Notre planète Terre, Gaïa chez les Grecs, considérée comme un être vivant, correspond régulièrement avec une autre planète de l’univers, Aurore Kepler 452 b dans la constellation du Cygne. Gilles Voydeville nous fait découvrir cette magnifique correspondance interstellaire.
Par Gilles Voydeville
Lettre du mois des froidures stellaires sur Kepler
Ma chère Aurore,
Je viens de t’écrire mais je n’ai pas pu attendre ta réponse car il fallait que je te dise l’horreur qui vient de me bouleverser. Ma Judée vient d’être le théâtre d’un massacre immense, un acte d’une terreur inouïe qui dépasse ma raison. Elle a fauché dans leur course innocente des vies enfantines, éclaté le crâne des nourrissons sur le sein de leurs mères, décimé à l’arme automatique des familles recroquevillées ensemble dans la mort, déchiqueté, défiguré, démembré une jeunesse qui festoyait au milieu du désert, brulé vifs des êtres de chair et d’os qui ont vécu leurs derniers instants dans l’épouvante et la souffrance indicible. Tous rayés de mon monde, amputés de leurs membres ou de leurs familles parce qu’ils étaient là, parce qu’ils étaient Juifs.
Et ceci a été commis au nom d’un peuple voisin, par ses sanguinaires sicaires avec une cruauté telle qu’elle enfantera la vengeance et la désolation.
L’horreur du crime interpelle : sont-ils nés monstrueux ? Le sont-ils devenus ? Leur désespoir est-il si grand que leur haine les a déshumanisés ? Cette barbarie qu’ils mettent en scène, croient-ils qu’elle leur ouvrira la porte du dialogue ou le paradis de leur Dieu ? Comment peuvent-ils de sang-froid tuer des enfants sous les yeux de leurs parents, brûler vifs des vieillards avec leurs petits-enfants, mitrailler leurs semblables désarmés pour déchiqueter leurs corps et prendre leur cœur ? Où est passée leur humanité pour commettre l’insoutenable ? Ont-ils tant subi qu’ils ne peuvent plus que laisser le diable submerger leur raison et les entraîner vers l’Enfer ? Pourront-ils longtemps se glorifier de leurs actes ?
J’espère ma chère Aurore qu’ils se haïront bientôt d’avoir commis ces gestes insoutenables et que leur malédiction sera de ne pouvoir les oublier, de ne plus vivre en paix d’avoir commis l’irréparable, l’insoutenable, l’indicible crime de sacrifier froidement l’innocence sur l’autel de la vengeance.
Je suis certaine ma chère Aurore qu’ils emporteront les massacres qu’ils ont perpétrés jusque dans leur tombe.
Car si aujourd’hui ils ont transgressé toutes les lois humaines en croyant faire progresser leur cause, un jour viendra où leur colère retombera. Il ne leur restera que ces images de morceaux de chair arrachée à des corps nubiles, ces cris obsédants entre les salves de leurs armes, cette désolation semée au nom d’un peuple qui n’en avait pas tant demandé. Et quand tôt ou tard ils rejoindront ma terre, ma chère Aurore, je pense que leurs derniers instants seront hantés par le doute : Dieu a-t-il vraiment voulu ce qu’ils ont commis ? Le remords avant le jugement.
Pourtant moi ces deux peuples je les aime parce qu’ils sont deux de mes enfants. Mais eux se disputent ma terre. Aurore, te souviens-tu du temps (+711) où les conquérants arabes de l’Hispanie rendaient leur liberté aux Juifs opprimés par les Wisigoths christianisés (+589)?
Tout au long de son histoire, le peuple juif a beaucoup souffert et est terrassé une fois de plus aujourd’hui. Mais la souffrance du peuple palestinien, au nom duquel l’irréparable a été commis, n’est pas moindre.
