Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) s’imposent comme traitement de première ligne, selon un nouveau consensus d’experts égyptiens. C’est exactement ce que ne cesse de répéter ici, depuis des années, Jean-Marc Sabatier.
Les maladies cardiovasculaires restent l’une des principales causes de mortalité dans le monde. Une nouvelle étude menée par 36 cardiologues égyptiens en 2024 vient apporter un éclairage décisif sur les stratégies thérapeutiques à privilégier, notamment dans le traitement du système rénine-angiotensine-aldostérone (SRAA).
Un système complexe au cœur de notre santé cardiovasculaire
Le SRAA joue un rôle fondamental dans la régulation de la pression artérielle et l’équilibre hydrique de notre organisme. Sa dérégulation peut entraîner de graves complications : hypertension, insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde et accidents vasculaires cérébraux. Les chercheurs ont identifié deux classes de médicaments principales pour le contrôler : les IECA et les ARA (bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine).
Les IECA : le choix privilégié des experts
L’étude révèle que les IECA présentent des avantages supérieurs aux ARA dans plusieurs situations cliniques cruciales. Ils sont particulièrement efficaces pour :
- La réduction du risque d’infarctus du myocarde
- La prévention de l’insuffisance cardiaque
- La prise en charge des patients diabétiques de type 2
- Le traitement post-infarctus dans les 24 premières heures
Une nouvelle approche du traitement
Cette étude marque un tournant dans la prise en charge des maladies cardiovasculaires. Bien que les IECA puissent provoquer une toux chez certains patients, cet effet secondaire est souvent surestimé et peut être atténué par l’utilisation d’IECA lipophiles ou leur association avec des inhibiteurs des canaux calciques. Les ARA restent une alternative valable pour les patients ne tolérant pas les IECA.
Vers une médecine personnalisée
Les recommandations soulignent l’importance d’une approche individualisée du traitement. Pour les patients souffrant d’insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection réduite, les nouveaux inhibiteurs des récepteurs de l’angiotensine/neprilysine (ARNI) sont désormais considérés comme le premier choix, les IECA occupant la seconde place.
Cette avancée majeure dans la compréhension et le traitement des maladies cardiovasculaires promet d’améliorer significativement la prise en charge des patients et de réduire la mortalité cardiovasculaire globale.
Qu’est-ce que le système rénine-angiotensine ?
C’est ce que soutient Jean-Marc Sabatier* depuis 2020 dans nos colonnes. Voici ce qu’il affirmait dans un article censuré : » Le système rénine-angiotensine (SRA) omniprésent, également connu sous le nom de système rénine-angiotensine-aldostérone, est un système hormonal et physiologique dont la fonction est de contrôler la pression artérielle et le volume sanguin circulant chez l’homme. Le SRA régule également les fonctions pulmonaires, cardiovasculaires, végétatives, rénales, l’immunité innée et les divers microbiotes dont le microbiote intestinal. Le SRA contrôle l’autophagie qui est un processus de régénération cellulaire permettant d’éliminer les déchets et les éléments endommagés au sein de la cellule (un processus initié à partir de 3 jours de jeûne). Il est une forme de cascade de régulation endocrinienne et enzymatique. Il est présent dans tous les organes et tissus de l’organisme. Le SRA a une activité endocrine, autocrine, paracrine et intracrine.
Les composants du SRA se trouvent à la fois sur la membrane plasmique des cellules et sur les membranes des divers organites, comme les membranes mitochondriales.
*Jean-Marc Sabatier, docteur en Biologie Cellulaire et Microbiologie, directeur de recherches au CNRS. Il s’exprime ici à titre personnel.