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Les énergies renouvelables font de grosses vagues politiques

La tribune anti-subventions aux énergies renouvelables (éolien et photovoltaïque) de Bruno Retailleau fracture Les Républicains, et secoue le gouvernement. Explications.

Bruno Retailleau nouveau président des LR (capture Euronews)
Bruno Retailleau nouveau président des LR (capture Euronews)

Une tribune virulente publiée le 3 juillet dans Le Figaro par trois figures de la droite — Bruno Retailleau, François-Xavier Bellamy et Julien Aubert — a jeté un pavé dans la mare en pleine discussion parlementaire sur la politique énergétique de la France. Les auteurs y appellent à mettre fin aux subventions publiques à l’éolien et au photovoltaïque, qu’ils jugent trop coûteux, peu fiables et nuisibles à l’environnement. Cette prise de position, en faveur d’un retour massif au nucléaire, a immédiatement ravivé des tensions au sein des Républicains (LR) et provoqué des remous au sein du gouvernement.

Un appel au « moratoire énergétique » contesté

Dans leur tribune, les trois vice-présidents de LR dénoncent l’intermittence des énergies renouvelables, qu’ils estiment risquée pour la stabilité du réseau électrique et pour le pouvoir d’achat des Français. Ils réclament la fin des aides publiques pour les secteurs éolien et photovoltaïque, et prônent un recentrage sur le nucléaire.
Ce positionnement intervient alors que les parlementaires examinent la proposition de loi du sénateur LR Daniel Gremillet (Vosges), qui trace la future trajectoire énergétique du pays, axée notamment sur la relance du nucléaire. Un amendement controversé, adopté à l’Assemblée nationale grâce au soutien du Rassemblement national, proposait un moratoire sur l’éolien et le solaire. Bien qu’il ait été rejeté dans la version finale, il a profondément divisé la droite.

La droite LR fracturée sur l’écologie

Les éoliennes à Cormainville, dans l'Eure-et-Loir (DR)
Les éoliennes à Cormainville, dans l’Eure-et-Loir (DR)

La tribune a mis en lumière les dissensions au sein même de LR. Plusieurs députés, dont Antoine Vermorel-Marques, se sont insurgés contre une ligne jugée trop radicale, rappelant que le parti avait historiquement soutenu un mix énergétique incluant les renouvelables. Dans une autre tribune, publiée dans L’Opinion, Vermorel-Marques, Virginie Duby-Muller et Sébastien Martin ont mis en garde contre un rejet en bloc des énergies renouvelables, soulignant que nombre de projets sont soutenus localement.
Les critiques internes n’ont pas épargné l’initiative de Retailleau. Le sénateur Olivier Rietmann a dénoncé une posture populiste, rappelant que les filières renouvelables représentent plus de 100 000 emplois. « On va chercher l’électricité où, en attendant le nucléaire ? » a-t-il interrogé.

Le gouvernement contre-attaque

Au-delà de la droite, cette prise de position a déclenché une levée de boucliers au sein de l’exécutif. La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a dénoncé un « populisme irresponsable », tandis que Gabriel Attal a fustigé un « contresens historique et scientifique ». Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a critiqué une vision « antiscience » et économiquement risquée. Emmanuel Macron, en déplacement, a rappelé que « la France a besoin de renouvelables ».

Un coup politique mal calibré ?

Si la tribune n’a pas d’effet direct sur la loi Gremillet — qui ne contient pas de dispositions budgétaires — elle ravive un clivage idéologique de fond au sein de la droite : entre les partisans d’un nucléaire exclusif et ceux d’un mix énergétique équilibré. Julien Aubert, l’un des auteurs, justifie cette sortie par la volonté de clarifier la ligne du parti face à des messages contradictoires entre le Sénat et l’Assemblée.
L’initiative semble avoir été mal reçue jusque dans les rangs les plus haut-placés. Selon France Inter, Michel Barnier aurait exprimé sa « fureur » et prévoit une réponse médiatique. Le climat interne est d’autant plus tendu que les sénateurs ont déjà corrigé la copie de l’Assemblée, préférant des formulations plus pragmatiques comme la priorité au renouvellement des parcs éoliens existants.

Un débat non résolu

Au final, la tribune des trois responsables LR a cristallisé un débat profond et non résolu sur la politique énergétique française. Elle a semé la discorde dans le camp conservateur et mis en lumière les tensions persistantes entre pragmatisme écologique et dogmatisme énergétique. Si la proposition de loi Gremillet poursuit son chemin législatif, la droite, elle, devra trancher clairement sa ligne pour espérer incarner une vision cohérente de la transition énergétique.

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