Je vais te rappeler l’histoire de cette terre et de ses habitants pour que tu me conseilles sur ce que je pourrais faire pour concilier les irréconciliables, pour rapprocher des peuples qui pourraient s’aimer mais dont les dirigeants se haïssent.
Tu dois savoir qu’avant de converger, leur histoire a deux versions jusqu’en l’an -700 : celle écrite sur les stèles l’archéologique et celle issue du livre sacré des Hébreux, la Bible.
Dans l’Ancien Testament l’histoire juive commence en -1800 avec l’achat d’une terre par Abraham à un Hittite du nom d’Ephron : un champ à Makhpéla en pays de Canaan. Il coutera 400 sicles d’argent (Genèse, XXIII 13-20). La descendance d’Abraham sera nombreuse et s’organisera en douze tribus qui s’étendront sur la terre de Canaan. Mais à l’époque le sol n’est pas toujours assez fertile. Le peuple connaîtra la famine et devra émigrer en Égypte où il sera asservi puis affranchi.
L’Exode (-1312) est l’histoire du retour vers la Terre Promise et sera guidé par le prophète Moïse.
La coexistence des Philistins, des Cananéens et des Hébreux est établie par la stèle de Mérenptah (-1207). Elle atteste l’existence d’un peuple d’Israël en Canaan, noté d’un hiéroglyphe caractérisant un peuple et non un lieu et démontrant que les Égyptiens les percevaient comme un peuple nomade ou semi nomade.
L’invasion du pays de Canaan par les peuples de la mer, Philistins et Pelesets, est authentifiée par une stèle gravée sous Ramsès III en l’an -1182. En langue turque moderne, l’appellation Filistin désigne la Palestine.
Du fait des invasions côtières, les premiers Israélites se sédentarisent dans les montagnes.
La stèle de Tel Dan en l’an -900 rapporte l’histoire de l’Araméen Hazaël, roi de Damas, qui déclare avoir tué Joram fils d’Achab roi d’Israël et Ahas Yahu fils de Joram de la maison de David.
La stèle de Mesha parle d’Omri roi d’Israël qui opprima Moab et l’occupa pendant 40 ans.
La reconquête de Canaan est rapportée dans le Livre des Rois des Hébreux : Elle est menée par les Juges, les Rois, Saul, David, Salomon qui combattront les peuples qui s’étaient établis là pendant la migration en Égypte et après lors des invasions par les peuples de la mer (Philistins).
Le royaume d’Israël subira l’envahissement assyrien (-722) qui s’effondrera lui-même en -623. Josias descendant de David reprendra alors le pouvoir et gouvernera pendant 30 ans. Mais Nabuchodonosor prendra Jérusalem et détruira le premier Temple. Il déportera un quart du peuple d’Israël en Babylonie (-586) et ainsi créera une première diaspora. Le retour et la restitution des objets liturgiques seront autorisés par Cyrus le Grand, roi de Perse (- 538).
Puis ce peuple hébreu sera combattu par les Grecs (-332) et s’en libèrera grâce aux Macchabées (Hanukkah). Il fera appel à Rome mais subira ensuite l’administration romaine (Ponce-Pilate) qui régira le pays tout en conservant une royauté de façade (Hérode).
Mais sous l’empereur Titus, la révolte juive de Bar Kokhba entraînera son écrasement par Rome qui détruira le second Temple.
Ensuite ce sera l’errance du peuple, l’essaimage de la diaspora, voulue ou subie par l’esclavage dans l’Empire Romain, en Europe et en Afrique du Nord.
La diaspora juive vivra en harmonie dans la Cordoue musulmane jusqu’à l’arrivée des tributs Almohades (+1136) qui la chasseront.
Au Moyen-Âge sur le chemin des Croisades, les Juifs seront persécutés jusqu’en la Terre Sainte, exclus de la société civile européenne par les conciles chrétiens, rendus usurier à défaut de pouvoir exercer d’autres métiers.
Le roi St Louis leur imposera le port de la rouelle.
