Yan Rutili, l’auteur des vidéos publiées sur les réseaux sociaux mettant en cause des élus et des promoteurs de Moselle, doit répondre de plusieurs délits. Mais il s’agit de l’arbre qui cache la forêt.
L’affaire des ThionviLeaks dont nous avons parlé dans notre article du 4 juin 2023, connaît des prolongements dans les prétoires. Car certains élus et promoteurs cités dans une série de vidéos publiées sur les réseaux sociaux par Yan Rutili, n’ont pas apprécié d’être mis en cause publiquement dans des affaires où il y est question de favoritisme, de marchés truqués et autres tricheries qui, depuis des années, alimentent les rumeurs en Moselle.
19, 20 juin et 3 juillet
Poursuivi pour diffamation, atteinte à la vie privée et au droit à l’image, Yan Rutili, qui se présente comme ‘’un citoyen engagé’’ devait être jugé le 5 juin au tribunal judiciaire de Thionville. Mais l’audience a été reportée au 3 juillet 2023.
D’ici-là, le vidéaste thionvillois devra se présenter le 19 juin, à 14 heures, devant la même juridiction. Il est toujours poursuivi pour atteinte à la vie privée et au droit à l’image mais cette fois-ci par Véronique Schmit, adjointe au maire de Thionville. Elle apparaît en effet dans une vidéo tournée lors du fameux voyage à Marrakech. Ce voyage au cours duquel le promoteur mosellan Stéphane Noël a fêté son cinquantième anniversaire entouré d’une centaine d’amis, dont des élus de Thionville et de Metz avec lesquels il est en affaires. Véronique Schmit réclame 10.000 € de dommages et intérêts. Elle n’a pas demandé la protection fonctionnelle qui permet à certains élus et fonctionnaires d’ester en justice aux frais du contribuable.
En revanche, l’adjoint à l’urbanisme de Thionville, Roger Schreiber, a obtenu, lui, la protection fonctionnelle. Il a déposé plainte pour diffamation, en tant que président du syndicat mixte des transports. Il était épinglé par Yan Rutili dans une vidéo postée en mars 2021 sur Facebook puis en 2023 sur YouTube. Elle a fait le buzz. Pour cela, Yan Rutili comparaîtra le 20 juin 2023 devant la 17ᵉ chambre du Tribunal judiciaire de Paris, spécialisée dans des délits de presse et non pas à Thionville.
Plusieurs plaintes
Reste le fond de l’affaire. C’est-à-dire la fraude liée aux relations malsaines entre élus et bétonneurs au détriment, le plus souvent, des contribuables. Comme nous l’avons écrit dans notre article du 4 juin, voilà plusieurs années que des rumeurs circulent en Moselle sur l’attribution des marchés publics, que des faveurs sont accordées aux »amis » de certains élus, quand d’autres ne sont jamais consultés ou retenus pour réaliser des opérations immobilières.
Plusieurs plaintes ont été déposées à Thionville et à Metz. Sans que quiconque, jusqu’ici, ne soit inquiété. Pourtant, deux enquêtes risquent bien de faire bouger les choses. Il s’agit de la plainte déposée par A-C ! anticorruption au parquet national financier (PNF) le 12 avril 2023 pour « escroquerie, abus de confiance et prise illégale d’intérêts ». Et de l’enquête menée par la section anti-blanchiment du service de police judiciaire de Luxembourg. Selon plusieurs ‘’témoins’’ interrogés, les enquêteurs s’intéressent de près à plusieurs personnes, au Luxembourg et en Moselle, impliquées dans de grosses opérations immobilières et à de gros mouvements de fonds entre la France et le Luxembourg.
Affaire à suivre.