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« Le moine et le fusil » : a voté !

Pawo Choyning Dorji a tourné un charmant conte électoral au Bhoutan, le pays du Bonheur National Brut, lorsqu’il découvrait à la fois la démocratie et les élections.

Une fable, à la fois douce et drôle, dans « la plus jeune démocratie du monde », racontée avec humour et bienveillance.

Tandis que la France est secouée par de prochaines élections, arrive sur les écrans un charmant conte électoral, « Le moine et le fusil » (sortie le 26 juin), film de Pawo Choyning Dorji tourné au Bhoutan, le pays du Bonheur National Brut. Dans son long-métrage précédent, « L’école du bout du monde », premier film du Bhoutan à être nominé aux Oscars, le réalisateur racontait l’arrivée d’un instituteur dans un coin perdu du pays. Cette fois, c’est l’arrivée du droit de vote dans « la plus jeune démocratie du monde » qu’il raconte, avec humour et bienveillance.

Présenté en avant-première aux Rencontres du Cinéma de Gérardmer, « Le moine et le fusil » se déroule en 2006, après que le roi du Bhoutan ait décidé d’abdiquer, choisissant de son plein gré sa propre dissolution. Une décision royale afin de faire entrer sa nation dans la modernité. « Un moment historique » pour ce peuple qui n’a en fait rien demandé. Il faut donc l’éduquer, lui enseigner la démocratie, et pour appendre aux citoyens comment ça marche sont donc organisées des élections blanches, « pour de faux », pour s’entraîner à voter pour leurs futurs représentants et des partis encore anonymes, seulement identifiés par des couleurs, rouge, bleu, jaune…

S’armer avant la pleine lune

A cette annonce, la première réaction d’un lama, qui vit reclus dans son monastère là-haut dans la montagne, est de demander à son disciple de trouver des armes avant la prochaine pleine lune. Une fois passé l’étonnement qu’un sage respecté, vénéré par la population locale, veuille se doter d’un engin de mort, le jeune moine part arpenter la campagne. Il n’a que quelques jours pour dégoter une arme, denrée rare dans un pays pacifique. Le hasard faisant bien les choses, un villageois lui offre ainsi un fusil, qu’il aurait pu vendre une fortune à un collectionneur étranger venu spécialement depuis les Etats-Unis d’Amérique, pays où il y a plus d’armes que d’habitants.

Outre la démocratie, le Bhoutan est aussi le dernier pays à accéder à la télévision (où l’on découvre en même temps James Bond et le coca) et à internet. C’est tout un apprentissage pour les habitants, pour tout le pays, que ces élections et cette modernité perturbent ; que de problèmes créés, de tensions pour un peuple jusqu’alors paisible et heureux, désormais poussé à « s’occidentaliser ». Au risque bien sûr de perdre sa singularité, ses valeurs, culturelles et spirituelles, ses traditions.

« Le moine et le fusil » est une fable, à la fois douce et drôle, où des innocents se retrouvent les mains pleines de bulletins dont ils ne savent que faire. Voilà qui relativise sur la chance d’avoir le droit de vote et de s’en servir librement.

Patrick TARDIT

« Le moine et le fusil », un film de Pawo Choyning Dorji (sortie le 26 juin).

Chargé par un lama respecté de trouver une arme, un jeune moine va finalement dégoter un vieux fusil.
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