En 1306 Philippe le Bel expulsera les Juifs du royaume de France.
L’Espagne des Rois Catholiques (1492) les bannira.
Il faudra attendre l’an 1787 pour que Les Juifs soient reconnus comme citoyens par la constitution américaine, puis par l’Assemblée Constituante française (1791), ce qui sera confirmé par Napoléon Bonaparte. Mais peu de pays s’engageront dans la même voie et dès les années 1850, l’on verra des villages agricoles juifs se développer dans la Palestine turque.
Avec Bismarck et Adolf Stöcker au dix-neuvième siècle, les prémisses de l’abominable solution finale se feront jour en Allemagne. D’ignobles pogroms saliront l’Europe Centrale, l’Ukraine, la Russie, et même la Palestine. Les éditoriaux de « La Croix » et le procès Dreyfus illustreront l’antisémitisme français.
Ainsi au début du vingtième siècle, un retour vers la terre promise (l’alyah) s’organisera vers la Palestine et une forte immigration s’initiera vers les États-Unis qui avaient eu le mérite de reconnaître en premier les Juifs comme citoyens ; ce qui explique aujourd’hui le poids de cette communauté dans ce pays. Le Sionisme politique émergera avec Théodor Herzl (1896) suivi du premier congrès sioniste à Bâle en 1897. Enfin en 1917 la déclaration anglaise dite Balfour créera en Palestine un foyer national juif, ce qui sera entériné par la France et la Société des Nations le 24 Juillet 1922.
L’extermination du peuple juif par les Nazis tuera la moitié de la population mondiale. L’état d’Israël sera créé en 1947 par les Nations Unies et déclenchera une guerre (naqba) qui chassera 700 000 Palestiniens qui habitaient cette terre…
Ma chère Aurore, l’origine du mal qui dresse mes deux peuples l’un contre l’autre est là.
Au cours des siècles, ils ont possédé tous deux cette terre et, si nombre de propriétés ont été rachetées par les Juifs, l’expulsion d’autres palestiniens par les commandos juifs en 1948, et la manière qu’à le gouvernement actuel allié à l’extrême droite de les spolier – sans en contrepartie leur donner un état – ont fait le terreau d’un extrémisme qui vient de massacrer tant d’innocents.
Le peuple juif est un peuple élu mais il n’a jamais nulle part été en sécurité très longtemps.
Pour que plus jamais cela ne recommence, pour que cette malédiction qui le frappait régulièrement disparaisse, les Nations Unies lui ont trouvé une terre où vivaient ses ancêtres. Mais le peuple de Palestine qui y vivait alors en a été chassé par une guerre qu’il n’avait rien fait pour mériter.
Pour Emmanuel Levinas, philosophe lituanien juif naturalisé français, l’enracinement chthonien a toujours été une usurpation, même si l’histoire du monde nécessitait Israël. Si le peuple errant d’Israël s’est réalisé en ce lieu, il s’est lui-même un peu trahi dans l’accaparement de cette terre originelle. Car il a ignoré en partie le droit de ceux qui la possédaient et nié sa transmission au sein du peuple palestinien. Les Nations Unies ont fait un pont entre les terres de l’époque biblique et celles du vingtième siècle, enjambant l’histoire sans assez d’égards pour le peuple qui les avait possédées et entretenues pendant des siècles, peuple palestinien qui se retrouvera lui-même confronté à l’errance des camps.
Et si les Juifs ont pu s’enraciner, les Palestiniens le méritent aussi. Les justes parmi les justes avaient signé les accords d’Oslo qui prévoyaient deux Etats, accord torpillé par l’extrémisme juif qui a assassiné Itzac Rabin. L’extrémisme palestinien s’est construit sur les frustrations, l’incurie, les manœuvres politiciennes, les spoliations des terres de Cisjordanie.
Il vient de montrer un visage hideux qui trahit une douleur née d’une longue injustice et de l’absence d’espoir de voir le peuple se réaliser à nouveau dans la possession d’une terre.
