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Sale temps pour les journalistes

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) vient de publier son rapport annuel sur les journalistes et les salariés des médias tués en 2022. Elle recense 68 meurtres et 375 journalistes et employés des médias derrière les barreaux.

Le député ukrainien Petro Porochenko lors d'une conférence de presse (Unlimphotos)
Le député ukrainien Petro Porochenko lors d’une conférence de presse (Unlimphotos)

Ce 32e rapport détaille 68 meurtres de professionnels des médias, y compris des attaques à la bombe ciblées et des incidents mortels dans des tirs croisés. Le rapport recense également 11 décès dus а des accidents et des maladies.
Ce rapport de la Fédération énumère également les noms de 375 journalistes, travailleurs et travailleuses des médias actuellement derrière les barreaux, un nouveau record depuis que la FIJ a commencé à publier sa liste des journalistes emprisonnés à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’Homme, il y a deux ans. La Chine et sa Région Administrative Spéciale de Hong Kong arrivent en tête de liste avec 84 journalistes emprisonnés, devant la Birmanie (64), la Turquie (51), l’Iran (34) et la Biélorussie (33).

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Liberté pour Mortaza (RSF)
Liberté pour Mortaza (RSF)

Mortaza Behboudi emprisonné à Kaboul

Reporters sans frontières (RSF) et 15 rédactions ou sociétés de production françaises avec lesquelles Mortaza Behboudi a collaboré demandent au régime taliban de libérer le reporter franco-afghan emprisonné depuis un mois à Kaboul.
« Nous avons conservé le silence pendant 30 jours sur la détention du journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi, dans une prison de Kaboul en Afghanistan, explique Reporter Sans Frontières. Un mois après son arrestation, le 7 janvier dans la capitale afghane, nous rendons aujourd’hui l’information publique, en espérant qu’il sera libéré au plus vite et pourra rentrer en France. Depuis un mois, nous avons fait tout notre possible, à de divers titres, afin d’obtenir sa libération. Son incarcération est proprement aberrante. »

Réfugié en France

Mortaza Behboudi a commencé sa carrière comme photoreporter à l’âge de 16 ans dans son pays natal. Réfugié en France du fait de menaces, il est accueilli à la Maison des journalistes à Paris. Il a alors 21 ans. Avec des confrères exilés, il crée le site d’information Guiti News. Très vite, il collabore avec de nombreux médias français et francophones : France Télévisions, TV5 Monde, Arte, Radio France, Mediapart, Libération, La Croix notamment. Il est coauteur de la série de reportages À travers l’Afghanistan, sous les talibans, publiée sur Mediapart et primée en 2022 par le prix Bayeux des correspondants de guerre et le prix Varenne de la presse quotidienne nationale. Il a contribué au reportage Des petites filles afghanes vendues pour survivre, diffusé sur France 2, qui sera également récompensé en 2022 au prix Bayeux.

Son téléphone ne répond plus

Le 5 janvier 2023, Mortaza Behboudi s’est à nouveau rendu en Afghanistan pour un reportage. À peine 48 heures plus tard, il est arrêté alors qu’il s’apprêtait à récupérer son accréditation presse. Le 15 janvier, son téléphone portable a appelé le service assistance de RSF. Aucun message n’ayant été laissé, impossible de savoir si c’est lui qui a appelé ou si l’un de ses geôliers a utilisé son téléphone. Depuis, son téléphone ne répond plus. On sait juste qu’après 11 jours de détention dans une prison de Kaboul pour défaut de présentation d’accréditation, il a été transféré dans une autre prison de la capitale et serait sous le coup d’une accusation d’espionnage.
RSF appelle le régime des talibans à mettre un terme à cette situation insensée. Mortaza Behboudi est un journaliste réputé, respecté et apprécié de ses consœurs et confrères. Et espère que son message portera jusqu’à la capitale afghane dans les bureaux des autorités qui ont pris la décision de son arrestation et qui détiennent la clé de sa libération. Des messages ont d’ores et déjà été passés. Un canal de discussions a été ouvert par Reporters sans frontières (RSF) auprès des autorités talibanes.

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