Ce sont deux maladies déroutantes par leurs symptômes non spécifiques. En cause : le SRA, ce système hormonal/physiologique que l’on retrouve partout dans le corps humain.
La maladie de Lyme est une zoonose, une maladie infectieuse transmissible de l’animal à l’être humain, qui peut se déclarer suite à une piqûre de tique infectée par la bactérie Borrelia burgdorferi sensu lato. Cette bactérie provoque la maladie identifiée aux États-Unis, à Lyme, dans le Connecticut, au début des années 1970. En 2019, le réseau Sentinelles a répertorié 50 133 cas en France métropolitaine, principalement dans le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté, l’Auvergne, Rhône-Alpes et la Nouvelle Aquitaine.
Des symptômes multiples
La maladie de Lyme est souvent difficile à diagnostiquer, car elle peut toucher différents organes et provoquer aussi bien des douleurs articulaires et musculaires que des troubles neurologiques, mais aussi des troubles de la vue et du sommeil, des atteintes cutanées, des troubles auditifs, des troubles cardio-vasculaires, une fatigue chronique, de la fièvre, de la toux, des pathologies inflammatoires (telles que myocardites, péricardites, uvéites, conjonctivites), des troubles digestifs, etc. Au total, plus de 70 symptômes sont associés à la maladie de Lyme.
C’est sensiblement le même tableau clinique de la Covid-19 : fièvre, toux, fatigue, perte de l’odorat ou du goût, douleurs musculaires et articulaires, difficultés de respirer, problèmes cardio-vasculaires, douleurs dans la poitrine, atteintes cutanées, déficience immunitaire, photophobie, etc.
Partout dans le corps humain
Pour Jean-Marc Sabatier*, les deux maladies, celles de Lyme et la Covid-19, affectent le fonctionnement du système rénine-angiotensine (SRA). « Le système rénine-angiotensine est un système hormonal/physiologique ‘’clef ’’ explique-t-il, que l’on retrouve partout dans le corps humain, dont les poumons, les reins, les intestins, le cœur, le cerveau, la rate, le pancréas, les glandes surrénales, la peau, les organes reproducteurs, les vaisseaux sanguins, ainsi que les cellules du système immunitaire « inné » (monocytes circulants, macrophages, cellules dendritiques, granulocytes, mastocytes, cellules Natural Killer). Le SRA contrôle les fonctions rénales, pulmonaires et cardio-vasculaires, ainsi que l’immunité « innée » (réponse non spécifique « immédiate » aux agents pathogènes) et les divers microbiotes, dont le microbiote intestinal.
Qu’est-ce que cela nous apprend ?
La maladie de Lyme est associée à un dysfonctionnement du SRA induit par les bactéries Borrelia. Et pourrait être potentiellement traitée, parallèlement aux antibiotiques, par des inhibiteurs du SRA (inhibiteurs du récepteur ECA, les antagonistes du récepteur AT1R (sartans), la dexaméthasone, la thymoquinone, la vitamine D et les métabolites de l’angiotensine impliqués dans la régulation négative du SRA, etc).
Le SARS-CoV-2, les bactéries Borrelia ainsi que le coronavirus de la PIF du chat ont en commun le dysfonctionnement de ce système ubiquitaire, présent dans les divers organes et tissus de l’organisme des mammifères.
*Jean-Marc Sabatier est directeur de recherches au CNRS et docteur en Biologie Cellulaire et Microbiologie, HDR en Biochimie. Éditeur-en-Chef des revues scientifiques internationales : « Coronaviruses » et « Infectious Disorders – Drug Targets ». Il s’exprime ici en son nom propre.