Je pense aussi ma chère Aurore que contrairement aux désirs de l’ultra orthodoxie juive, elle-même relayée par la décision du président des États-Unis Donald Trump, que Jérusalem – cité cananéenne mentionnée Ourousalim au -XXI siècle – ne doit être la propriété d’aucune des trois religions du livre qui y ont fixé leurs lieux saints. Elle doit rester la terre sacrée que se partagent tous les êtres croyants.
Ma chère Aurore, on sait pourquoi le peuple juif a voulu faire nation sur une terre alors que c’est un peuple qui par son homogénéité la constituait déjà. La réponse est simple : c’est le racisme international de mes petits êtres charmants qui habitent ma terre, leur faiblesse, leur inconséquence, leur cruauté qui ont condamné le peuple d’Israël à l’agrégation sédentaire. Au cours des siècles et jusqu’à peu, le peuple juif s’est distingué par son courage et sa vivacité, sans se fondre dans ceux qu’il côtoyait, puisque les femmes seules transmettaient la race.
La jalousie, la recherche du bouc émissaire, la loi du nombre, la bêtise, ont commis le reste et pour qu’il n’y ait plus de Shoah, il a fallu l’installer en la Terre Promise.
Un de mes philosophes, Jacques Derrida qui était attaché de façon égale à ces deux peuples, estimait que la fondation d’Israël était nécessaire mais avait posé problème et que les politiques qui avaient suivi, n’avaient pas tenu compte de ce passif. Il écrivit cela bien avant la politique de colonisation poussée du gouvernement juif actuel.
La politique de l’espoir, ce fut celle des accords d’Oslo qui accordaient les deux parties sur l’existence de deux états. L’un des signataires en est mort, l’autre n’a pas pu ou su se donner une descendance capable de porter le projet immense qui aplanissait les erreurs de la conception et de la gestion d’un état là où il en existait déjà un.
Autant par son caractère purement religieux, le massacre français de la Saint Barthélémy était écrit d’avance, autant celui du 7 octobre 2023 aurait pu être évité.
Car Dieu n’était pas seul en lice. Mais bien les conditions d’existence et les projets d’avenir du peuple palestinien, ignorés, foulés, refoulés par des extrémistes juifs à la vue aussi courte que celle qu’ils portent aux livres sacrés. Ce n’est pas l’érection d’une barrière plus solide qui aurait changé la donne, mais une politique moins bornée, des gestes plus sérieux entre les gens de bonne volonté. Et pas des comportements jusqu’au-boutistes d’ultra persuadés d’être des courroies de transmissions divines alors qu’ils ne sont que des prédateurs, des grands égoïstes qui s’accaparent des terres qu’ils fertilisent avec ce qu’ils croient être de l’engrais mais s’avérera de la poudre.
Quant à demander au Hamas de reconsidérer sa négation de l’état d’Israël, il n’en a pas pris le chemin. Mais cette posture terroriste de nier un état de dix millions d’habitants est aussi irréaliste que celle de s’opposer à la création de deux états.
Le premier ministre d’Israël a une énorme épine dans son pied de granit. Il est justiciable et a dû s’allier aux extrémistes religieux pour gouverner et tenter de réformer à son avantage la Cour de Justice. Les ultra-orthodoxes lui ont cédé sur ce point mais en contrepartie en ont profité pour coloniser la Cisjordanie et utiliser l’armée pour les protéger. Des responsables politiques de l’opposition avaient averti le gouvernement de sa nouvelle faiblesse résultant du refus des réservistes à servir l’armée et des énormes manifestations opposées à sa politique.
Si ce gouvernement n’avait pas entendu l’avertissement, le Hamas lui l’avait bien assimilé. Il en a profité pour pouvoir commettre un crime contre l’humanité dont il devra répondre devant Dieu et les hommes.
