rendre l’accord impossible.

Décision imminente

Réunis les 18 et 19 décembre, les dirigeants des Vingt-Sept devront trancher. Opteront-ils pour un financement mutualisé assumé par les États, ou feront-ils peser le coût de la guerre sur les capitaux du Kremlin ?
Entre solidarité européenne, impératifs juridiques et calculs géopolitiques, le dossier s’annonce comme l’un des plus explosifs de la fin d’année à Bruxelles.

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