« Le dirigeant ne peut se fonder sur ce qu’il voit en temps de paix pour gouverner » dixit Machiavel. La politique israélienne était aveugle à la révolte de Gaza car elle croyait l’avoir achetée à moindre frais avec les subsides qu’elle lui allouait, l’empêchant de mourir mais pas de préparer sa terrible vengeance.
L’Occident a réagi avec vigueur contre le crime du Hamas, mais beaucoup moins contre le siège total et les bombardements massifs de Gaza. On peut y voir deux poids et deux mesures qui ne vont pas faciliter la résolution du conflit. Si l’infame crime du Hamas a été l’arme du faible qui s’attaque aux êtres sans défense, la réponse du fort n’aurait pas dû être du même ordre. Mais la politique d’Israël est depuis longtemps celle d’une réponse disproportionnée pour décourager de futures agressions. Au vu des événements actuels, cela ne semble pas très bien marché. C’est peut-être le moment de se poser des questions, d’envisager un changement de paradigme. Et si l’origine du bombardement de l’hôpital Al-Ahli qui aurait fait 400 morts est encore inconnue – il faut savoir qu’Israël avait donné un ordre d’évacuation irréalisable et qu’en l’an 2014 il a déjà bombardé un hôpital avec pour résultat cinq morts et des nombreux blessés – il est à souhaiter que ce ne soit pas Tsahal qui en soit l’auteur car ce crime dépasse les frontières de la raison, et rabaisse son auteur au niveau de l’armée russe qui se prive rarement d’une telle publicité.
Quand on songe aux familles palestiniennes qui vivent entassées sur un territoire minuscule, recevoir des ordres d’évacuation sans savoir où aller, des familles se réveiller dans le fracas absolu d’une bombe, voir autour de soi ce qui reste des murs maculés de la chair de ses enfants, être amputé de ses membres et se vider de son sang sans pouvoir recevoir de secours, on peut se demander ce qu’il reste d’humanité à l’armée d’Israël.
Pour éradiquer le Hamas, ce ne sont pas les bombes qu’il faut larguer sur Gaza, mais bien l’illusion qu’une liquidation d’une partie d’un peuple peut supprimer la haine des survivants.
Chaque Palestinien se sent plus proche du Hamas à chaque carnage qu’il subit.
La colère d’Israël est juste, mais elle devrait plutôt se tourner contre le gouvernement et son élite militaire qui n’ont pas su apprécier la dangerosité du Hamas que leur intransigeance et leur aveuglement ont poussé au rang de gouvernant.
L’Occident a tendance à privilégier les démocraties sur les pays qui ne la pratique pas, mais là les deux partis en guerre ont été élus. La démocratie est la décision du plus grand nombre et pas nécessairement la meilleure. Elle engage plus l’âme de tout un pays que celle d’un dictateur. Chaque citoyen d’Israël et de Palestine qui élisent leurs représentants doit comprendre qu’il est in fine responsable des actes de son gouvernement.
Qui donc aura le courage de tendre la main à l’autre ? Cela semble encore impossible aujourd’hui, mais y a-t-il une autre solution ? De combien d’égorgements, de combien de trahisons, de combien de meurtres mes petits êtres charmants saliront-ils encore cette Terre Sainte, avant que la sagesse ne s’impose à leur fanatisme ?
Ces événements depuis le 7 octobre 2023 sont insoutenables et la seule façon de les regarder c’est de se dire qu’ils sont si inacceptables qu’ils vont faire bouger des deux côtés d’un iota les esprits les plus irréductibles, les plus intransigeants, les plus obtus, vers plus de bienveillance.
Ma chère Aurore, ce soir, je pleure de toutes mes cascades qui sont devenues des torrents de larmes, je pleure de toutes les eaux de mes rivières qui ont le goût du sang, je pleure du flot roulant de mes fleuves qui vont se noyer dans un océan de chagrin.
Je suis si triste.
Je t’enlace.
Ta Gaïa